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Interview – Ryan Philippe : « C’est une expérience très solitaire d’être sniper »

A l’occasion du lancement de la série Shooter sur 13èmeRue, nous avons pu discuter avec son héros incarné par Ryan Philippe.

C’est quoi Shooter ? Bob Lee Swagger (Ryan Philippe), un ancien tireur d’élite au sein des Marines, reprend du service pour déjouer une tentative d’assassinat à l’encontre du président des États-Unis. Mais lorsqu’il se retrouve accusé du crime, il va devoir se servir de tout ce qu’il a appris au cours de sa carrière pour retrouver les vrais coupables et faire payer ceux qui l’ont piégé.

Pour faire un bon remake, on a besoin de différences et de points communs à l’original. A quel point la série Shooter est-elle différente du film ?

Ryan Philippe : Oh, c’est très différent. Et c’est ça, le truc : nous ne voulions vraiment pas faire un remake, nous voulions réinventer l’histoire de Bob Lee Swagger. Il existe huit livres sur le personnage, et c’est sur le premier, Point of impact, qu’est basé le film Shooter, ainsi que notre première saison. Mais au départ, le fait que Bob Lee ait une femme et un enfant, c’est complètement différent du film, et ça arrive plus tard dans le livre. Mais dans le film, il n’a pas de femme ou d’enfant. Par ailleurs, à la fin du premier épisode, Bob Lee est arrêté et jeté en prison, ce qui n’arrive jamais dans le film. Nous voulions que les gens comprennent dès le pilote que même si le livre ou le film leur étaient familiers, nous allions les surprendre, tout au long de la saison.

Bob Lee est un des meilleurs snipers. Qu’est-ce que son travail nous dit de sa personnalité, en tant qu’homme ?

Ryan Philippe : Quand vous êtes sniper, c’est une expérience très solitaire, la plupart du temps. Cela demande une concentration phénoménale, et ça peut être très méditatif – zen d’une certaine façon. Parce que le contrôle de la respiration, le fait de devoir se fermer à son environnement, faire de l’arme une partie de son corps… Il y a quelque chose de très intime dans le fait d’être un sniper et de travailler avec une arme de longue portée. Un  sniper est parfois déployé dans une zone et doit rester immobile pendant 48 heures, au même endroit ; ça veut dire que quoi qu’il se passe, il ne peut pas bouger. Ça demande une certaine dose de force, de détermination et de puissance qui, je pense, traduisent quelque chose. Un type qui peut faire ça, c’est un type à qui vous n’avez pas envie de chercher des crosses dans la vie. Parce que c’est un type qui ne se contente pas d’être fort physiquement.

Quand nous avons vu le premier épisode de Shooter, il était impossible de ne pas penser à l’assassinat de JFK. Et le flic qui est là pour tuer votre personnage m’a fait penser à Tipitt, qui était censé tuer Oswald. Comment expliquez-vous que le spectre de cet évènement historique soit encore présent aujourd’hui aux Etats-Unis ?

Ryan Philippe : Vous savez, je pense que dans ce que nous savons de cette histoire, il y a des éléments du film JFK, ce qui s’est réellement passé – il y a tous ces aspects. Et il y a eu d’autres histoires de conspirations visant à assassiner des présidents, dans le passé… Je crois qu’il y a une forte intensité dramatique. Ça aide les auteurs à créer cet espèce de thriller, parce qu’on parle de quelque chose qui aurait un écho mondial, ce serait un évènement tellement fou… Mais on est clairement dans la fiction, on s’appuie sur un roman. Je ne sais pas à quoi pensait l’auteur, Stephen Hunter, quand il a écrit le premier livre, mais c’est sa génération. Ça l’a donc probablement influencé, mais je ne pense pas que, dans cette version, nous l’ayons autant été. Ce que je veux dire, c’est que l’auteur était enfant lorsque Kennedy a été tué, et ça a probablement affecté son écriture, mais pas notre série.

Comment définiriez-vous Shooter ? Parce que c’est un drame politique, un film d’action, une histoire qui s’apparente à celle du Fugitif…

Ryan Philippe : J’appelle ça un thriller d’action conspirationniste. Je pense que ce sont les principaux éléments pour la classer dans un genre. Je ne pense pas que la série soit tellement politique. Ça peut sembler le cas dans le premier épisode mais une fois que Bob Lee est en cavale, tout tourne autour de sa survie et de celle de sa famille. Et traîner devant la justice le mec qui l’a piégé. Le reste de la saison n’a pas grand-chose à voir avec la politique, il s’agit surtout de voir si ce type va pouvoir s’en sortir. Ces histoires m’ont toujours attiré, avec ce genre de rythme. C’est riche sur le plan dramatique, on sait qu’il y a ce compte à rebours, ces différents groupes qui essayent de me tuer – 3 ou 4 factions différentes à un certain moment de la série ! – et c’est très exaltant. Une fois que la série est lancée, ça devient assez fou.

