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Les Verts : enfin un exploit aux municipales ?

Ils en ont rêvé, les Verts l’ont fait. Avalés par les primaires de la gauche aux présidentielles, largement affaiblis lors des législatives, ils s’imposent aujourd’hui comme la troisième force politique en France juste derrière le Rassemblement national et La République en Marche. Europe Écologie – Les Verts porte enfin bien son nom. Un score important aux Européennes et une chance que ne veut pas laisser filer le leader d’EELV Yannick Jadot qui met le cap sur les Municipales en 2020. Entre grandes ambitions et désorganisation, les écologistes pensent à demain. Éléments de réponse.

L’Europe et l’écologie, une tradition.

2009, Europe Écologie – Les Verts affiche 16,3 % au soir des élections européennes. Résultat prometteur pour un tout jeune parti. Toute la France s’est emportée. Même scénario en 2014 avec un score – pourtant plus modeste – de 8,95 %. Cependant, les Municipales suivant ces deux échéances électorales répondent à la même variable : des scores mineurs à échelle nationale pour une seule ville gagnée en 2014 (Grenoble). L’histoire se répète en 2019, et toujours aux Européennes avec 13,5% des suffrages exprimés : résultat attendu et doublé d’une prise de conscience récente des enjeux environnementaux de la population française. Et quelques mois après, EELV ne semble pas avoir bousculé l’échiquier politique.

Absents médiatiquement, leaders inconnus et accords locaux très flous avec le Parti Socialiste, les Verts profitent pourtant d’une vague de popularité dans toute la France. Les chiffres concernant les intentions de vote pour les prochaines Municipales ne mentent pas : 20% à Montpellier, 24% à Bordeaux, jusqu’à 44% à Caen et 32% Grenoble où le maire écologiste sortant Eric Piolle est largement en tête loin devant la liste divers droite. Malgré quelques points noirs (seulement 13% à Paris où David Belliard, le candidat EELV, n’arrive pas à s’imposer devant la maire sortante Anne Hidalgo et les deux candidats LREM Benjamin Griveaux et Cédric Villani), une dynamique est née. Les Verts peuvent se permettre de rêver, au point même d’envisager un affrontement entre écologistes et La République en Marche.

David Belliard, candidat EELV à la mairie, appelant au rassemblement lors des manifestations d’Extinction Rebellion.

De trop grandes prétentions ?

Le constat est clair ; les Verts semblent constituer davantage une force de représentation qu’un véritable rassemblement. Au moment où les sujets environnementaux envahissent le débat public, Yannick Jadot l’assure : « L’écologie veut occuper une place centrale dans le débat politique ». Au lieu de profiter de la dilution des forces de gauche, nier le clivage traditionnel : stratégie payante aux élections européennes, mais qui n’a assuré aucun résultat électoral probant à échelle nationale.

Encore faut-il se donner les moyens d’appliquer le discours « ni-droite ni-gauche » en interne. De nombreux membres, parfois annoncés sur les listes de certaines villes, ne partagent pas cette position ; Julien Bayou, porte-parole du parti, défend un programme de gauche où l’écologie est centrale, en évitant de tirer une balle sur le pied de son parti quand vient la question d’une entente avec la droite. Yves Contassot (ex-EELV, aujourd’hui Génération.s), quant à lui, fait une franche comparaison entre « la politique Jadot » et le parti écologiste allemand allié à la droite libérale.

« Je veux casser les murs de l’écologie politique »

Yannick Jadot, au micro de France Inter

Des lectures politiques floues pour un parti qui peine à tenir ses rangs. Dans la plupart des villes, des accords sont passés avec la liste de centre-gauche comme à Nice ou Clermont-Ferrand, où les Verts ne profitent pas de ce nouveau souffle écologiste. Du nouveau dans le discours, mais une redite de 2014 : une ligne dangereuse pour le plus traditionnel des scrutins.

Enfin pour aujourd’hui.

Avec un groupe parlementaire d’influence à Bruxelles, les Verts font état d’un bilan considérable au sein de l’hémicycle européen. Mais sont-ils réellement capables de gagner et tenir les villes sur le territoire français ? Le bilan du maire de Grenoble Eric Piolle est largement critiqué. La « transformation » promise par le maire élu à la surprise générale se fait encore attendre pendant que les finances de la ville s’aggravent.

Yannick Jadot et EELV espèrent marquer une nouvelle fois les esprits après l’exploit des Européennes (AFP JEFF PACHOUD).

Aujourd’hui ils s’appellent Yannick Jadot, David Belliard ou Sandra Regol et veulent profiter de ce nouveau pouls donné à l’écologie en France et voient bien plus haut. Alors que la population des 18-24 ans a voté majoritairement pour la liste des Verts aux Européennes, ils sont en droit d’y croire. Pour eux, l’essai des Européennes doit se transformer aux Municipales. Mais le chemin est long jusqu’en mars 2020. Affaire à suivre.

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Journaliste culture, politique et société
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