Seize actrices françaises expliquent les remarques, stéréotypes, préjugés et le racisme auquel elles doivent faire face dans le cinéma français.
« Noire n’est pas mon métier » : 16 actrices dont certaines que j’aimerai bien faire venir au @MinistereCC pour témoigner auprès des agents et voir comment nous pourrions tous agir !! @AissaMaiga https://t.co/QSTfmbllBH pic.twitter.com/iUrGqfUHJs
— Alexandra Nizak (@nizakalex) 4 mai 2018
S’en est trop. A quelques jours de l’ouverture du festival de Cannes, 16 comédiennes répondent à l’appel d’Aïssa Maïga. Elles ont toutes répondue présent : Firmine Richard, France Zobda, Nadège Beausson-Diagne, Mata Gabin, Maïmouna Gueye, Eye Haïdara, Rachel Khan Sara Martins, Marie-Philomène Nga, Sabine Pakora, Sonia Rolland, Magaajyia Silberfeld, Shirley Souagnon, Assa Sylla et Karidja Touré. Elles expliquent dans ce livre qu’elles ont toutes fait carrière dans le milieu du cinéma et qu’elles ont toute été confrontées à la difficulté d’être une actrice de couleur en France.
Aujourd’hui 16 actrices publient un manifeste nécessaire et puissant: «Noire n’est pas mon métier». Coordonné par @AissaMaiga , le livre recueille les témoignages dignes, émouvants et drôles, d’artistes qui refusent l’assignation. #NoireNestPasMonMetier https://t.co/miCq5bvVgj pic.twitter.com/VouIICqzpw
— Rokhaya Diallo (@RokhayaDiallo) 3 mai 2018
Mises de côté
Dans ce recueil de 16 témoignages, la comédienne Aïssa Maïga est automatiquement poussée à être dans des films où les histoires lui « ressemble ». Son premier rôle dans une comédie romantique, il y a 10 ans, en a été la preuve. Ecartée de la promotion, elle se met l’idée en tête qu’elle n’aurait pas sa place dans les histoires du cinéma français. Elle tient pourtant, dans ce film, le premier rôle.
Firmine Richard, elle, a été cantonnée à des rôles de femme de ménage ou des rôles d’infirmière.
« Il y a aussi des chirurgiens, des chefs d’entreprise ou des avocats noirs (…) Dans la vie, on les rencontre, mais au cinéma, on ne les connaît pas!«
Avec tous les films français produits à l’année, les comédiennes noires sont rares à l’affiche. Quant aux salaires, elles racontent qu’elles ont parfois eu, pour certaines, la mauvaise surprise de découvrir qu’elles étaient 5 fois moins payées qu’une autre actrice, sur la même durée de tournage.
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« Pour une noire, vous êtes intelligente »
La comédienne Nadège Beausson-Diagne qui à 25 ans de carrière raconte ce qu’elle a entendu lors de castings :
« Vous parlez africain ? », « Pour une Noire, vous êtes vraiment intelligente, vous auriez mérité d’être blanche » « Oh, la chance, d’avoir des fesses comme ça : Vous devez être chaude au lit, non ? »
Des propos déplorables et ce n’est pas fini. Dans le livre, elle relaie plusieurs autres phrases racistes :
« Vous allez bien ensemble avec la bamboula. »« Vous savez rouler des yeux comme Joséphine Baker ? Faire plus y a bon Banania quoi ! »« Ma panthère, j’entends les tam-tams de l’Afrique, la chaleur de la savane, ma tigresse… » « Oh, vous les Blacks, vous pouvez tout porter ! »« Vous n’êtes pas assez claire pour le rôle »« Il n’y a pas de Noirs au Conservatoire, laisse tomber ! »…
Ce livre dénonciateur des pratiques infâmes, les comédiennes, qui ont entre 21 et 70 ans pourront le porter sur le tapis, fière, lors du festival de Cannes (du 8 au 19 mai).