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Ludovic Huraux : « Avec Shapr, j’ai pu rencontrer le producteur de Beyoncé et le directeur de cabinet de Barack Obama »

Ludovic Huraux sur VL

Tout Pour Réussir, dix minutes d’interview avec Saad Merzak. Un retour sur la carrière d’une personnalité du monde médiatique, artistique ou économique, et les raisons de son succès. Aujourd’hui Saad reçoit l’entrepreneur Ludovic Huraux, fondateur de Attractive World, plateforme de rencontres pour célibataires exigeants, revendue l’année dernière, et plus récemment créateur de Shapr, une application qui permet de faire des rencontres professionnelles en fonction de ses centres d’intérêts.

 

Saad Merzak : Aujourd’hui il existe beaucoup de plateformes qui mettent en relation des professionnels dans le but d’une rencontre, c’est quoi la particularité de Shapr ?

Ludovic Huraux : La particularité de Shapr, c’est que plus qu’une application c’est un vrai esprit. Nous on croit à la force des rencontres, on pense qu’il n’y a rien de plus enrichissant que de rencontrer quelqu’un, pour échanger, trouver des idées, trouver de l’inspiration, et en fait on a envie de fédérer les gens qui croient en cette force des rencontres pour pouvoir collaborer et trouver des projets qui seront les grands projets de demain.

Justement, une fois que je télécharge l’application Shapr, comment ça marche après ?

C’est très simple, l’inscription prend à peine deux minutes, effectivement on rentre ses centres d’intérêts professionnels et personnels, ainsi que sa profession, son prénom, son nom et une photo, et derrière on reçoit une quinzaine de suggestions par jour, basées sur ses centres d’intérêts à la fois professionnels mais aussi ses passions et sa localisation. Tous les jours on swipe les profils, on fait glisser la carte vers la gauche si on n’est pas intéressé, si on est intéressé on swipe à droite. Le swipe est complétement anonyme, c’est uniquement à partir du moment où deux personnes ont swipé à droite et ont donc matché, qu’ils peuvent démarrer la conversation.

C’est un peu un mélange de Tinder et de Linkedin en fait ?

Exactement, on a repris cette interface pour créer le plus de simplicité dans l’expérience utilisateur et surtout permettre aux gens de se rencontrer pour les bonnes raisons. Aujourd’hui on est sollicité énormément par des commerciaux qui veulent vous vendre des produits ou par des recruteurs qui veulent tous simplement vous recruter, Shapr a vraiment été désigné pour que les gens soient dans un esprit d’échange, de partage, d’entraide et pas seulement un esprit transactionnel, où les gens se rencontrent pour quelque chose de spécifique.

Shapr partage ses bureaux entre Paris et New York, c’était important pour vous de mettre un pied aux Etats-Unis ?

Oui effectivement, ça vient un petit peu de mon expérience d’Attractive World, j’ai lancé Attractive World quand j’avais 24 ans, à l’époque je ne connaissais rien à Internet, on s’est développé en France, on a eu la chance d’avoir du succès en France, Attractive World est devenue un des trois plus gros sites de rencontres sur le marché français. Sauf que quand j’ai voulu aller à l’International, je me suis rendu compte que c’était trop tard, qu’il y avait déjà beaucoup de concurrents, donc cette fois-ci on s’est dit : on va commencer directement aux Etats-Unis, par contre on va prendre le meilleur des deux mondes, donc on va prendre toute l’intelligence française notamment sur la partie technique, les algorithmes, les datas… et donc tout notre pôle de recherche et développement, on l’a laissé en France. D’autant plus que la France est un vrai paradis pour entreprendre, puisqu’on a énormément d’aides de la part du gouvernement, notamment via la BPI ou le crédit impôt/recherche, pour recruter des docteurs et des mathématiciens pour faire en sorte de matcher les personnes les plus pertinentes et on pense que le gros du marché, notamment parce que la culture des américains est très tournée vers le networking, la force des rencontres, l’art de provoquer la chance, et donc on s’est dit qu’on allait mettre notre équipe marketing aux Etats-Unis, pour commencer aux Etats-Unis et s’adresser dans un premier temps aux utilisateurs américains, et utiliser la technologie en France. Ça c’était pour le tout début, sauf que depuis ça a pas mal évolué, aujourd’hui on a pleins d’utilisateurs français sur Shapr.

Du coup vous êtes plus souvent à Paris ou à New York ?

