Emma, Lamia, Julien. 3 noms pour une seule initiative. Ils sont étudiants, passionnés et ont eu une idée : décloisonner le marché de l’art. Le concept ? Incarner une passerelle pour les artistes émergents et démocratiser l’accès aux œuvres. Cette idée porte aujourd’hui un nom : « La Dame de Trèfle ». Récit au cœur d’un nouveau souffle culturel.
Partons d’un constat : l’inaccessibilité du secteur de l’art, pour les jeunes artistes comme pour le public. « La Dame de Trèfle » en a fait un choix pour le moins radical. Incarner une certaine idée de la culture. Une galerie d’art en ligne ? Un label d’artistes ? Un peu de tout ça. « Nous n’avions pas envie d’une galerie d’art uniforme et aseptisée » nous confie Emma. Le résultat est inclassable sans être dénué de sens.
Une galerie vivante.
Le tout-numérique ? Un pari risqué pour ces trois étudiants. « Nous sommes une galerie d’art en ligne, certes, mais nos expositions et événements physiques forment le socle de notre activité ». En effet, « La Dame de Trèfle » organise des vernissages multi-artistiques dans des lieux hors du commun ; parfois éphémères, toujours originaux. En témoigne les expositions annuelles, inspirées et caritatives en partenariat avec l’Edhec de Lille ou encore « Le Jardin de la Dame de Trèfle » en 2018 à Saint-Valery-sur-Somme.
Une direction artistique tout en cohérence. Objectif : la recherche de ces « instants privilégiés pour découvrir une œuvre ou un artiste ». En bref, l’émotion qu’une exposition virtuelle ne peut donner. Si la parenthèse du Coronavirus a mis un frein à cet élan nouveau, l’engouement s’est fait sentir sur les réseaux sociaux même si « la crise sanitaire n’a pas été le moment le plus propice pour acheter de l’art » souligne Emma.
Tremplin cherche jeunes artistes.
Lamia est étudiante en école de commerce après des études de droit. Emma vient d’un cursus mêlant droit et histoire de l’art. Le dernier venu s’appelle Julien, actuellement en école d’ingénieur. Des profils hétéroclites animés par la même envie, celle d’entreprendre et de se confronter à la réalité en parallèle à des études souvent très théoriques. De là est née « La Dame de Trèfle ». Un projet innovant et ambitieux dans le secteur de l’art même s’ils avouent qu’il n’en est qu’à ses débuts : « Nous sommes encore en train de tisser l’identité de La Dame de Trèfle ».
Nous n’avions pas envie d’une galerie d’art uniforme et aseptisée.
Emma, cofondatrice de « La Dame de Trèfle ».
En toile de fond se dessine une autre intention : soutenir les jeunes artistes. « La Dame de Trèfle » se place comme un tremplin pour leur permettre de s’exprimer : photographies, gravures, peintures, dessins ou collages. Tout est recherché, à condition qu’ils transmettent un univers singulier et incarnent une réelle démarche artistique. Le maître-mot ? Éclectisme. Une nécessité pour briser les frontières géographiques, générationnelle et sociologiques.
Briser les frontières.
A l’image de la photographe Clara Marguerat, de Juliette Beyou et de ses collages ou de la plasticienne Zohra Scholtes, « La Dame de Trèfle » revêt cette nouvelle scène artistique qui ne demande qu’à se faire entendre. La première se lance dans un long chemin déconstructiviste à travers un œil critique envers le capitalisme et les classes dominantes que ce système a engendré. La seconde reste en quête de minimalisme, flirte avec le modernisme du XXème siècle, et dévoile une œuvre intime d’une grande sensibilité. Quant à la dernière, Zohra Scholtes livre des compositions pleines de souffrances d’un être face à une société de consommation tant anxiogène qu’étouffante. Elle pourrait se résumer à une simple formule : ce qui part, et ce qui reste. Un vernissage de ces œuvres sera organisé en décembre aux puces de Saint-Ouen. En bref, une galerie hors du commun qui semble s’adapter aux défis d’aujourd’hui dans sa forme et à travers ses artistes.