À peine les Jeux olympiques de Rio terminés, que déjà les médailles des JO 2020 à Tokyo font parler d’elles. Celles-ci pourraient être fabriquées à partir de vieux téléphones et autres objets électroniques, dans le but de rendre les Jeux olympiques propres et écologiques.
Le thème de l’écologie est décidément ancré à la cheville des Jeux olympiques. L’édition 2016 était déjà axée sur la préservation de la planète par des gestes responsables, tant dans les cérémonies que dans les différents sites de compétition. Les Jeux de 2020 devraient suivre la même dynamique, mais par un tout autre moyen, à priori plus pragmatique. Le journal anglophone d’information Nikkei Asian Review a ainsi révélé que les organisateurs des JO de Tokyo voudraient réutiliser des millions de smartphones et objets électroniques ne fonctionnant plus, pour produire les médailles olympiques.
Durabilité et viabilité, maîtres-mots de Tokyo 2020
La décision est judicieuse, car un smartphone contient dans ses composants de l’or et de l’argent, certes en d’infimes quantités, mais qui par millions peuvent suffire à la production totale de breloques (974 en ont été distribuées à Rio cet été). Le bronze, alliage de cuivre et d’étain, sera coulé grâce à la présence de ces deux éléments dans les câbles électriques.
Recycler les smartphones est aussi parfaitement corrélé avec le slogan des JO de Tokyo : durabilité et viabilité. La gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike, a ainsi promis que les olympiades dans son pays allaient être des plus propres jamais organisées. Un premier signal a déjà été lancé lors de la cérémonie de clôture des Jeux olympiques de Rio, le samedi 20 août : le Premier ministre japonais Shinzo Abe est ainsi sorti d’un immense tuyau vert, allégorie de l’écologie et du développement durable, pour apparaître à la foule.
Le recyclage recouvre quasiment la production de médailles…
L’intention est louable, et même presque obligatoire au vu de l’enjeu qu’elle représente : le Japon produit près de 650.000 tonnes de déchets électroniques par an. Les transformer en médailles olympiques contribuerait ainsi à doper le recyclage de toute cette ferraille, qui plafonne aujourd’hui à 100.000 tonnes par an.
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Finalement, un petit calcul s’impose pour évaluer le chemin qu’il reste à parcourir pour voir nos smartphones dans les médailles des JO 2020. L’article du Nikkei affirme qu’ont été récupérés en 2014 au Japon 143 kg d’or, 1.556 kg d’argent et 1.112 kg de cuivre (quantité similaire d’étain supposée pour faire du bronze). Chaque médaille des JO de Rio pèse 500 grammes. 307 médailles d’or, pareil d’argent, on en est à 153,5 kg par métal si les quantités de 2014 sont utilisées en totalité.
… mais il reste beaucoup à recycler (plus de 500.000 tonnes par an)
C’est donc presque bon pour l’or, c’est acquis pour l’argent. Pour le bronze aussi, comme il fallait 180 kg de l’alliage à Rio. Cinq nouveaux sports arriveront à Tokyo : supposons qu’il faille deux médailles par sport (une pour le tournoi masculin et une pour le tournoi féminin), on n’atteint guère que 5 kg à produire en plus. L’enjeu écologique dépasse donc le simple cadre olympique ; il n’y aura sans doute pas de matière aussi importante que les JO pour impulser le recyclage des objets électroniques au Japon, nation pionnière dans ces technologies. Plus de 500.000 tonnes de déchets par an attendent ainsi une seconde vie, peut-être moins glorieuse qu’aux JO, mais sans doute moins dangereuse que ces objets déversés dans l’océan.