Dans Secrets And Lies, vous êtes accusé de meurtre et vous devez prendre la fuite ; dans Shooter vous êtes accusé de meurtre et vous devez prendre la fuite. Vous êtes un bon coureur ?

Ryan Philippe : Oui, je suis un bon coureur ! (rires) C’est amusant qu’il y ait des similitudes parce que c’est un peu comme si cette série était le fantasme du personnage qui voudrait prendre sa revanche ! Parce que dès le deuxième épisode, Bob Lee commence à traquer ceux qui l’ont piégé et c’est assez vicieux. Vous voyez le guerrier qu’il était sur le champ de bataille revenir à la vie. C’est assez drôle : ce n’est pas un superhéros mais c’est un peu comme l’histoire de ses origines, parce qu’au cours de la saison, il retrouve ses pouvoirs pour survivre, il redevient l’homme dangereux qu’il était.

Quand nous avons parlé de la série et de votre personnage, on se disait qu’on vous voyait comme un éternel adolescent. Avez-vous choisi ce projet pour casser cette image ?

R.P : Non, non. Je ne pense plus comme ça. Je m’en fous. Je fais ce qui m’intéresse, ce qui d’après moi peut plaire au public, je ne pense jamais à l’image que ça va donner de moi. Et puis je fais beaucoup de choses en dehors de mon travail d’acteur. J’adore être acteur et je vais continuer, mais j’ai aussi des affaires, je suis père, j’écris, je réalise et je produis des documentaires… donc désormais, quand j’accepte un projet en tant qu’acteur, c’est uniquement parce que je pense que ça va me plaire, et que je peux en tirer quelque chose de sympathique pour le public.  Je ne pense plus du tout à la manière dont les gens me regardent, je ne fais plus cet effort. J’ai 42 ans, ça fait longtemps que je fais ça, et je n’essaie plus de changer les mentalités – si ça a du sens pour vous.

Pour vous, est-ce qu’aujourd’hui, la télévision est plus intéressante que le cinéma ?

R.P. :  En tant qu’acteur, je dois dire que oui. Parce qu’à moins de faire un gros film de superhéros, il n’y a pas beaucoup d’opportunité dans la distribution, on ne fait plus beaucoup de films… Je pense que beaucoup d’acteur vont vers la télévision parce que les œuvres dramatiques y sont aussi bonnes, si n’est meilleures, que ce qu’on voit dans les films. La télévision ne peut pas rivaliser avec les films Marvel, ou Fantastic Beasts ou Harry Potter – c’est impossible. Mais quand on parle de drames, de personnages, de relations, il y a des choses formidables à la télévision.

Au début de cette interview, nous avons parlé de remakes ou de reboots. Quelle est votre opinion sur ces productions ? 

R.P. :   Il y a une phrase célèbre de Shakespeare – que je ne vais pas citer correctement – qui dit qu’il n’y a que quelques histoires à raconter… D’une certaine manière, il n’existe pas de nouvelles histoires. Tout est un reboot ! C’est la manière de le faire qui le rend unique et qui lui donne de l’intérêt. Je ne vois pas ça comme une dérive ou une simple copie. Tout le monde copie ! Tout le monde. Dans la manière dont on s’habille, on copie ; la musique qu’on écoute, on copie… Je ne porte pas un regard négatif. C’est une histoire sympa. Et puis il y a aussi l’idée de raconter à nouveau une bonne histoire aux nouvelles générations.  C’est ce qu’on fait toujours au théâtre : on ressuscite à chaque fois les mêmes pièces, pendant des décennies. Je ne pense pas que ce soit différent. Je crois que souvent, les gens ont tendance à mépriser ce genre de choses mais je ne le comprends pas.

Sur quelle durée peut-on imaginer Shooter à la télévision ? 1, 2, 3, 4, 5 saisons ?

R.P. : Il y a huit livres ; la première saison couvre un livre… Donc, on verra bien ce qui se passe. Mais quand les gens sont fans du film, ils pensent qu’il n’y a rien d’autre. Et non : il y a huit romans sur ce personnage, on a beaucoup de matière première.

Dernière question : quel était votre série télévisée préférée quand vous étiez enfant ou adolescent ?

R.P. : J’adorais Agence tous risques, j’adorais Arnold et Willy. Agence tous risques était ma préférée, j’aimais aussi Shérif fais-moi peur. J’étais très jeune, mais ce sont celles qui se démarquent pour moi.

A lire aussi : notre dossier sur la série Bosch

Traduction par Fanny Lombard Allegra

About author

Rédacteur en chef du pôle séries, animateur de La loi des séries et spécialiste de la fiction française
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