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L’avenir promet la Lune

Il y a tout juste 45 ans, l’Homme (ou plutôt un homme,  Neil Armstrong) posait pour la première fois le pied sur la Lune. L’aboutissement d’un rêve de conquête qui durait depuis plusieurs siècles ? Non, plutôt le début d’une nouvelle croisade lunaire.

Objectif : décrocher la Lune 

L’envie d’aller dans les étoiles et d’atteindre la Lune a sans cesse animé la grande majorité du monde. Mais si cela n’est demeuré qu’une chimère pendant longtemps, c’est dans les années 1950-60 qu’elle s’est concrétisée. Au crépuscule de la Seconde Guerre Mondiale et à l’aube de la Guerre Froide, Russes et Américains ont ainsi lancé simultanément des programmes d’explorations lunaires : Luna pour l’un, Ranger pour l’autre. Une avancée scientifique qui a viré à la lutte des blocs USA/URSS lorsque la face cachée de la Lune a été photographiée pour la première fois par la sonde russe Luna 3, durant son vol non-habité, le 7 octobre 1959.

En retard sur ses concurrents, la NASA a donc décidé de mettre les bouchées doubles en élaborant un nouveau et impressionnant programme spatial : Apollo. Lancé le 25 mai 1961 par le président américain John Fitzgerald Kennedy en personne –qui annonça, prophétique, l’alunissage d’astronautes avant la fin de la décennie–, ce projet a mobilisé des moyens astronomiques et sans précédents : presque 150 milliards de dollars selon L’Express et 17 missions à son actif. Parmi elles, celle qu’on retiendra tout particulièrement sera la onzième.

L’avenir promet la Lune

De la Terre à la Lune, seuls 384 400 km.

 

21 juillet 1969 : un moment historique dont chacun se souvient

Le 21 juillet 1969 a en commun avec le funeste 11 septembre 2001 que chacun se rappelle de ce qu’il faisait ce soir-là, à 21 h 56 (heure de Huston, USA), quand Neil Armstrong a posé, pour la première fois, le pied sur la Lune. « J’ai tout de suite su qu’il s’agissait de la chose la plus excitante que j’aie encore jamais vue », se remémore Boris Johnson, 50 ans, actuel Maire de Londres, qui à l’époque n’avait que 5 ans et suivait l’évènement sur un petit téléviseur en noir et blanc. L’acteur et producteur américain Louis Gossett Jr., lui, se moque gentiment des Russes avec cette réflexion bien sentie : « États-Unis 1, Spoutnik 0 ». Et Claudie Haigneré, première femme spationaute, avait 12 ans. Elle raconte comment ce moment a, pour elle, était déterminant : « Je ne pense pas avoir vécu d’autres moments aussi intenses dans ma vie. Ce jour-là, je suis sûre qu’une petite lumière s’est allumée dans ma tête, la conviction que les choses inaccessibles peuvent devenir accessibles. Cette même petite lumière m’a poussée à aussitôt répondre à l’annonce quand, en 1985, le Cnes [Centre National des Etudes Spatiales, ndlr] a lancé un appel à candidatures pour recruter des astronautes ». Quant à l’acteur français Jean Rochefort, il admet avoir pensé que « la science-fiction devenait réalité ». Autant de témoignages qui rejoignent ceux des 600 millions de personnes qui auraient, cette nuit-là, assisté en direct à un exploit hors du commun –on pourrait même dire extraterrestre. « Un petit pas pour l’Homme, un grand pas pour l’Humanité ». Une prouesse humaine et technologique qui a permis au module lunaire Eagle de se poser dans cette zone qui fut appelé la mer de la Tranquillité. Mais qui a autant rassemblé les gens autour de leur poste de télé qu’il les a divisé dans les faits.

L’avenir promet la Lune

Neil Armstrong marchant sur la Lune pour la première fois, le 21 juillet 1969, et y plantant le drapeau américain.

