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Hommage à Claude Bolling | Sériefonia #16

Grand compositeur français de musique de film et jazzman de renom, Claude Bolling nous a quittés la semaine dernière. Sériefonia ne pouvait pas ne pas lui rendre hommage.

[Extrait Sonore « Le Magnifique »]

[« SérieFonia : Season III : Opening Credits » – Jerôme Marie]

[« Les Brigades du Tigre – Valentin (piano bastringue) » – Claude Bolling]

Premier SérieFonia de l’année… Encore une fois en format XXL avec des morceaux proposés dans leur intégralité… Et un nouvel hommage. Après Olivia de Havilland et Ennio Morricone cet été, puis Sean Connery fin octobre, c’est à présent Claude Bolling qui nous a quitté le 29 décembre dernier. Il était, bien sûr, le père musical des Brigades du Tigre… compositeur d’un peu plus d’une centaine de musiques de films et de séries entre 1960 et 2010… producteur et musicien de variétés… et surtout, surtout, jazzman invétéré… Mais c’est pourtant par le biais de la musique Sud-américaine qu’il est entré (un peu par hasard) au sein de l’industrie cinématographique. Collaborateur régulier du chanteur Dario Moreno, il est engagé en qualité de chef d’orchestre sur le film Oh ! Qué mambo de John Berry, mis en musique par Guy Magenta en 1959. Il n’en faut pas plus pour que sa sphère professionnelle s’élargisse et, dès l’année suivante, il se voit proposer de composer la partition de L’homme à femmes, avec Catherine Deneuve et Danielle Darrieux. Mais avant d’aller plus loin, je vous propose d’écouter deux extraits du film de Philipe de Broca, Le Magnifique. Nous sommes en 1973 et Jean-Paul Belmondo y campe le double rôle d’un écrivain parisien et d’un agent secret en pleine mission (plus vraie que nature) au Mexique… Le premier thème est celui de Tatiana, interprétée par Jacqueline Bisset. Et… le titre du second parle de lui-même : « Concerto pour Piano, Tueurs et Orchestre ».      

[« Le Magnifique – Tatiana (glamourous) » – Claude Bolling]

[« Le Magnifique – Concerto pour Piano, Tueurs et Orchestre (film version) » – Claude Bolling]

Claude Bolling est né à Cannes le 10 avril 1930. Et, dès son plus jeune âge, il se passionne pour les disques 78 tours que ses parents jouent religieusement sur le phonographe à manivelle du salon familial. Il tombe amoureux du jazz, essentiellement, mais commence néanmoins par un apprentissage fort classique du piano. D’abord au conservatoire de Nice. Puis à Paris. Encore jeune adolescent, il convainc son père de le laisser participer au concours du Hot Club de France organisé à la salle Pleyel… Une expérience des plus enrichissante. Au point qu’il y remporte, dès l’année suivante, le premier prix des pianistes tandis que ses concurrents sont tous des adultes ! Un petit prodige… que le tout Paris, puis le reste du Monde, ne tarde pas à s’arracher. A seulement 14 ans, il est engagé par le jazzman américain Lionel Hampton (surnommé Le Lion) pour l’accompagner durant ses concerts. Puis viennent Roy Eldridge et Kenny Clarke. Après quelques années passées ainsi de rencontres en rencontres, il fonde son propre orchestre, le Claude Bolling Big Band en 1956 et enregistre les plus grands titres de légendes telles que Duke Ellington et Django Reinhart. Puis, en 1960, il monte le groupe yéyé Les Parisiennes en réunissant quatre danseuses qu’il fait chanter sur des chorégraphies de Roland Petit. Il collabore également avec Dario Moreno, donc, mais aussi avec Boris Vian, Sacha Distel, Juliette Greco… et même Brigitte Bardot… Tout un pan de la Variété française qui allait, fatalement, le rapprocher de plus en plus du milieu du cinéma. D’ailleurs, voici venir quelques morceaux écrit avec Alain Delon dans l’objectif. Alors, oui je sais, vous attendez tous Borsalino… Mais juste un peu de patience… Faisons tout d’abord un petit détour par Le Gitan, en 1975 et 3 Hommes à abattre en 1980.    

[« Le Gitan – O Sinto » – Lick Dubois (arrangements de Claude Bolling)]

[« 3 Hommes à abattre – 3 Hommes à abattre » – Claude Bolling]

Le premier extrait s’intitule « O Sinto » et Claude Bolling en partage la parenté avec Lick Dubois, spécialiste de la musique tzigane et fondateur du groupe Zingaria. Quant au second, il s’agit tout simplement du thème-titre « 3 Hommes à abattre ». Avec Delon, Claude Bolling a également composé pour Flic Story en 1975… Mais c’est bien sûr Borsalino, qui réunissait Delon et Belmondo devant la caméra de Jacques Deray en 1970, qui reste gravé au panthéon du musicien. Un succès qui engendrera une suite quatre ans plus tard sous le titre Borsalino and Co. ; à laquelle réalisateur et compositeur resteront fidèles. En voici les deux thèmes principaux… L’occasion de voir, ou plutôt d’entendre que Les Brigades du Tigre ne sont déjà plus très loin…

[« Borsalino – Générique début » – Claude Bolling]

[« Borsalino and Co – Thème instrumental » – Claude Bolling]

Juste après Borsalino… en 1971 exactement… Claude Bolling dégaine le premier face au plus belge des cowboys américains : Lucky Luke. Le long-métrage d’animation est directement réalisé par René Goscinny et Morris et l’envie d’écrire de la musique pour leur œuvre commune ne date pas d’hier pour le compositeur… La légende dit même qu’en découvrant les albums de bandes dessinées quelques temps plus tôt, le musicien aurait dit à sa femme, Irène Dervize-Sadyker : « J’ignore si on tournera un jour un film de cette BD mais, en tout cas, je sens déjà la musique comme si j’y étais » ! Comme il n’y a pas de hasard, et étant journaliste de profession, c’est elle qui est amenée à rencontrer Goscinny durant la préproduction de Daisy Town… Fan inconditionnel de Jolly Jumper et de ses remarques ironiques : Claude Bolling ne tarde pas, en toute logique, à rejoindre l’équipe… qu’il retrouve également en 1978 pour La ballade des Dalton.

