Le journaliste et écrivain italien Corrado Augias annonce rendre sa Légion d’honneur en signe de protestation à celle accordée au président al-Sissi
La Légion d’honneur a-t-elle perdu de sa splendeur ? Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, en visite en France début décembre a eu l’occasion de recevoir la fameuse médaille par le président Emmanuel Macron. Mais cette nouvelle remise fait l’objet d’une polémique, menant au renoncement de la Légion d’honneur par le journaliste et écrivain Corrado Augias, il l’avait reçu en 2007. « Lundi 14 décembre, j’irai à l’ambassade de France pour restituer la Légion d’honneur. Un geste aussi bien grave que purement symbolique, je dirais sentimental. Je sens que je le dois en raison du profond lien émotionnel et affectif que j’ai avec la France » a-t-il annoncé au quotidien La Repubblica.
Abdel Fattah al-Sissi : un président controversé
Au sein de la controverse, la politique répressive du président égyptien qui n’hésite pas à emprisonner des blogueurs, journalistes et activistes. « On est stupéfait que la France déroule le tapis rouge à un dictateur alors qu’il y a plus de 60 000 détenus d’opinion aujourd’hui en Egypte » a ainsi déclaré Antoine Madelin, un des responsables de la Fédération internationale des droits humains. D’autant plus le président al-Sissi a reçu le grade le plus élevé de la Légion d’honneur — la Grand-Croix — accordé à tous les chefs d’État en visite en France.
« A mon avis, le président Macron n’aurait pas dû concéder la Légion d’honneur à un chef d’Etat qui s’est objectivement rendu complice d’atroces criminels. Je le dis pour la mémoire du pauvre Giulio Regeni, mais aussi pour la France, pour l’importance que cette distinction représente encore, deux siècles après avoir été instaurée » ajoute l’écrivain.
Le retrait de Corrado Augias illustre le sentiment de beaucoup de personnes que la Légion d’honneur est accordée à des personnes qui ne la méritent pas. En 2016, le même type de polémique avait surgi après la décoration du prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Nayef Al Saoud, alors à la tête d’un pays où les droits de l’Homme sont loin d’être respectés.
Le « comportement contraire à l’honneur » peut néanmoins entraîner certaines fois le retrait de la récompense, c’est le cas pour le dictateur Bachar el-Assad suite à des attaques chimiques dans son pays ou encore le producteur Harvey Weinstein, accusé d’agressions sexuelles.