Elu le 13 novembre avec 53,49% des voix contre Hervé Morin, le député-maire de Drancy doit composer avec les cadres du parti qui ne lui sont pas forcément favorables.
Pas facile de succéder à Jean-Louis Borloo. L’UDI voulait à tout prix éviter un scénario semblable à la Guerre des chefs de l’UMP. Les candidats à la présidence de l’Union des démocrates et indépendants (UDI) avaient même signé en juin dernier un « code de bonne conduite ». Par ce texte, ils s’engageaient à « être respectueux de l’UDI et de [leurs] compétiteurs » et à « contribuer (…) au déroulement sain et serein du processus électoral ». Ce n’est pas exactement ce qu’il s’est passé.
Un nouveau président contesté
Le passage au second tour de Jean-Christophe Lagarde il y a deux semaines avait surpris. Le député-maire de 47 ans n’est pas connu en dehors de la Seine-Saint-Denis. Bien vite, l’ex-ministre de la Défense Hervé Morin va l’accuser de clientélisme, s’appuyant sur une enquête du Point sortie le 5 novembre dernier. L’article révèle que la Force européenne démocrate (FED), le mouvement centriste fondé par Jean-Christophe Lagarde en 2012, a enregistré au moins 500 nouvelles adhésions jugées douteuses. Douteuses, car elles ont été comptabilisées rien que dans l’Hérault et se sont faites quelques jours avant le scrutin.
Des soupçons de clientélisme
Autre fait marquant : Drancy, la ville de Jean-Christophe Lagarde, est la première ville UDI de France, avec presque autant d’inscrits (1652 selon Le Scan du Figaro) qu’à Paris (1775). De plus, son département, la Seine-Saint-Denis, représente à lui seul 13% des suffrages exprimés au premier tour de la présidence de l’UDI. Un score à faire pâlir de jalousie ses concurrents. Le directeur de campagne d’Hervé Morin, Jean Dionis, a donné sa version des faits sur son blog le 27 octobre dernier. Il dénonce « un système clientéliste [à Drancy], où l’adhésion à l’UDI fait partie d’échanges divers ».
Une thèse en partie confirmée par l’AFP, qui s’est rendu dans cette ville. Certains habitants ont expliqué aux journalistes qu’ils avaient adhéré à l’UDI et voter pour soutenir leur maire, sans vraiment se sentir concerné par cette élection. Pire, un responsable syndicaliste affirme que cet « engagement politique » aurait permis à certaines personnes de décrocher un emploi.
Indépendance face à l’UMP
Des calomnies, selon Jean-Christophe Lagarde et ses proches, qui renvoient la balle aux autres candidats en brandissant le haut taux de participation dans leurs propres départements. Le nouveau président de l’UDI (à quelques 1300 voix près), estime que sa victoire est basée sur son programme : une indépendance claire du centre vis-à-vis de l’UMP et une candidature à l’élection présidentielle de 2017. Mais avant cela, il faudrait commencer par se faire connaitre, et pas uniquement pour des soupçons de triche électorale.