« Too fat to fight » (« trop gros pour combattre ») s’alarme le Sunday Times après la révélation inquiétante, hier, du ministère de la défense britannique. En effet, selon ce dernier, 22 000 soldats d’outre-Manche seraient en surpoids. La faute à un régime alimentaire trop gras.
Deux fois par an, chaque soldat britannique ayant moins de la trentaine doit passer un test obligatoire visant à évaluer ses qualités et aptitudes physiques. Celui-ci consiste en une série de 44 pompes, à réaliser en deux minutes, puis de 50 abdos et afin en un parcours santé de 2,4 kilomètres, à effectuer en moins de dix minutes.
Cependant, sur les trois dernières années, plus de 32 000 soldats ont échoué à ce test de base parce que leur condition physique laissait à désirer. Et ce sont les régiments d’infanterie écossais qui sont particulièrement touchés par cette situation. Plutôt problématique puisque cela signifie qu’ils ne sont pas aptes à se battre correctement en cas de conflit. D’ailleurs, le professeur David Haslam, spécialiste de la lutte contre l’obésité interrogé par le Sunday Times, qualifie ces chiffres de « choquants ».
Lard de la guerre
Mais alors comment se fait-il que les forces de la quatrième armée du monde soient enrobées ? L’explication de cette surcharge pondérale généralisée se situerait à la cantine : au petit-déjeuner, les soldats peuvent choisir un repas complet composé d’œufs au bacon, puis prendre des frites pour le lunch, et de la pizza au dîner. De même, la diversité des desserts proposés invite à la prise de poids rapide puisqu’il ne s’agit pas seulement de salade de fruits mais aussi de profiteroles ou de cheesecakes. Des plats riches en calories que l’on retrouve par exemple au camp Bastion, en Afghanistan, qui est pourtant une zone de tension où avoir de bonnes conditions physiques est impératif.
Toutefois, un porte-parole du ministère de la Défense tente de temporiser ces résultats, dans un communiqué de l’AFP : « 32 000 soldats, cela représente 11% des effectifs de l’armée […] et beaucoup d’entre eux ont réussi le test par la suite ». En effet, un soldat échouant au test a la possibilité de le repasser dans les sept jours qui suivent. Mais des échecs répétés à cette évaluation physique peuvent conduire à des sanctions voire des licenciements. Ainsi, en 2011, 13 soldats avaient dû quitter l’armée britannique à cause de leur obésité.
Il faut dire que la nourriture n’est pas l’unique cause de surpoids. Selon Matthew White, un ancien instructeur physique au sein des Coldstream Guards, l’armée n’est pas composée que de combattants : « un grand nombre de soldats ont un emploi pépère dans l’armée, et laissent de côté l’entraînement physique, ce qui pourrait expliquer pourquoi ils échouent au test ». C’est donc aussi pour cette raison de relâchement professionnel qu’en France, au sein des gendarmes et de la garde républicaine d’Île-de-France, le surpoids atteint 38 % et l’obésité 8 % (d’après une thèse présentée en 2012). Contre le gras, l’armée devrait sortir l’artillerie lourde.