C’est la hantise des franciliens. Ils le redoutaient tous, mais la nouvelle est officielle et fait désormais polémique. Le « rapport d’étape » commandé par la région d’Ile-de-France a été rendu public la semaine dernière. Il dresse un bilan qui est peu concluant. L’enquête valide l’allongement des temps de trajet des voies sur berges à Paris, et ce, depuis la piétonisation des voies sur berges. De la Concorde à la Bastille, soit plus de 3 km de la rive droite. Les temps de transport des automobilistes ont doublé (augmentation de 135%).
67% des Parisiens espèrent une diminution du nombre de voitures dans leur ville (IFOP, avril 2016)
La méthode et les moyens mis en œuvre sont contre-productifs
Anne Hidalgo a combattu avec fermeté la validation de ce projet qui a été valide par le Conseil de Paris. Soutenue par la gauche et les écologistes, la maire de Paris entendait contester l’avis défavorable de la commission d’enquête et de la droite. Oui, mais voilà, même la région et les maires de banlieue critiquent cette opération et rejoignent cette inquiétude partagée.
Avec 48 000 décès, la pollution de l’air est responsable de 9% de la mortalité en France
Piétonisation : lutter contre la pollution
Les motivations invoquées pour la fermeture des voies sur berges partaient pourtant d’une bonne intention. La Ville de Paris entend lutter contre la pollution. Ce combat est louable et incontestable. Hors les réductions de la pollution de l’air et les nuisances sonores mises en avant par la mairie de la capitale, restent pour l’heure, impossible à établir. Mais la fermeture de cet axe stratégique pour traverser la capitale d’Est en Ouest provoque un tollé général chez les automobilistes.
Les automobilistes pris au piège
Chez les centaines de milliers d’automobilistes, la grogne monte. Ils ont le sentiment d’être pris au piège, de subir ce projet, car ils ont très peu le choix. Adopter les transports en commun constamment bondés ? Cela risque d’être compliqué. Le rapport d’enquête a déploré que la fermeture de cet axe stratégique « « ne soit pas accompagné, voire précédé, par une amélioration significative en qualité […] de l’offre de transport en commun ». La décision de la mairie de Paris a donc une dimension punitive. En bref, l’automobiliste a peu de solution, il est condamné sans fin à l’embouteillage perpétuel.
Une mesure qui a été prise « sans concertation »
Cet allongement du temps de trajet pour les franciliens pénalise les acteurs économiques, ainsi que les fonctionnaires publiques (pompiers et ambulanciers). Les conséquences peuvent donc être dramatiques. Le premier bilan de ce projet de fermeture est donc préoccupant. Pourtant, la réduction d’un réseau routier peut entraîner une baisse globale du volume de circulation. Mais la réalité remet parfois en cause les théories. A Paris, les autres axes sont surchargés.
New York et Londres ont institué un péage à l’entrée de la ville. Pourquoi pas Paris ? Même s’il ne s’agit pas d’une fermeture définitive (expérimentation durant six mois), la méthode et les moyens mis en œuvre sont contre-productifs. Paris étouffe et ne respire plus.
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