L’Iran condamne l’Arabie Saoudite ce samedi après l’exécution du dignitaire chiite saoudien Nimr Baqer al-Nimr. Ce dignitaire chiite représentait une figure de la contestation saoudienne. Il a été exécuté avec 46 autres personnes condamnées pour « terrorisme ».
Téhéran a averti ce samedi que Ryad paiera un « prix élevé » pour l’exécution de l’imam chiite saoudien Nimr Baqer al-Nimr, et a condamné « l’irresponsabilité » de Ryad. Parralèllement, des manifestations ont été appelées pour dimanche contre l’Arabie.
« Le gouvernement saoudien soutient d’un côté les mouvements terroristes et extrémistes et dans le même temps utilise le langage de la répression et la peine de mort contre ses opposants intérieurs (…) Il paiera un prix élevé pour ces politiques », a déclaré Hossein Jaber Ansari, porte-parole du ministère iranien des affaires étrangères.
« L’exécution d’une personnalité comme le cheikh al-Nimr qui ne faisait que poursuivre des buts politiques et religieux montre uniquement le manque de sagesse et l’irresponsabilité » du gouvernement saoudien.
Exécuté avec 46 condamnés à mort pour « terrorisme »
Parmi ces 47 condamnés à mort (45 Saoudiens, un Egyptien, un Tchadien) figure une majorité de djihadistes affiliés à Al-Qaïda, alors que le royaume s’inquiète de la menace représentée par les groupes extrémistes sunnites comme l’Etat islamique (EI).
Mais l’annonce parmi ces personnes du cheikh al-Nimr a été très mal accueillie dans le monde arabe. L’Iran chiite, qui entretient des relations tendues avec l’Arabie Saoudite sunnite, est donc au premier rang de ces contestations.
Les réactions de l’UE et d’Amnesty International
Plusieurs monarchies sunnites de la région, notamment Bahreïn et les Emirats arabes unis, ont au contraire salué l’attitude de l’Arabie Saoudite. Toutefois, quelques jeunes de la majorité chiite du Bahreïn ont manifesté dans au moins deux villages à majorité chiite, Jidhafs et Malikyia.
La police a usé de gaz lacrimogènes pour disperser ces groupes de manifestants, qui scandaient des slogans tels que « mort aux Al-Saoud » (la dynastie au pouvoir en Arabie saoudite).
L’Union Européenne a également réagi à cette exécution. « Le cas spécifique du cheikh Nimr al-Nimr soulève de sérieuses inquiétudes sur la liberté d’expression et le respect des droits civils et politiques de base, qui doivent être préservés dans tous les cas, y compris dans le cadre de la lutte contre le terrorisme », a déclaré Federica Mogherini, chef de la diplomatie européenne, dans un communiqué.
Amnesty International a tiré à boulets rouge sur le royaume saoudien. « Les autorités saoudiennes disent avoir mené ces exécutions pour préserver la sécurité. Mais l’exécution du cheikh Nimr Baqer al-Nimr suggère qu’elles utilisent les exécutions pour régler des comptes politiques (…) sous couvert de lutte contre le terrorisme », a déclaré M. Luther, directeur d’Amnesty pour le Moyen-Orient.
Ces 47 exécutions constituent les premières de la nouvelle année en Arabie Saoudite. En 2015, le nombre d’exécutions au royaume ont explosé pour atteindre le chiffre de 153. C’est beaucoup plus qu’en 2014 où 87 personnes ont été exécutées.
A noter que l’Arabie Saoudite joue un rôle prépondérant au sein du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, ce que rappellent non sans ironie quelques internautes choqués par ces exécutions.
Je serais @le_gorafi je porterais plainte contre l’Onu pour plagiat. #ArabieSaoudite en charge des Droits de l’Homme à l’ONU
— Zazie (@katoshka) 2 Janvier 2016
*Photo en Une : francophone.sahartv.ir