Ce pays défraie la chronique sportive ces derniers temps : elle créé sa “Chinese Super League” et achète même des grands joueurs de football. Dans un pays où le sport le plus joué au monde n’est pas roi, la Chine a décidé de réagir dans l’intérêt politique mais aussi économique chinois. Alors entre économie, politique et propagande, quelles sont les vraies intentions chinoises ?
Football et mondialisation
La Chine est sur tout les fronts. Le pays possède déjà une grande puissance sur le devant de la scène internationale. En pleine transition vers une économie de marché, elle a décidé d’utiliser le symbole de la mondialisation : le football. Selon Pierre Lanfranchi, dans son livre Football, cosmopilitisme et nationalisme, le football est avant tout un symbole de modernité et de libre échange. Peser dans ce sport le plus joué au monde, c’est peser sur la scène politique. Le gouvernement chinois va ainsi surfer sur la vague : il va créer 50 000 écoles de football sur 10 ans et même rendre le football obligatoire dans certaines écoles. Comme l’explique Pascal Bonniface : “C’est humiliant pour la Chine, compétitive partout, de ne pas l’être dans le sport universel.”
Se rapprocher des goûts du président Xi Jinping, qui aime le football, c’est aussi s’assurer une place au pouvoir pour certains milliardaires chinois.
Le football, un boost économique
La Chine, première puissance économique mondiale, ne veut pas se faire distancer. Le football est un moyen pour elle de rester en course. Le but : attirer les investisseurs en Chine. Le pays a décidé de multiplier par 25 les droits télé de ce sport. Concrètement, le budget passe de 11,2 millions d’euros en 2015 à 280 millions prévus pour 2018. Ce n’est pas tout ; l’Empire du milieu possède en ce moment la fièvre acheteuse. La Chine est devenue ce que les médias appellent désormais : le Nouvel Eldorado des stars du football. En effet, de grands sportifs comme Gervinho, Ramires, Jackson Martinez ou encore Stéphane Mbia ont été attirés par le club chinois. 203,8 millions d’euros ont donc été dépensés par les clubs chinois, pour attirer les joueurs, contre 31 pour les clubs français par exemple. Le pays se hisse ainsi à la sixième place du marché en terme de transfert derrière les 5 grands championnats européens (Premier League, Liga, Serie A, Bundesliga, et Ligue 1).
L’impact croissant de la télévision, la visibilité des grandes compétitions internationales (Champion’s League, Coupe du Monde) vont générer une industrie du football à deux vitesses. De plus, le gouvernement souhaite travailler sur l’aspect financier des maillots en fidélisant les chinois à ce sport.
Un sentiment identitaire pour montrer la puissance chinoise
“Du pain et des jeux” : expression latine qui prend ici tout son sens. Le sport, mais plus précisément le football, permet de créer une identité politique mais aussi sociale et culturelle. C’est donc un élément de construction identitaire qui mobilise le plus grand nombre.
C’est un jeu antique chinois qui est la source du football, a finalement reconnu la Fifa. Ce seraient les colons britanniques qui auraient observé ce jeu et qu’ils l’auraient ensuite codifié à leur manière. Le football devient ainsi un moyen de propagande et d’expression du sentiment national.
(Infographie interactive sur tous les joueurs qui ont quitté l’Europe pour la Chine)