Michèle Alliot-Marie n’a pas rassemblé suffisamment de parrainages pour figurer dans la liste des candidats officiels à la présidence de la République retenus par le Conseil constitutionnel. La députée européenne (PPE) élue dans la circonscription Sud-Ouest explique son parcours de campagne aux “Enfants de la Politique”, le talk show politique pour et par les jeunes, avec Radio VL – premier média jeune de France – et le Huffington Post.
Michèle Alliot-Marie est seule. L’unique ministre à avoir jamais rempli quatre fonctions régaliennes de l’Etat (Défense, Intérieur, Justice, Affaires étrangères), celle qui a également été la dernière présidente du RPR s’est mise en réserve des Républicains pour se lancer à la conquête de l’Elysée en “free lance”. A la tête de son propre mouvement, Nouvelle France, la candidate gaulliste a refusé de participer aux primaires de la droite et du centre.
Seule contre tous, donc, à contre-courant de la grande tendance qui consiste à s’ériger en candidat “hors système”. Non, MAM revendique son excellente connaissance et pratique du système en vue de l’arbitrage suprême. Cet arbitrage présidentiel auquel elle n’a dû cesser de rendre des comptes en près de 35 ans de carrière politique.
Elle lui doit également sa démission forcée, après avoir proposé, en pleine révolution tunisienne en 2011, l’aide des forces de l’ordre françaises au régime de Ben Ali pour mater les manifestations. Mais l’expérience est-elle la bonne clef pour se voir ouvrir les portes du palais présidentiel? Rien n’est moins sûr. Théophile Larcher, stagiaire de la rédaction du HuffPost met les pieds dans le plat: MAM, une autre génération.
La mise en avant d’une expérience du pouvoir, la connaissance des dossiers ministériels, l’entretien des réseaux de décideurs ne suffit pas à convaincre la nouvelle génération de la légitimité d’un engagement à l’âge de 70 ans dans une campagne présidentielle. Pierre Cazeneuve est le fondateur d’“Allons Enfants”, le parti transpartisan des jeunes, qui multiplie le nombre d’élus locaux. Il apprend à Michèle Alliot-Marie que sa candidature a toutes les faveurs de sa grand-mère…
Contre le cumul des mandats… mais pour leur complémentarité! C’est un point de vue. Quand le journaliste Alain Duhamel la décrit sur Twitter comme un “musée politique”, elle lui renvoie le tacle avec humour en lui rappelant que les dinosaures accrochés à leur siège ne sont pas une exclusivité du monde des élus de la République. « Alain Duhamel. Edgar Faure dont j’étais jeune collaboratrice m’a dit le plaisir qu’il avait eu à participer à votre émission sur l’ORTF”. Belle répartie, mais un échange de tweets ne fait pas d’elle pour autant une spécialiste du marché digital.
MAM ne se laisse pas hanter par le doute. Une force en politique. Une assurance qui peut même lui permettre de doubler les plus jeunes de la course. Emmanuel Macron, le candidat autoproclamé “hors système”, s’est inspiré directement de son slogan pour bâtir le sien: “retrouver l’esprit de conquête pour bâtir une France nouvelle”. Pas loin de “Nouvelle France” en effet. La détermination et les projets électoraux n’effacent pas pour autant le bilan. Certes, un Macron est trop jeune encore pour en supporter le handicap. L’ancienne ministre est elle comptable de nombreuses législatures.
L’aventure présidentielle de Michèle Alliot-Marie au nom du gaullisme n’est pas sans faire écho celle de Marie-France Garaud en 1981 (celle-ci n’avait recueilli que 1,33% des voix). Selon Le Canard Enchaîné, MAM se présente surtout pour obtenir l’investiture aux législatives dans une circonscription des Hauts-de-Seine. Mais ça ne s’arrête donc jamais ?
Par Boris Ehrgott