Du coup je suis à peu près 60% de mon temps à Paris et 40% de mon temps à New York, ça fait beaucoup de voyages, je fais généralement 4/5 semaines à Paris et 2/3 semaines à New York, tout simplement parce que c’est important d’être à la fois présent aux côtés des équipes marketing qui sont à New York et des équipes françaises, et c’est un super style de vie en fait.

Aujourd’hui, vous venez de le dire, les Etats-Unis, la France, enfin les gens qui y habitent, utilisent Shapr, mais sinon c’est quoi le reste du public, qui sont les gens qui utilisent l’application ?

Sur Shapr on plus d’un million d’utilisateurs. Aujourd’hui on a 60% de nos utilisateurs qui sont aux Etats-Unis et au Canada, on a 20 à 25% de nos utilisateurs qui sont en France, une dizaine de % qui sont en Angleterre et le reste est éparpillé un peu partout. La bonne surprise qu’on a eu, c’est la France, pour être sincère quand j’ai parlé avec mes associés du projet Shapr, on s’est dit que les Français ne souscriraient pas à cette démarche de rencontrer des gens simplement pour échanger et voir un petit peu si la magie opère et si des opportunités apparaissent. On pensait que c’était vraiment beaucoup plus adapté à la mentalité anglosaxonne, mais la surprise qu’on a eu c’est notamment toute cette nouvelle génération de Français qui cherchent du sens dans leur vie professionnelle, qui veulent avoir de l’impact, qui veulent collaborer, qui veulent se connecter, trouver de l’inspiration. C’est totalement l’état d’esprit Shapr et c’est ce qui fait qu’aujourd’hui la France grossit très vite.

Et aujourd’hui vous gagnez de l’argent avec votre application ? Quels sont les bénéfices ?

Aujourd’hui on ne gagne pas d’argent du tout, pour le coup on le fait un peu à l’américaine, c’est-à-dire qu’on pense qu’il faut offrir d’abord la meilleure expérience à nos utilisateurs et avoir une communauté qui a une taille importante avant de commencer à réaliser un chiffre d’affaire significatif. Il se trouve qu’on a démarré tout doucement la monétisation début janvier, on offre un pack de fonctionnalités qui permet d’avoir peut-être un confort d’utilisation un peu plus important, notamment par exemple pour les gens qui voyagent qui peuvent changer leur géolocalisation et de se dire « plutôt que d’avoir quinze suggestions par jour à Paris, je sais que je vais partir, dans deux semaines, à Londres, ou à New York ou à San Francisco, et bien je vais commencer à me connecter avec des gens à San Francisco, ou à New York avant d’arriver ». Donc ça c’est un pack qui est payant, qui coûte dix euros sur un mois et si on s’engage sur douze mois c’est un peu plus de quatre euros par mois. Notre focus pour l’instant, c’est continuer de travailler sur nos algorithmes de matching, faire grossir la communauté puisque la croissance s’accélère énormément, aujourd’hui on a plus de 3000 personnes qui s’inscrivent tous les jours sur Shapr, et on travail sur le produit pour rendre le networking beaucoup plus simple et beaucoup plus inspirant.

En parlant du networking, je crois savoir que vous aussi vous utilisez Shapr à titre personnel, quelles ont été vos meilleures rencontres par le biais de l’application ?

Oui je l’utilise à titre personnel, parce que depuis que je suis entrepreneur et même avant, j’ai toujours été passionné par les rencontres. Je pense que je n’aurais jamais eu l’aventure que j’ai eu avec Attractive World ou même avec Shapr, si je n’avais pas régulièrement rencontré des nouvelles personnes. Jusqu’à présent, pour vous donner une idée, on avait 80 actionnaires sur Attractive World, on a levé 5 millions d’euros, sur Shapr on a 200 actionnaires, on a levé 16,5 millions de dollars. Tous ces gens-là, je les ai rencontrés à travers justement des introductions ou des rencontres parfois fortuites, j’ai rencontré des gens dans l’avion, dans des bars, etc… Et ça m’a procuré à la fois plus que de l’argent et du financement, ça m’a procuré beaucoup de bonheur, d’épanouissement dans ma vie professionnel comme dans ma vie personnelle, et c’est pour ça que j’ai envie de me battre pour que Shapr marche et devienne une plateforme mondiale. Donc oui je l’utilise, je l’utilise tous les jours, je fais quasiment une rencontre par jour d’un utilisateur. Dans les rencontres un peu « mythiques » que j’ai pu faire, j’ai rencontré aux Etats-Unis le directeur de cabinet d’Obama, à la Maison Blanche, à un moment je swipe à droite et boum je match avec lui, on chat, il me dit « viens on va se prendre un café », et quelques jours plus tard, on a passé deux heures à échanger sur le monde, sur la politique américaine, etc… C’était assez marrant. J’ai rencontré le producteur de Beyoncé, sur Shapr à New York, et j’ai rencontré un rappeur qui s’appelle Ménélik, à Paris, qui est vraiment quelqu’un d’extraordinaire d’ailleurs et qui a beaucoup de projets entrepreneuriaux.