[« Daisy Town – Daisy Town Theme » – Claude Bolling]

[« La ballade des Dalton – Lucky Luke Theme » – Claude Bolling]

Vous venez d’entendre le thème de Daisy Town (la ville elle-même hein, pas le générique du film), suivi de celui de Lucky Luke dans La ballade des Dalton. Et je dois avouer qu’ils restent comme faisant parti de mes préférés toute décennies Bolling confondues ! Et en parlant de choix de cœur, que diriez-vous d’une petite transition vers le fantastique ? En 1980, Mike Newell (le réalisateur de 4 mariages et un enterrement, Harry Potter et la coupe de feu et de certains des meilleurs épisodes des Aventures du jeune Indiana Jones) mettait en scène une enivrante histoire de malédiction égyptienne, avec Charlton Heston et Susannah York. Le film s’appelle La malédiction de la vallée des rois (The Awakening en VO dans le texte) et, pour l’occasion, Claude Bolling se laissait totalement aller au genre… et grand bien lui en prenait.

[« The Awakening – Heroglyphics » – Claude Bolling]

On en arrive au gros morceau. A l’incontournable. Mais vous allez voir que, même là, je ne suis pas forcément allé dans le sens de l’évidence… Quoi que… Entre le 21 décembre 1974 et le 11 novembre 1983 : quelques 36 aventures des Brigades du Tigre se succèdent, d’abord sur la deuxième chaîne de l’ORTF puis sur Antenne 2. Divisée en deux époques (l’avant Première Guerre Mondiale pour les saisons 1 à 4, puis l’entre-deux-guerres pour les saisons 5 et 6 sous le titre des Nouvelles Brigades du Tigre), la série s’inspire d’un fait bien réel : la création d’une brigade de police motorisée, spécialement mise en place par « le Tigre » George Clemenceau ; alors ministre de l’intérieur. A la tête de cette Brigade : les, pour le coup fictifs et dont on ne sait pour ainsi dire rien, Commissaire Valentin et Inspecteurs Terrasson et Pujol enquêtent sur des faits de société toujours plus variés mais aux problématiques politiques et sociales bien encrées dans leur propre modernité. Un véritable pilier de la fiction française… qui a même eu droit à son remake ciné en 2006… qui a naturellement donné lieu à l’un des plus mythique générique télé, « la complainte des apaches » chanté par Philippe Clay, et que… vous n’entendrez pas ici. Je sais, c’est vache. Mais c’est comme ça. Non, j’ai préféré vous concocter un petit enchainement de trois titres aussi différents que symboliques. Tout d’abord : « Poursuite automobiles ». Car ça ne manque pas dans Les Brigades du Tigre ! Et que le morceau pouvait être régulièrement réutilisé au gré des épisodes. Ensuite : encore un choix de cœur… tiré de l’épisode de la saison 5 « Le vampire des Karpates ». Alors, non, pas question de sombrer tout à coup dans le Fantastique… Mais plutôt dans l’Histoire-même du cinéma. Nous sommes en 1929 et les films parlants commencent à transformer l’industrie. Un comédien du muet, habitué des rôles de vampires, est retrouvé mort… Un suicide semble-t-il… Mais alors que des meurtres mystérieux de succèdent, l’enquête prend de plus en plus de… mordant. Et pour finir, en guise de vrai-faux générique pas chanté, le thème de Valentin dans sa version 1909. Un magnifique voyage vers le passé.       

[« Les Brigades du Tigre – Poursuite automobiles » – Claude Bolling]

[« Les Brigades du Tigre – Les Vampires des Carpates » – Claude Bolling]

[« Les Brigades du Tigre – Valentin 1909 » – Claude Bolling]

Pour la télévision, Claude Bollling a aussi œuvré sur les séries Dossiers : Danger immédiat et L’étrange monsieur Duvallier ; de même que sur les téléfilms Au bon beurre, La vie devant soi ou encore Le romancier Martin. Au ciné, j’aurais pu également vous parler de Vous ne l’emporterez pas au Paradis, de L’homme en colère, du Léopard ou de La Gitane… et bien d’autres. Mais comme Claude Bolling restait avant tout un jazzman plutôt qu’un « seul » compositeur de musique de film, c’est sur l’une de ses créations hors images que je préfère refermer le présent hommage. En 1973, il combinait jazz et musique classique à travers son Concerto for Flute and Jazz Piano Trio ; à savoir une pièce en sept parties pour flûte traversière, piano, contrebasse et batterie. En voici le troisième mouvement, « Javanaise », qui me paraît bien représenter toute l’étendue de ses divers talents et principales inspirations… Je vous quitte là-dessus… En préférant ne pas vous souhaiter une bonne année 2021. Allez, une meilleure à la rigueur. Et, de préférence, avec le moins « d’hommages à rendre » possible…

[« Suite for flute and jazz piano trio » – Claude Bolling]

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