Hier, dimanche 22 juin, la Grotte Chauvet a été inscrite, à l’unanimité, au patrimoine mondial de l’Unesco. Une fierté nationale qui pourrait booster le tourisme dans la région.
Située en Ardèche (sud de la France) et découverte en décembre 1994, cette cavité datant de l’ère paléolithique est ornée des plus anciennes peintures rupestres connues à ce jour. Des dessins magnifiques réalisés il y a 36 000 ans par des Aurignaciens de talent.
Un bijou d’une grande richesse artistique
Cachée 25 mètres sous terre, sur un plateau calcaire, et restée fermée pendant près de 23 000 ans, à la suite d’un éboulement de terrain, la Grotte Chauvet est « un témoignage unique et exceptionnellement bien préservé », pour le Comité de l’Unesco qui a voté, hier à Doha (Qatar), son entrée sur la liste du patrimoine mondial. En effet, les peintures qu’on y trouve sont d’une grande qualité artistique (visible dans l’impressionnante maîtrise des couleurs par exemple) permettant d’en apprendre beaucoup sur la faune de l’époque. Et ce grâce à un bestiaire réaliste et riche de 435 représentations, dont 14 espèces d’animaux différentes (ours, rhinocéros laineux, lions, panthères, bisons…). De même, sur le sol de la grotte, demeurent de vraies traces de pattes d’ours et quelques ossements de ces plantigrades. Il faut dire que la Grotte Chauvet constituait, pour eux, un lieu d’hibernation parfait.
Préservation sous haute tension
Parfait comme la conservation de cet endroit fabuleux, où très peu de privilégiés ont eu la chance de pénétrer. Parmi eux, Philippe Lalliot, l’ambassadeur de France auprès de l’Unesco. « Je dois dire que j’en suis sorti littéralement sidéré par ce que j’y avais vu. Cela révolutionne le regard que nous portons sur nos origines », avait-il confié, ému, après avoir visité la Grotte Chauvet. Car, comme l’a souligné le député français de l’Ardèche, Pascal Terrasse, il s’agit sans doute « du premier acte culturel » de l’humanité que « nous avons tous en héritage ». Un legs inestimable qu’il faut donc protéger à tout prix, afin de ne pas reproduire les erreurs commises avec sa petite sœur, la grotte de Lascaux. Mise au jour 54 ans plus tôt que la Grotte Chauvet, celle-ci a été ouverte au public, ce qui a entraîné sa perte puisque le dioxyde de carbone produit par la respiration des visiteurs a fini par la détériorer. Depuis, une dizaine d’années, des répliques de Lascaux ont été ouvertes mais trop tard, le mal était fait. Ainsi, afin d’éviter que la Grotte Chauvet ne subisse le même sort, sa copie conforme sera ouverte dès le printemps 2015. Baptisé « Caverne du Pont-d’Arc », ce projet pharaonique et ambitieux de 3500 mètres carrés réquisitionne les meilleurs dans leur domaine (peintres, sculpteurs, architectes, scénographes). Eux-mêmes aidés par une équipe d’archéologues qui étudient la grotte depuis 15 ans. En somme, c’est un véritable investissement de temps et d’argent mais qui pourrait, à termes, rapporter gros.
Le trésor caché de Chauvet
Être inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco garanti aujourd’hui la conservation de la grotte donc mais permet aussi de valoriser son environnement et son contexte culturel. En somme, de participer à son rayonnement national et international par le biais du tourisme. Ainsi, comme les répliques de Lascaux, qui attirent chaque année 250 000 curieux, l’ouverture de la « Caverne du Pont-d’Arc » devrait donner à l’économie de la région ardéchoise un bon coup d’accélérateur. Un vaste projet de 54 millions d’euros –financé par la région, le département, l’Etat, l’Europe et des fonds privés– qui devrait vite être amorti et suscite déjà la convoitise. En effet, les trois aventuriers (Jean-Marie Chauvet, Christian Hillaire et Eliette Brunel) qui, le 18 décembre 1994, découvrirent la Grotte Chauvet, réclame aujourd’hui leur part du pactole. En juillet 2000, l’Etat s’engageant à veiller « à ce que les inventeurs soient convenablement associés à la valorisation du site et en particulier au futur espace de restitution », les trois spéléologues avait touché trois millions de francs, en signe de dédommagement.Mais « s’il y a du business qui se fait sur la grotte, il n’y a pas de raison qu’on ne soit pas associé », plaide le trio. Qui demande donc un intéressement proportionnel aux entrées de 3 %. Après la liesse, bientôt la controverse ?
Pour en savoir plus sur la Grotte Chavet, regardez ce très bon documentaire de l’émission Des Racines et des Ailes sur France 3 :
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