Les édiles de Levallois-Perret, Patrick et Isabelle Balkany, sont jugés pour fraude fiscale, blanchiment et corruption. Ce procès ultra-médiatique est le premier acte des municipales dans cette ville cossue de l’ouest parisien.
« Quand on a rien à se reprocher, on se sent bien ». Depuis ce lundi, le maire de Levallois-Perret et son épouse (également première adjointe) sont devant la justice. Les Balkany, Patrick et Isabelle, doivent répondre des accusations de « fraude fiscale », « blanchiment », « corruption » et « prise illégale d’intérêts ». Ceux qui ont érigés le « clientélisme » en doctrine politique sont soupçonnés d’avoir dissimulé 13 millions d’euros au fisc, dont trois luxueuses villas au Maroc et dans les Caraïbes, acquises grâce à des « fonds occultes » .
Dans le collimateur de la justice depuis plusieurs décennies et condamné en 1996 pour « abus de bien social », le baron des Hauts-de-Seine et son épouse tombent en 2013 par les révélations d’un ancien proche. Didier Schuller indiquent aux enquêteurs un patrimoine immobilier conséquent et non-déclaré. En réalité, ils mettent au jour « un système de blanchiment à grande échelle », « un réseau de société offshore », « des montages financiers complexes » et « une corruption active et passive » . Aujourd’hui, Patrick et Isabelle Balkany encourent 10 ans de prison mais promettent de « se représenter en 2020 ».
Le procès Balkany, une bouffée d’oxygène pour l’opposition
« Devant un juge, Patrick Balkany n’est plus dans son royaume à couper les micros » se réjouit Anne-Eugénie Faure, conseillère municipale socialiste et cible des remarques misogynes et des colères de maire de Levallois. Du procès, cette opposante historique espère qu’il va montrer « que la ville est impactée par leur comportement », dénonçant « un système clientéliste, paternaliste et antidémocratique ». Pour elle, le couple« privatise l’argent public » par des « politiques ciblées », souvent « illégales » ou « payées 10 fois par les habitants » en raison d’une « fiscalité élevée ». Et d’enfoncer : « Patrick Balkany ne réfléchit pas : il dit et fait tout ce qui lui passe par la tête ».
« Ce que dit Patrick Balkany n’a aucun sens. Même les échanges constructifs se terminent par une mauvaise blague ou une insulte ».
Élue bénévole, Anne-Eugénie Faure « n’envisage pas » d’être tête de liste PS en 2020 à Levallois. « J’ai envie de faire autre chose » concède-t-elle, regrettant « l’absence totale de démocratie ». « L’opposition n’a pas le droit de s’exprimer », avant d’ajouter : « mêmes les échanges constructifs se terminent par une mauvaise blague ou une insulte ». A la mairie, Anne-Eugénie Faure décrit « une ambiance tendue », des employés municipaux « déçus de voir leur travail remis en cause » et qui « attendent que l’orage passe ». « Sauf le cabinet et la communication » qui « font partie du clan Balkany » assène l’élue, qui « fera un tour dans la salle d’audience » de son contradicteur de maire.
L’ex-collaborateur d’Isabelle qui veut succéder à Patrick
Il prépare patiemment son retour à l’Hôtel de Ville. Âgé de 38 ans, Sébastien Blanc est l’ancien responsable de la communication de Levallois-Perret, « et pas des Balkany » précise-t-il, aujourd’hui reconverti dans l’immobilier. En froid avec le sulfureux couple, « ni complice, ni coupable » d’un « système mafieux », Sébastien Blanc reconnait « les réussites » et « l’attachement » des édiles de 70 ans à Levallois. Néanmoins, l’ex-collaborateur dit vouloir « tourner la page Balkany » –« une histoire d’amour qui se termine mal » – pour faire de Levallois-Perret « la ville n°1 des Hauts-de-Seine », « tournée vers le Grand Paris ».
« Isabelle Balkany gagne 8 000 euros mensuels pour faire des montages financiers offshores à l’étranger ! »
Le futur candidat, qui veut proposer « une vision » et pas « une opposition à Balkany », planche sur une liste allant de gauche à droite en passant par LaREM. Levalloisien de naissance, Sébastien Blanc veut « améliorer le cadre de vie » en s’appuyant « sur des spécificités » comme « la petite-enfance » ou en redéployant « la police municipale » pour « lutter contre l’insécurité ». Dans la ville la plus endettée de France, il promet « une diminution des impôts » en supprimant « des gabegies financières » comme le « basket de haut-niveau » ou « les salaires des dirigeants de la SEMARELP« , la société chargée des projets immobiliers de la commune, surnommée par certains « la bétonneuse des Balkany ».
Pour le moment, aucun candidat – sauf Patrick Balkany – n’est officiellement déclaré. A un an des élections et même devant la justice, Patrick et Isabelle Balkany continuent de faire la pluie et le beau temps à Levallois-Perret
Contacté, Arnaud de Courson – probable candidat divers droite – n’a pas pu nous répondre dans les délais de publication de l’article.
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