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Irak : les chrétiens de Mossoul condamnés à fuir

Victimes de persécutions religieuses, les chrétiens de Mossoul fuient. Les djihadistes de l’Etat islamique, qui contrôlent la ville, leur ont lancé un ultimatum vendredi 18 juillet. Retour sur ce déferlement de haine dans la deuxième ville d’Irak.

La prise de Mossoul

Le 6 juin, les rebelles islamistes de l’EIIL (Etat Islamique en Irak et au Levant) lancent une offensive sur Mossoul, ville située au nord du pays qui compte 2 millions d’habitants. Après quatre jours de combat, ils parviennent à la conquérir. EIIL est une organisation armée terroriste, ultra-radicale, réputée pour sa brutalité. Elle utilise notamment la crucifixion pour tuer certains de ses opposants en Syrie. EIIL a officiellement pris le nom d’Etat islamique le 29 juin puis a proclamé le rétablissement du califat dans les territoires irakiens et syriens qu’elle contrôle. Le calife de l’Etat islamique se nomme Abou Bakr al-Baghdadi. Plus précisément, un califat est un territoire reconnaissant l’autorité d’un calife, successeur de Mahomet (le prophète de l’Islam) dans l’exercice politique du pouvoir.

EIIL exécute des membres des forces de sécurité irakiennes

EIIL exécute des membres des forces de sécurité irakiennes

L’ultimatum lancé aux chrétiens de Mossoul

Vendredi 18 juillet, les djihadistes de l’Etat islamique ont lancé un ultimatum aux chrétiens de la ville. Ces derniers avaient jusqu’au samedi 19 juillet, à midi, pour se plier à leurs demandes. Un message a été lu dans les mosquées. Il a également été diffusé dans toute la ville via des hauts parleurs utilisés pour l’appel à la prière. Son contenu est très explicite : « Nous leur proposons trois choix : l’islam, la dhimma et, s’ils refusent ces deux choix, il ne reste que le glaive », expliquerait le communiqué de l’Etat islamique. La « dhimma » est un impôt payé par les non-musulmans pour obtenir le droit de pratiquer leur religion. Les chrétiens de Mossoul avaient donc trois solutions : se convertir, payer ou fuir. Sous peine de mourir. Face à ces menaces, la plupart des 35 000 chrétiens de Mossoul ont choisi la dernière solution : la fuite. A pied, ils ont rejoint le Kurdistan, dans le nord du pays. Les chrétiens étaient présents à Mossoul depuis 1600 ans ! Au total, il reste encore environ 400 000 chrétiens dans toute l’Irak. Il y en avait plus d’un million avant 2003. La diversité religieuse dans le pays est menacée.

Les maisons chrétiennes marquées d’une lettre rouge

Pour terroriser les chrétiens, l’Etat islamique a décidé d’inscrire des marques de peinture sur leurs maisons. Le signe rouge correspond à la lettre de l’alphabet arabe correspondant au « N » latin. Il s’agit de l’initial de « Nasarah » (Nazaréen), terme utilisé dans le Coran pour désigner les chrétiens. Un procédé qui rappelle la manière dont étaient marqués les commerces juifs durant la Seconde guerre mondiale. Quant à l’inscription en peinture noire, elle signifie « propriété de l’Etat islamique d’Irak ». De nombreuses maisons, détenues par des chrétiens, ont déjà été saisies par les insurgés.

Une maison chrétienne marquée par les fanatiques de l'Etat islamique

Une maison chrétienne marquée par les fanatiques de l’Etat islamique

Maisons chrétiennes marquées en Irak - commerces juifs marqués pendant la Seconde guerre mondiale : le même procédé

Maisons chrétiennes marquées en Irak – commerces juifs marqués pendant la Seconde guerre mondiale : le même procédé

Les lieux de culte chrétiens attaqués

Les islamistes ciblent également les lieux de culte chrétiens. Le samedi 19 juillet, l’archevêché syriaque catholique de Mossoul, vieux de 1800 ans, a par exemple été incendié. D’après l’association Fraternité en Irak, « Les jihadistes sont entrés (…) furieux parce que les chrétiens de la ville ne s’étaient pas rendus à la réunion à laquelle l’Etat islamique les avait convoqués pour présenter les nouvelles règles du califat. Ils ont enlevé les portraits des évêques et des patriarches se trouvant dans la salle du divan. Puis, ils les ont fait brûler. » En outre, plusieurs lieux de culte chrétiens ancestraux sont occupés par les insurgés. Ils empêchent les membres du clergé de partir avec leurs reliques. L’EI a aussi enlevé deux nonnes et trois orphelins chrétiens le 29 juin, puis les a retenus en otage pendant 15 jours.

Un soldat irakien monte la garde pour protéger une église à Bartala, à quelques kilomètres de Mossoul

Les réfugiés « rackettés »

Avant que les chrétiens ne quittent définitivement la région, les islamistes leur prennent tous leurs biens. Un réfugié témoigne :« »L’Etat islamique a arrêté mes proches à un poste de contrôle alors qu’ils fuyaient et lorsqu’ils se sont rendus compte qu’ils étaient chrétiens, ils ont pris tout ce qu’ils transportaient, y compris leurs portables […] Ils leur ont seulement laissé les vêtements qu’ils avaient sur le dos. » Certaines familles se sont vu voler tout leur argent et leurs bijoux à des points de contrôle d’insurgés alors qu’elles fuyaient la ville. Un véritable racket.

Pour l’ONU, les actes commis en Irak par les terroristes de l’Etat islamique peuvent être considérés comme un « crime contre l’humanité ». Assez peu relayé par les médias, car éclipsé en grande partie par le conflit à Gaza, le sort des chrétiens d’Irak est pour le moins préoccupant !

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