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Masseret – Reynié : pourquoi se foutent-ils du front républicain ?

LR PS front républicain élections régionales

Au sortir du premier tour des élections régionales, le Front national se retrouve en tête dans six régions. Malgré les appels de cadres du Parti socialiste et des Républicains à faire barrage au FN, deux dissidents se maintiennent au deuxième tour : Dominique Reynié (LR) et Jean-Pierre Masseret (PS). Pourquoi une telle prise de risque de leur part ?

Un séisme digne du 21 avril 2002. Premier tour des élections régionales, dimanche 20H00, la France prend de plein fouet la vague bleu marine. En tête dans six régions, le FN se trouve aux portes d’un pouvoir qui paraissait quelques années plus tôt inaccessible.

Pour contrer ce danger, de nombreux cadors du PS et LR (à l’exception du président LR Nicolas Sarkozy) ont appelé les candidats en troisième position dans leur région à se retirer. Message bien reçu par tous, sauf par Jean-Pierre Massenet en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine et Dominique Reynié en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées.

La stratégie laisse perplexe alors que le candidat PS Massenet accuse 13 points de retard sur le candidat FN Louis Aliot, et Reynié 20 points sur le frontiste Florian Philippot. Avec le risque que l’on connaît… Alors pourquoi, face à un tel risque, ces deux candidats ne veulent-ils pas se retirer ?

Reynié front républicain

Dominique Reynié (LR) refuse l’idée de retirer sa candidature en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées au nom du front républicaine

« Plutôt que de se retirer, il faut se confronter »

Le socialiste Jean-Pierre Massenet a vu sa liste recueillir 16,11% des suffrages en Alsace-Champagne-Ardennes-Lorraine. Loin derrière les 36,06% de Florian Philippot. Massenet retirant sa candidature, le candidat LR Philippe Richert (25,83% des suffrages) aurait les cartes en main pour ravir la région au candidat frontiste…

Mais ce lundi, malgré les consignes de sa direction, Massenet a tenu une conférence de presse pour expliquer cette décision « très difficile », pour que, selon lui, « le choix démocratique s’exprime au second tour ».

« Cette stratégie de l’évitement du front républicain n’est pas une stratégie qui réussit. Elle existe depuis des années, mais à chaque fois, le FN a continué de monter. Plutôt que de se retirer, il faut se confronter. C’est l’affrontement qui fera reculer ce parti. Je serai accusé de tous les maux de la terre mais je suis fidèle à mes engagements. Nous sommes là, debout, déterminés à mener le combat. »

Masseret élections régionales

Jean-Pierre Massenet, le dissident du PS, refuse de retirer sa candidature en Alsace-Champagne-Ardennes-Lorraine (photo : républicain-lorrain).

Cette stratégie de l’affrontement avec 20 points de handicap parait suicidaire. La seule chance pour le front républicain de l’emporter face à l’extrême droite : que les électeurs de Massenet se désolidarisent du candidat socialiste.

« Le front républicain est une erreur historique »

Le second entêté du Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées Dominique Reynié a recueilli 18,8% des voix derrière le PS mené par Carole Delga à 24,4% et le FN de Louis Aliot à 31,8%. Un retrait de sa part donnerait tous les moyens à Carole Delga de battre Aliot au second tour. Mais…« le front républicain est une erreur historique » selon lui.

« Le PS a tort de se retirer (en PACA et en Nord-Pas-de-Calais-Picardie). Il faut que chacun tienne sa position. François Hollande a reçu cinq fois à l’Elysée Madame Le Pen. Ou bien on la reçoit à l’Elysée et on dit que c’est un parti comme les autres, ou bien on le tient à l’extérieur et on peut être dans ce genre d’émotion collective. »

résultats élections régionales Alsace front républicain

Les résultats du 1er tour des élections régionales en Alsace-Chapagne-Ardennes-Lorraine (photo : lemonde.fr).

Et si le FN remportait la région ? L’hypothèse ne choque pas plus que ça le candidat LR. « Si les électeurs veulent que ce parti gouverne dans leur région, que ce parti gouverne dans leur région. J’aurais très envie de voir Madame Le Pen s’occuper de la fusion de deux régions, négocier avec les syndicats… Je la verrais bien arriver à la présidentielle en loque. Parce qu’à part les grands discours, ces gens-là ne savent pas ce qu’il faut faire une fois qu’ils sont aux responsabilités. »

Pas sûr que tous les habitants de la région soient pressés de voir un tel spectacle…

L’esprit républicain victime du sectarisme et des ambitions personnelles.

Lors de l’élection présidentielle de 2002, l’esprit républicain avait permis à Jacques Chirac d’occuper l’Elysée et de renvoyer Jean-Marie Le Pen dans son château à Saint-Cloud. Treize ans après, le barrage anti-front national laisse apparaître des fissures.

La volonté du « ni fusion-ni retrait » de l’ancien président de la république Nicolas Sarkozy (soutenu par l’ancien Premier ministre François Fillon et Alain Juppé) met en lumière cet effritement. Les ambitions personnelles en vue de 2017, les rancoeurs à l’égard de François Hollande qui avait durement critiqué son mandat présidentiel pourraient expliquer le positionnement du chef LR.

sarkozy front républicain

Nicolas Sarkozy, président du Parti Les Républicains et ancien président de la république (photo : corto74.blogspot.com).

La stratégie de banalisation engagée par la présidente du Front National Marine Le Pen joue aussi. Au fil de ces dernières années, de plus en plus de Français voient le parti d’extrême comme un parti fréquentable. Ce qui expliquerait que Dominique Reynié ne soit pas choqué à l’idée de voir Maine Le Pen gouverner le Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées « en loque ».

Le jusqu’au-boutisme kamikaze de Jean-Pierre Massenet et les divisions au sein du Parti Socialiste auraient alors fini d’achever l’esprit républicain de nos élus.

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