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Lincoln, président-somnifère.

Vous voulez profiter d’un espace chaud et accueillant pour commencer votre nuit ? La séance de Lincoln est ce qu’il vous faut. Une sieste de 2h27 entrecoupée de sursauts cinématographiques bien mérités. Suivez le guide !

Un biopic tout à fait raté.

Dès les premières minutes du film, le spectateur est amené à se poser une question gênante. Le personnage d’Abraham Lincoln, républicain anti-esclavagiste, est-il terriblement ennuyant ? Ou est-ce l’interprétation qui manque d’envie et d’appétit?

Daniel-Day Levis ne casse pas la baraque, c’est le moins qu’on puisse dire. Evidemment, le travail a été long pour incarner le géant Lincoln. Des années de préparation physique, un accent travaillé et des discours politiques ingurgités pour mieux s’imprégner du personnage. Pourtant, la sauce ne prend pas, l’habit est trop large pour l’acteur. Mais on l’excusera volontiers : la mise en scène et les dialogues ne laissaient pas place à la pugnacité dont il sait faire preuve.

Bienveillant, conciliant, consensuel, Lincoln a sans aucun doute été un président formidable pour les Etats-Unis. Mais si l’homme politique était haut en couleurs, l’homme, ici mis en scène, respire l’ennui et la pâleur. Les scènes dans l’intimité familiale du président trainent en longueur et n’apportent pas de valeur ajoutée à l’œuvre de Spielberg.

Madame Lincoln (Sally Field) jouait un rôle crucial dans la vie de son époux et jusque dans ses choix politiques. Soit. Mais ce personnage, omniprésent dans la vie du président, était-il obligé de s’imposer dans le film ? Spielberg souhaite incontestablement brosser le portrait d’un couple présidentiel malheureux, peu épanoui. Pourquoi pas. Mais les dialogues entre Abraham et sa dame se transforment systématiquement en un monologue de cette dernière, une longue complainte qui précipite le spectateur dans un sommeil profond…Zzz.

 Un film politique très réussi.

Réveille toi jeune spectateur ! Car l’intérêt du film n’est pas là où on l’attend, certes. Mais il est bien réel.

Quand la caméra de Spielberg s’invite dans l’assemblée de 1865, Tommy Lee Jones se présente en véritable salvateur. Incarnant le représentant républicain Stevens, le comédien nous réconcilie non seulement avec le film mais également avec la politique. Mobilisé depuis trente ans en faveur de l’abolition de l’esclavage, Thaddeus Stevens se bat bec et ongles pour défendre le 13ème Amendement. S’il est adopté, cet ajout à la Constitution mettra fin au statut d’esclave et, par là même, mettra fin à la guerre de Sécession. Toute l’intrigue trouve alors son sens à travers l’interprétation magistrale de Tommy Lee Jones. Celui-ci prononce d’ailleurs LA phrase emblématique du film à propos du 13ème Amendement. « La mesure la plus courageuse du siècle, obtenue par la corruption grâce à l’homme le plus intègre des Etats-Unis ».

Et en effet, il en fallait du courage pour remettre en question les intérêts économiques liés à l’esclavage. Il en fallait du courage pour risquer d’être désavoué par un Congrès où la gauche de l’hémicycle (oui, la gauche !) renâclait à l’idée d’abolir l’esclavage. Le film met en relief les relations conflictuelles entre démocrates et républicains au Congrès sur cette question épineuse de l’esclavage. Mais Spielberg insiste surtout (et il a raison de le faire) sur la méthode employée par l’Administration Lincoln pour obtenir les voix manquantes nécessaires à l’adoption de l’amendement : la corruption de parlementaires.

Vous êtes passionnés par l’histoire constitutionnelle et politique des Etats-Unis ? Vous voulez voir Tommy Lee Jones crever l’écran comme jamais? L’idée même de l’asservissement d’un homme par un autre vous horripile ? Alors faites abstraction du début de cet article et courez voir Lincoln !

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