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Japon : les enjeux de l’ère Reiwa et le nouvel empereur

Pour la première fois depuis 1817, l’empereur japonais a abdiqué et porte désormais le titre d’empereur émérite. En conséquence, son fils, Naruhito est devenu le 126ème empereur du Japon depuis le 1er mai. Cet évènement est une période de festivité pour le Japon. Les japonais ont d’ailleurs pu profiter de 10 jours de congé. Une nouvelle ère s’ouvre ainsi au Japon. Si Naruhito a déclaré qu’elle restera dans la lignée de cette de son père, il devra tout de même imposer sa marque.

Le rôle de l’empereur du Japon

L’empereur Naruhito et sa femme Masako Owada

Pour commencer il est important de rappeler le rôle et l’histoire de l’empereur japonais. L’empereur est le chef d’Etat du Japon. Il a un rôle uniquement symbolique et détient sa fonction du peuple japonais selon la constitution promulguée en 1947 pendant l’occupation.

La tradition présente Naruhito comme venant d’une succession ininterrompue depuis 660 avant JC. La tradition persiste et au cours de la cérémonie de remise des sceaux royaux et des trésors sacrés au nouvel empereur, les femmes de la famille impériales étaient formellement exclues. Seule femme présente, l’unique femme du gouvernement de Shinzo Abe.

Il est le symbole de l’Etat et de l’unité du peuple japonais. S’il n’a aucun rôle dans les décisions du gouvernement, il a le pouvoir d’accréditer le premier ministre et le chef de la cour suprême qui sont nommés respectivement par la diète et le cabinet.

Qui est Naruhito, le nouvel empereur ?

Naruhito est, avec son frère et sa sœur, le premier enfant d’un empereur a avoir été élevé directement par son père et sa mère. En effet, jusque-là, les enfants étaient confiés très tôt à des chambellans du palais et des précepteurs privés.

Il est aussi le premier présomptif du trône à avoir obtenu non seulement un diplôme universitaire mais aussi une maitrise en histoire. Il étudie aussi à Oxford, au Royaume-Uni ou il obtient un doctorat de droit. En parallèle de ses obligations officielles, il parvient à continuer ses recherches notamment en histoire médiévale du Japon et de l’Angleterre.

Le nouvel empereur est aussi actif dans le milieu associatif puisqu’il est président d’honneur de la croix rouge japonaise depuis avril 1994. Il a aussi été président honoraire du troisième forum mondial de l’eau qui s’est tenu au Japon en 2003.

L’ouverture d’une nouvelle ère : l’ère Reiwa

L’annonce du nom de la nouvelle ère

L’ère Reiwa succède à l’ère Heisei. Reiwa amène les notions de paix et d’harmonie mais est deja sujet à débat. En effet, le sens des caractères et notamment du premier à donner lieu à de nombreuses discussion. Pour beaucoup, ce premier caractère évoque l’ordre donné c’est-à-dire une connotation suggérant un commandement ou un contrôle strict. Le ministre des affaires étrangères c’est empressé de rectifier : le sens est celui de « belle harmonie ». L’administration veut coller au plus près de l’explication donnée par le 1er ministre Shinzo Abe.

Et pour justifier, ce sens on peut s’appuyer sur l’origine du choix du caractère. Rei provient d’un poème du Manyoshu qui est la plus ancienne anthologie de poésie japonaise. Rei, ici, est inspiré d’un texte du poète Otomo No Tabito afin de décrire la douceur d’un vent printanier après un hiver vigoureux.

Le processus de sélection du nom de la nouvelle ère est fait de manière minutieuse et très secrète. Un groupe de 9 experts parmi lequel le prix Novel de médecine Shinya Yamanaka mais aussi la romancière Mariko Hayashi ou encore l’ancien président de la cour suprême Itsro Terada se sont retrouvés avec l’empereur pour définir le nom de la nouvelle ère. Ce nom est symbolique de la direction que veut donner le nouvel empereur au Japon. Le nom d’une nouvelle ère doit, depuis 1979, selon la législation avoir un sens positif, être facile à écrire et à lire.

Les enjeux de la nouvelle ère

Pour les 72 ans de la Constitution Japonaise, Shinzo Abe a répété sa volonté de renouveler la Loi fondamentale d’ici à 2020. En effet, celle-ci contraint le Japon à renoncer à la guerre et à la menace ainsi qu’à l’usage de la force comme moyen des conflits internationaux selon l’article 5. L’objectif serait de pouvoir participer à la défense d’un allié menacé.

Les enjeux pour cette nouvelle ère sont principalement internationaux. Entre l’expansionnisme démesuré chinois, mais aussi le désengagement américain et peut-être les missiles nord-coréens, les défis ne manquent pas. On peut aussi mettre en avant, le récent scandale avec l’affaire Carlos Ghosn.

A lire aussi : Carlos Ghosn : Victime d’une « agression judiciaire au Japon »

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