Il était une figure incontournable de la vie politique et de l’extrême droite en France : Jean-Marie Le Pen est décédé à 96 ans
Après s’être fait hospitalisé pour une suspicion d’accident vasculaire cérébral en février 2022, l’homme politique et écrivain Jean-Marie Le Pen s’est éteint le 7 janvier à l’âge de 96 ans. Une direction vers laquelle le père de Marine Le Pen s’était préparée : « Je n’y pensais jamais, mais depuis que j’ai franchi le cap des 90 ans, je sais que j’ai entamé la dernière ligne droite« .
Jean-Marie Le Pen est mort, a annoncé sa famille à l'#AFP pic.twitter.com/xtEERFlWhZ
— Agence France-Presse (@afpfr) January 7, 2025
Un enfant breton à la carrière militaire
Né le 29 juin 1928 à La Trinité-Sur-Mer (Bretagne), Jean-Marie Le Pen, de son vrai nom Jean Louis Marie Le Pen, est le fils d’un marin pêcheur et d’une couturière fille de paysan. Dès l’âge de 16 ans, ce dernier souhaite s’engager dans les Forces françaises de l’intérieur (FFI). Malheureusement, en raison de sa minorité, il n’y parvient pas de suite.
Il entre alors à la faculté de droit de Paris pour faire sa licence. En tant que président de l’association corporative des étudiants, il se fait remarqué pour son aisance oratoire lors du congrès de « la Grande UNEF ». À côté de cela, il tient la rédaction du journal La Basoche. Un parcours étudiant parsemé de rencontres, en parallèle de son emploi de marin-pêcheur qu’il exerce pour compléter sa bourse, qui le conduira à obtenir son diplôme d’études supérieures en sciences politiques par la suite.
Malgré des brillantes études, Jean-Marie Le Pen hésite alors entre une carrière d’avocat et une carrière militaire. Il choisira finalement de rejoindre l’armée pour lutter contre le nazisme et participera à la guerre d’Indochine en 1954. Durant cette période, il sert en tant que sous-lieutenant parachutiste puis en tant journaliste. C’est durant ces deux ans à l’étranger qu’il fait la rencontre d’Alain Delon, avec qui il se lie d’amitié.
Ses débuts en politique
En 1955, à son retour de la guerre, Jean-Marie Le Pen passe président des Jeunes Indépendants de Paris et délégué général de l’Union de défense de la jeunesse française. Faisant partie de la liste de l’Union et fraternité française (UFF) pour les législatives, il fait alors la connaissance d’autres candidats tels que l’aviateur Pierre Clostermann ou encore l’avocat et politique Vincent de Moro-Giafferri. L’ex-soldat remporte 7,8 % des suffrages mais grâce au système de la proportionnelle il est élu à l’Assemblée comme député de la Seine. Âgé de 27 ans, il est réputé pour être l’un des plus jeunes de l’institution. Par cette nomination, il gravit ensuite les échelons : vice-président du Front National des combattants (FNC) , réélection dans la troisième circonscription de la Seine, membre du Sénat de la Communauté.
Fondation du Front National
Jean-Marie Le Pen est un partisan de l’extrême droite. De par ses idées nationalistes et son parcours politique, il est à l’initiative de la fondation du parti Front Nationale (FN) en 1972. C’est d’ailleurs lui qui en prendre la présidence à ses débuts. L’objectif de départ ? « Avoir une vitrine respectable avec un parti qui se présente aux élections et accepte ainsi le jeu démocratique« . Les débuts sont difficiles puisqu’à la présidentielle de 1974, le créateur du FN obtient seulement 0,7 % des suffrages. Dans la même lignée, six ans plus tard, ce dernier n’arrive pas à réunir les 500 signatures.
Néanmoins, à partir de 1984, la donne va changé. Sa liste obtient 11 % des voix lors des élections européennes. Encore grâce au scrutin proportionnel en 1986, il débarque de nouveau à l’Assemblée Nationale avec cette fois-ci 34 députés FN à ses côtés. Mais cela était sans compter sur les tensions entre lui et son numéro 2, Bruno Mégret, qui causeront une perte de vitesse considérable du parti dans toutes les élections confondues.
2002, son meilleur score à la présidentielle
Alors qu’on le pensait disparu du paysage politique, Jean-Marie Le Pen revient en force en avril 2002 au premier tour de la Présidentielle. Avec 16,86 % des votes, le candidat d’extrême droite se place juste derrière Jacques Chirac. Son retour inattendu ne lui permettra, toutefois, pas de battre le président sortant au deuxième tour.
Au fil des années suivantes, son nom ne lui tire plus profit. Il ne bénéficie d’aucun siège de député durant les législatives de 2002 et n’obtient que 10,58 % des voix à l’élection présidentielle de mai 2007, laissant filer la place de chef de l’exécutif à Nicolas Sarkozy (UMP).
Passage du flambeau à sa fille
Comprenant bien que sa popularité était en chute libre, Jean-Marie Le Pen décide de laisser la présidence du RN à sa fille, Marine Le Pen. Mais l’entente entre les deux vire au cauchemar. Le père ne partage pas l’idéologie et la manière de gérer son mouvement de sa cadette. Cette querelle finira par un conflit judiciaire menant à une exclusion du fondateur de son propre parti en 2015, après qu’il ait qualifier une nouvelle fois les chambres à gaz de « détail de l’histoire de Seconde Guerre mondiale« . On parle d’une période de guerre dans la famille Le Pen.
Si les liens ne se sont jamais « réellement » ressoudés, du moins sur le plan politique, Jean-Marie Le Pen a tout de même exprimé son soutien à sa fille pour l’élection présidentielle de 2022.
Quelques ouvrages de Jean-Marie Le Pen
- Mémoires premier volume : Fils de la nation (2018)
- Mémoires deuxième volume : Tribun du peuple (2019)
- La France est de retour (1985)
- Les Français d’abord (1984)
- L’espoir (1989)