Sur le plan personnel, à quoi ressemble votre vie d’entrepreneur lorsque vous ne travaillez pas, est-ce qu’il y a un moment où vous vous déconnectez, quand même, de vos activités ?

Alors j’essaye de déconnecter parce que c’est vrai qu’on peut vite se fatiguer à ne penser qu’à Shapr, tous les jours. Ce que j’essaye de faire, c’est quand je me lève le matin, faire vingt minutes de sport et dix minutes de méditation. C’est assez marrant d’ailleurs, comment les choses évoluent, parce que quand je me suis intéressé à la méditation, j’étais quelqu’un de très introverti, quand j’étais plus jeune, et je me suis intéressé à la méditation avant de créer Attractive World. Je travaillais dans un fond d’investissement et j’achète un bouquin qui s’appelle « le pouvoir du grand présent », parce que j’étais assez timide, notamment lorsque je devais parler en public, c’était quelque chose qui m’inquiétait beaucoup. Je me disais « comment ça se fait que je stresse à l’idée de parler en public, alors que finalement ma prise de parole va être dans une ou deux semaines », alors je me suis dit « si j’arrive à me concentrer dans le présent, je vais pouvoir éviter de stresser pendant deux semaines » donc j’ai acheté ce bouquin, ça m’a changé la vie, ça a changé tout mon rapport aux gens qui m’entourent, le fait d’apprécier les moments de manière beaucoup plus importante, d’arrêter de me projeter toujours avec des attentes ou des peurs. Ca m’a beaucoup aidé, ça m’a donné ce rythme qui fait que aujourd’hui, je prends tous les jours dix minutes pour méditer, prendre un peu de recul, relativiser à la fois les succès et les échecs que je peux connaitre, parce que être entrepreneur c’est aussi vivre des UP and DOWNS en permanence, il y a des moments de joie incroyables, des moments de tristesse, de déprime et donc le fait de méditer tous les jours me permet de prendre du recul et d’apprécier un peu plus la vie.

Pour finir, où est-ce que vous voyez votre avenir d’entrepreneur dans les cinq prochaines années ?

En fait, je pense que j’ai trouvé un projet qui correspond exactement à qui je suis, à ma vision de la vie, et ça c’est extrêmement difficile, déjà d’entreprendre c’est compliqué, de trouver une bonne idée, qui a du sens d’un point de vu « business » c’est compliqué. Mais de trouver en plus une idée qui nous correspond et qui nous aligne complétement entre qui on est en tant que personne et l’entrepreneur qu’on a envie de devenir, c’est difficile. Avec Shapr, je l’ai trouvé, avec ce qu’on est en train de développer, dont la partie networking est juste la première brique d’une vision beaucoup plus large, qui est d’aider les gens à trouver du sens dans leur vie. Je pense que le monde du travail évolue très vite, les nouvelles générations ont des attentes complétement différentes de celles des précédentes ; je veux dire à l’époque de nos parents, à partir du moment où tu avais un job et que tu pouvais nourrir tes enfants et acheter ton appartement, tu étais déjà très heureux. Aujourd’hui les nouvelles générations ont vraiment un besoin d’avoir de l’impact, d’avoir du sens. Sauf que les choses vont très vites, que les nouvelles technologies rebattent énormément les cartes, qu’il y a pleins de jobs qui vont disparaitre, d’autres qui vont réapparaîtrent. Je pense que Shapr, au-delà des rencontres inspirantes qu’elle peut provoquer, peut aller beaucoup plus loin dans la collaboration et l’accompagnement de ces nouvelles générations pour trouver du vrai sens dans leur vie professionnelle et ne pas se retourner lorsqu’ils auront 65 ans en se disant « je n’ai pas eu la vie que je voulais »

 

 

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