Il est fini le temps des Lumières. Il est fini le temps où la France impulsait les grandes avancées sociales. La tardive arrivée du droit de vote des femmes ou l’archaïsme ambiant en matière de drogue en était déjà de bons exemples. L’ampleur dramatique que prend le débat sur le mariage pour tous à l’Assemblée apparaît comme une piqûre de rappel. Outre-manche, la question a été traitée en quelques heures, symbole d’un malaise français.
400 voix pour, 175 contre. La Chambre des Communes a approuvé ce mardi le projet de loi du gouvernement conservateur, autorisant le mariage entre personne du même sexe. Les débats ne se sont pas éternisés et le premier ministre a qualifié ce vote « de bon pas en avant pour (la) société ». Une loi (presque) comme une autre, somme toute. Le texte n’aura en tout cas pas été le théâtre du spectacle désolant que connaît aujourd’hui la France. Il est certes possible d’apporter quelques nuances au flegme british. Une partie des conservateurs, l’aile traditionaliste, s’est par exemple opposée au mariage homosexuel, intimant le premier ministre de retirer sa proposition. L’on pourrait également souligner les menaces de mort dont a été l’objet D.Burrowes, un opposant au projet. Mais ces tensions se sont cristallisées sur les deux derniers jours, ne suscitant pas de véritable débat sociétal.
La différence de perception du mariage gay témoigne de la grande tolérance qui règne en la matière au Royaume-Uni. Si le vote de mardi constitue une avancée, il ne peut être assimilé à une révolution. Depuis 2002, l’adoption est permise pour tous les anglais, quelque soit leur orientation sexuelle. En 2005, le pays de sa Majesté la Reine, avait légiféré en faveur d’une union civile, sorte de PACS amélioré. Le mariage pour tous n’était alors plus qu’une question de temps. Cette modernité a permis de faire évoluer les mœurs et seul 36% des britanniques se déclarent aujourd’hui contre la loi. Une majorité a même déclaré vouloir voter aux prochaines élections pour un parti qui aurait pris position en faveur du mariage gay. Une attente qui a amené D.Cameron à bouleverser son calendrier, puisque la présentation du projet de loi était initialement prévue pour 2015.
Le mariage religieux reste cependant interdit devant l’Eglise anglicane, majoritaire en Angleterre, mais les autre confessions pourront choisir en leur âme et confiance. Seuls les juifs les plus libéraux sont disposés à célébrer ces unions.
Pendant ce temps, le débat houleux continuait à l’Assemblée Nationale, où un énième incident opposait Christian Jacob, président du groupe UMP, à Laurence Dumont, suppléante au président de l’Assemblée. Qui a dit que la France était la nation des Droits de l’Homme ?
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Max Beucher