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« Golden Shield », la censure chinoise en street-art

L’artiste Combo s’expose dans les rues de Hong-Kong pour dénoncer la censure Internet chinoise. Un lieu de prédilection pour cet expert du détournement d’image, qui s’attaque à certaines réalités politiques du pays.

« Golden Shield » ou l’art de la censure

C’est en Chine continentale que s’exerce le programme « Golden Shield » – en français, « Bouclier d’Or » – appliquant des lois sur la censure d’Internet. Voté par l’Assemblée Nationale de la République Populaire de Chine, il empêche l’accès à certains sites web occidentaux. La politique rend compte également d’un Google restreint à la version hongkongaise qui n’obéit pas aux mêmes restrictions de liberté, mais qui se substitue au Google.cn, fermé depuis mars 2010.

Le travail artistique de Combo, s’inscrit dans la continuité de ses précédentes actions. Après avoir investi les décombres de Tchernobyl en y confrontant le regard de la société occidentale sur le nucléaire, l’artiste s’appuie une nouvelle fois sur la quête d’une vérité, d’une dénonciation. « Golden Shield » rassemble ainsi sept affiches collées dans les rues de Hong-Kong.

Lucky Cat Fuck

Lucky Cat Fuck – Hong-Kong © DR / Combo

Tibet Independance Movement - Hong-Kong © DR / Combo

Tibet Independance Movement – Hong-Kong © DR / Combo

Dragon Burn Google – Hong-Kong © DR / Combo

La plupart sont des copies d’écran du célèbre moteur de recherche, qui a fait polémique en 2010. Mais toujours avec un regard subjectif et dénonciateur, qui évoque la perte de la liberté d’expression. Pour exemple, le collage Dragon Burn Google renvoie à l’épisode de fermeture du site en Chine. Le tout ironisé par Mushu, le célèbre dragon Disney vu dans le dessin animé Mulan. Combo nous explique le choix de sa motivation, qui l’a mené jusqu’à Hong-Kong pour réaliser « Golden Shield » :

Quand l’information ne circule plus, même sur le dernier media libre qu’est internet, il ne reste plus qu’une unique manière de faire passer un message. C’est la rue.

La rue comme lieu d’expression

Connu pour ses collages qui occupent les murs de Paris, de Kiev (Ukraine) ou plus récemment ceux de Tchernobyl, Combo  a.k.a  Culture Kidnapper a fait de la rue son terrain de jeu favori. Il s’approprie les photos de personnalités qui marquent notre époque et l’actualité, et les juxtapose d’images tirées de la consommation de masse : cartoons, films, mangas, … Combo kidnappe les symboles forts de la société, pour dérober et retenir le regard du promeneur citadin.

Combo joue sur les contrastes entre lieu et images fortes. Ici, à Tchernobyl © DR / Combo

Pour Pierre Malachin, auteur de la préface de l’artiste sur son site web, la rue entretient un rôle important avec la démarche artistique de Combo :

Le Street Art a à voir avec la culture de masse, celle de nos icônes contemporaines issues des industries culturelles que sont Disney ou Nintendo que les street artistes ingèrent et digèrent pour mieux en saisir le potentiel politique subversif et ainsi délivrer au regard du monde un message fort et offensif par le détournement d’images innocentes.

Cette confrontation directe dans l’espace public amène à une réflexion personnelle. Combo n’écrit rien, il suggère seulement au biais de l’image. Quitte à frôler la provocation. Toute sa force réside dans son talent pour conduire l’esprit du spectateur vers une démarche de critique politique, culturelle ou sociale. « Golden Shield » est en tout cas une belle réussite, pour cet artiste-citoyen qui s’engage dans la défense de la liberté d’expression.

www.combo-streetart.com

Maxime Gasnier

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