La Lune, astre aspirant et influent

Mais pourquoi donc la conquête de la Lune a-t-elle autant déchaîné les passions nationalistes, allant même jusqu’à constituer la marque ultime de la suprématie d’un pays –en l’occurrence les Etats-Unis ? Tout d’abord parce que son éloignement et le mystère qui l’entoure ont toujours été sources d’interrogations pour l’être humain. Trouver des réponses à ces questions c’est donc un peu comme détenir la clé d’une partie des secrets de l’humanité. En effet, comment se forment les marées si ce n’est grâce à l’action de la Lune ? Comprendre ses mouvements, son empire et connaître sa composition minéralogique est donc un enjeu majeur pour beaucoup.

Autres preuves de son ascendant millénaire : la Lune est partout, omniprésente, et surtout dans les œuvres littéraires. Ainsi, on peut citer Autour de la Lune (1869), le roman d’anticipation de Jules Verne, étrangement prémonitoire par rapport à la mission Apollo 8. Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry (1943), un magnifique récit poétique avec l’immensité céleste pour toile de fond. Aventures sans pareilles d’un certain Hans Pfaall d’Edgar Poe (1835), ou le voyage sur la Lune d’un homme souhaitant échapper à ses créanciers… Même la bande dessinée s’y est mise, avec les albums de Tintin Objectif Lune et On a marché sur le Lune (1954). Toutefois, Le voyage dans la Lune, un court-métrage de George Méliès (1902), reste à ce jour la production artistique ayant pris l’astre pour muse la plus connue et surtout la plus incontournable.

 

L’avenir promet la Lune

le Petit Prince sur son astre.

L’avenir promet la Lune

Tintin ayant atteint son objectif : la Lune.

384 400 km

La Lune de George Méliès : une vision poétique de l’alunissage.

Faut-il demander la Lune pour demain ?

Mais aujourd’hui, où en sommes-nous de la conquête lunaire ? Celle qui hante nos nuits et, on l’a vu, obsédait bien des virtuoses dans leur domaine, ne fait-elle donc plus rêver ? Le soleil s’est-il couché sur nos désirs lunatiques ? On pourrait le penser quand on sait que le projet Constellation de la NASA –qui a débuté en 2004 sous George W. Bush et qui prévoyait l’envoi de nouvelles missions habitées vers la Lune dans les années 2020– a été stoppé en 2010 par le président américain Barack Obama. En cause : un budget trop élevé dont la NASA ne dispose pas.

Néanmoins, d’autres pays sont à leur tour parti à la conquête de la Lune. C’est le cas du Japon qui, dès 1990, a lancé son satellite Hiten (qui n’a malheureusement jamais aluni et a été mis en orbite) et se prépare à en envoyer un second (Selene-2) ; de la Chine qui, en 2007 et 2010 a fait se poser Chang’e-3 sur la Lune ; et l’Inde, qui depuis 2008 développe une sonde lunaire baptisée Chandrayaan 1. De même, l’Agence Spatiale Européenne a lancé en 2003 sa première sonde lunaire et ne compte pas s’arrêter là. En tout, depuis 1969, seuls 12 hommes sont retournés sur la Lune, ramenant plus de 380 kilos de roches lunaires de leurs différentes expéditions, hautement utiles à la recherche. Et il n’est pas exclus que bientôt des particuliers y aillent eux aussi pour un séjour à 1,08 milliards de dollars, proposé par l’entreprise privée Golden Spike.

Mais plus que cela, la conquête de la Lune a permis à l’Homme de prendre du recul sur sa vie terrestre. Ce que beaucoup appelle« l’overview effect » et que William Anders, ancien astronaute de la NASA, a résumé ainsi : « Nous avons fait tout ce chemin pour explorer la Lune, et le plus important est que nous avons découvert la Terre ». Une prise de conscience que l’être humain, dans son humilité, n’est rien par rapport à l’immensité de l’univers ? Ou la confirmation de sa supériorité technique, ce qui lui donne envie d’étendre son empire toujours plus loin, sur des territoires inconnus ? Sans doute un peu des deux. Une dualité aussi vieille que le Soleil et la Lune.

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La Lune sera-t-elle le prochain chantier de l’humanité ?

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