Alors que les élections italiennes pour le poste de 1er ministre se rapprochent, Silvio Berlusconi, candidat Peuple de la Liberté (droite), a affirmé réfléchir au renoncement de Mediaset, qu’il possède depuis 1993. Geste tardif envers la liberté de création ou nouvelle ruse électorale ?
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Le changement, les Italiens l’ont attendu longtemps. Le monde de la culture, pénalisé par la main-mise de l’empire Mediaset (géré par Finninvest, l’entreprise des Berlusconi qui engloutit la moitié du marché publicitaire), a dû attendre bien après le bis-repetita choc de Ricardo Muti pour se relever de ses cendres. Une lueur d’espoir semblerait s’animer avec l’hypothèse du démantèlement de Mediaset.
ET POUR QUELQUES LIRES DE PLUS
Alors qu’il est candidat pour un quatrième mandat à la tête de l’état, comme l’a résumé Marguerite de Rodellec dans son article, Silvio Berlusconi a évoqué ce jeudi 31 Janvier 2013 la possibilité de revendre son empire médiatique. D’un point de vue éthique, se séparer d’une main-mise sur la presse pour endosser le rôle d’un élu peut séduire, et faire gonfler les intentions de vote. Cependant, le plaisir qu’a notre candidat à exhiber ses frasques (aujourd’hui encore avec le Rubygate ou son divorce avec Veronica Lario) nous pousse à questionner l’état même de Mediaset.
Après analyse plus approfondie, force est de constater que l’empire n’est pas en très bon état. Son indice boursier a fait une chute de près de 90% de sa valeur entre 2006 et 2012, qui est allée de pair avec la baisse de popularité de son président. De plus, en avril 2012, Mediaset a renoncé à sa part d’Endemol (oui, Endemol, ce petit jingle qui passait avant la Star Ac’ version TF1). Depuis l’annonce de la candidature de M. Berlusconi aux élections générales, l’indice boursier est cependant remonté de 35% en 3 mois selon Les Echos, signe d’une revente favorable ou pression du marché ?
MILAN, VILLE OUVERTE
Dernier élément de notre analyse, les avantages de l’empire pourraient se retourner contre son maître. En effet, l’affaire Mediaset d’octobre dernier, qui vise principalement Silvio Berlusconi pour ses fraudes fiscales, est actuellement en appel. Contrairement aux demandes du Cavaliere, le jugement final pourrait intervenir avant les élections. Si les condamnations restent les mêmes qu’au 26 octobre, M. Berlusconi encourrait 1 an de prison, 10 ans d’interdiction de la fonction publique et une indemnité d’avance de 10 millions d’euros au fisc italien. D’où l’intérêt de se séparer de l’entreprise qui lui a valu une réputation Mussoliniste. De plus, Mediaset s’apprête à annoncer son premier bilan négatif. Certains analystes défendraient pourtant l’attachement du président à ses 40% de l’entreprise. De plus, de bons scores aux élections pourraient assurer une stabilisation du titre boursier en Italie, alors que Mediaset Espagne s’installe de plus en plus. Autant de scénarios que seuls le temps et les résultats électoraux peuvent prédire. Ou bien une nouvelle bourde Berlusconesque. A pronto, Silvio !
Crédits photos : Reuters/Stringers/Files, Forbes, Mediaset