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Le surendettement, une vie à Crédit ?

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On nous parle aujourd’hui de mariage pour tous, qu’en est-il des études pour tous ?

Dans un système universitaire francais où ce droit semblait pourtant depuis longtemps acquis, la réalité serait plutôt mitigée. Car aujourd’hui, étudier c’est avant tout dépenser. 8500€, c’est ce que coûte au minimum une année étudiante (logement, soins, besoins, fournitures et frais de scolarité, transports) – voir à ce propos le très bon film  «Elles » de Malgorzata Szumowska.

La solution ?  Un prêt étudiant à taux préférentiel bien sûr. Avec un remboursement qui ne commencera qu’au début de sa vie active, comme le précise le prospectus, Pierre peut démarrer ses études l’esprit léger. Financement providence, égalité des chances, sur le papier, tout a l’air de concorder.

« Aujourd’hui, Pierre a fini ses études, et la caisse d’épargne est toujours là. »

C’est le début de la vie active, mais c’est aussi 30 000€ de dettes.En effet, plus que toute chose, l’argent a un coût.

Certes, Pierre est diplômé. Certes, il a bénéficié d’un taux préférentiel. Oui mais voilà, c’est maintenant le moment de payer l’addition.Or, fin des études ne signifie pas fin des dépenses, bien au contraire.La réalité, c’est que Pierre se trouve aujourd’hui en situation de précarité. Une précarité professionnelle d’abord. Comme les autres jeunes actifs, Pierre n’est pas épargné : stages, CDD, chômage (25% des jeunes diplômés sont aujourd’hui au chômage). Une précarité financière ensuite, puisque Pierre voit les premières échéances de remboursement se profiler, auxquelles s’ajoutent de nouvelles dépenses (financées par de nouveaux crédits) que son statut  de jeune actif  engendre.

Un cercle vicieux donc, pour celui qui s’est retrouvé dans l’obligation d’hypothéquer sa vie, avant même de la gagner. Une mort à crédit en somme.

Malgré son refus de le reconnaître, la situation de Pierre porte un nom : le surendettement.Pierre n’est pas un cas isolé. On estime aujourd’hui à  près de 200 000  les ménages en situation de surendettement. Pourtant,  les pouvoirs publics ont pris des mesures de protection des consommateurs et ce depuis plus de 20 ans. La loi Neiertz (1990) institue des commissions de surendettement destinées aux particuliers, visant à rééchelonner la dette des ménages, pour leur fournir une bulle d’oxygène dans leur asphyxie financière. La crise financière globale passant par là, le surendettement des ménages s’accélère, la mobilisation du gouvernement aussi.

Les lois Châtel et Borloo (2005) en faveur des consommateurs astreignent les organes de crédit à la consommation (Cetelem le crédit « responsable », Sofinco…) à une obligation d’information et de  transparence dans leurs taux et modalités de remboursement, et mettent en place les Procédures de Recouvrement Personnel (PRP) qui annulent purement et simplement la dette pour les ménages insolvables et exsangues.

Enfin La loi Lagarde (2010) réforme en profondeur le crédit à la consommation, accélérant la procédure de surendettement pour les ménages et suspendant toute poursuite de la part des créanciers sur les consommateurs tant que la procédure de surendettement est en cours.

Malgré un arsenal législatif important, en faveur du consommateur, la situation reste intenable pour celui ci.En effet, une fois l’engrenage du crédit déclenché, il apparaît comme quasi impossible d’en sortir. Après le   crédit étudiant, vient le crédit à la consommation, le vrai, celui du « jeune actif ».Voiture logement électro-ménager, mutuelle ; le piège de l’argent facile, se referme.

Et dans ce cas, le dispositif législatif est inefficace. Celui-ci a ainsi une vocation curative, (prenant en charge les ménages une fois surendettés) et très peu préventive (empêcher les ménages de se surendetter). Au demeurant, ces lois sont pour la plupart relativement floues, notamment sur la question de la réclamation du remboursement auprès des ménages, pendant la procédure de surendettement (Loi Lagarde), qui tourne la plupart du temps au harcèlement moral des consommateurs.

Les taux d’intérêts affolants des nouveaux prêts souscrits (23,5 pour certains) sont pour la plupart découverts lors de la réclamation de la première mensualité et ce malgré les obligations légales. Ces taux disproportionnés étouffent le créancier, l’obligeant a reprendre un second crédit pour épancher ses dettes. La machine est en marche, la faillite guette.                                                                                                                                                                                  Pour toutes ces raisons et aucunes a la fois, Pierre, diplômé, jeune actif, et « porteur d’avenir » se retrouve en commission de surendettement devant le tribunal d’instance du XIXème arrondissement de Paris.

A ce moment là aussi, la Caisse d’Epargne sera là.

 

 

 

Théophile Cossa et Simon Ginesty.

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