L’office de police criminelle intergouvernemental, Europol, a annoncé dans une conférence de presse à La Haye (Pays-Bas) avoir démantelé un réseau de corruption concernant des matches de football dirigé depuis Singapour. 380 matches seraient concernés en Europe, et 300 autres ailleurs dans le reste du monde du ballon rond entre 2008 et 2011. 425 responsables de club de football, de joueurs et de membres du réseau seraient concernés et peut être déjà poursuivis. Europol n’a pas voulu communiquer de nom pour le moment.
Un nouveau scandale de paris truqués touche donc le football et l’Office européen de police a affirmé qu’il s’agissait « de la plus grande enquête de tous les temps sur des matches truqués présumés. » Le but du trucage asiatique était de gagner d’importantes sommes d’argent grâce à des paris sportifs. L’organisation aurait été organisé par un syndicat du crime organisé en liaison avec des réseaux criminels à travers l’Europe. Europol a déclaré que le scandale touchait notamment deux matches de Ligue des Champions, dont l’un aurait eu lieu en Grande-Bretagne il y a moins de quatre ans, trois rencontres éliminatoires pour la Coupe du Monde.
L’UEFA, dirigé par Michel Platini, a sorti aujourd’hui le détail des rencontres touchées par le scandale : 70 en Allemagne, 79 en Turquie, 41 en Suisse principalement, ainsi qu’en Finlande, Hongrie, Belgique, Croatie, Autriche et en Bosnie et Slovénie. 14 matches du tour préliminaire de la Ligue Europa serait également concernés. Juste en Allemagne, les trucages auraient généré pas moins de huit millions d’euros.
L’UEFA a annoncé dans la journée « attendre les suites des investigations » pour se prononcer. « L’UEFA a pris connaissance des déclarations d’Europol sur de présumés matches arrangés qui ont eu lieu dans différentes compétitions et s’attend à recevoir plus d’informations dans les jours à venir. Une fois que les détails de ces investigations seront entre les mains de l’UEFA, ils seront transmis aux instances disciplinaires compétentes afin que les mesures adéquates soient prises. Comme acteur de la lutte contre ce fléau, l’UEFA coopère déjà avec les autorités sur ces questions dans le cadre de son programme de « tolérance zéro » vis à vis des matches arrangés dans notre sport ».
Cette affaire succède à de nombreux précédents en Italie, et en Allemagne, ainsi qu’en France. En Italie, le scandale est un fléau important et avéré. En 2006, la Juventus de Turin a gagné le titre sur le terrain avant de le perdre sur tapis vert suite à l’affaire du Calciopoli concernant le directeur général du club, Luciano Moggi. Il s’avérait simplement que l’homme décidait lui même qui allait arbitre son équipe le week-end suivant. Moggi fit couler 41 personnes dans sa chute. Le Calcioscomesse a également secoué le football italien juste avant l’Euro 2012. Antonio Conte, l’entraineur de la Juventus actuelle, a notamment écopé de dix mois de suspension.
La Bundesliga a aussi été frappé par les paris truqués en 2005 avec au centre l’arbitre Robert Hoyzer. Des peines de prison allant jusqu’à cinq ans et six mois ont été prononcées en 2011 contre une bande ayant réalisé un gain total de 1,6 million d’euros pour 370 000 euros de mises. Un témoin déclarera après que « 80% des cas des manipulations avaient réussi ».
Et même en France, les paris truqués ont eu leur place très récemment en deuxième division. Sur les rencontres Tours-Grenoble (2-2, en avril 2011) qui a finalement été classé sans suite en l’absence de preuves accablantes. Le second match concernait Lens-Istres (1-0, en mai dernier) qui a été signalé par la Française Des Jeux pour « paris anormalement élevés par rapport à l’enjeu sportif, répartition quasi exclusive sur Lens, concentration géographique inhabituelle », sans suite également.