Une exposition retraçant le parcours de l’extraordinaire Simone Veil, de sa déportation à son combat politique, s’est ouverte à l’Hôtel de Ville de Paris. 500 documents d’exception nous permettent de nous plonger dans sa vie. Nous y sommes allés pour vous.
“Je baisse la voix, on pourrait nous entendre : comme l’immense majorité des Français, nous vous aimons, Madame”. Ces mots de l’académicien Jean d’Ormesson soulignent toute l’adoration qui entoure Simone Veil. Magistrate, ministre, députée européenne, elle est devenue un symbole de lutte, d’espoir mais aussi de bienveillance. Ses idées ne l’ont jamais quitté et semblent avoir été le fil conducteur de sa vie.
Au travers de photographies, lectures, reportages, lettres, documents officiels et objets symboliques, l’exposition de l’Hôtel de Ville de Paris nous permet de retracer son parcours en rentrant dans son intimité. Elle se tient à la mairie de Paris du 28 mai au 21 août. Retour en images sur les moments forts de la visite.
Une enfance brisée par la guerre
L’exposition débute logiquement par l’enfance de celle qui se nomme alors encore Simone Jacob. D’une famille juive non pratiquante, elle réside à Nice. Les documents nous permettent d’accéder aux archives personnelles de cette grande dame, alors jeune et apeurée par la menace nazie.
L’exposition nous plonge dans l’atmosphère terrible d’une jeune fille juive pendant la Seconde guerre mondiale. D’abord traquée pour avoir chanté le chant révolutionnaire L’Internationale, elle fait l’objet d’un mandat de dépôt. En mars 1943 l’année de son baccalauréat elle est arrêtée par la Gestapo suite à un contrôle sauvage.
Comme le montrent ces paroles, Yvonne Jacob est une femme affirmée, comme le deviendra sa fille. Simone sera enfermée dans le camp de concentration de Drancy avant même d’avoir pris connaissance de ses résultats au baccalauréat. Simone, Madeleine et leur mère Yvonne transitent ensuite par les camps d’Auschwitz-Birkenau, de Dora et de Bergen-Belsen avant de revenir en France.
Au long de l’exposition, un couloir symboliquement noir retrace sa lutte pour la reconnaissance de le Shoah. Elle qui a longtemps eu l’impression de ne pas être écouté sur les horreurs qu’elle avait vécues, a transformé sa tristesse en combat.
Le début d’un combat
Au fil de la balade, nous passons du désespoir à l’espoir. La France libérée de l’occupation nazie, Simone entreprend des études à l’Institut de Sciences Politiques de Paris. Elle rencontre Antoine Veil en 1946.
Cette photographie des deux amants symbolise parfaitement l’après-guerre de la jeune Simone Veil. Elle reprend peu à peu goût à la vie et devient mère de trois garçons. La jeune femme s’installe avec son mari en Allemagne et rentre quelques années plus tard en France.
Elle a refusé la tentation de la désespérance dans l’être humain et choisi de toutes ses forces la vie
Robert Badinter sur Simone Veil
Ces mots, peints sur le mur de l’Hôtel de Ville pour l’exposition, résument justement le parcours de Simone Veil. En elle, l’espoir bouillonne. Elle devient magistrate en 1956 et s’oriente vers l’administration pénitentiaire avec la volonté de changer les choses. En plaçant l’humain au cœur de sa lutte, elle œuvre à l’amélioration des conditions de vie des détenus, notamment des femmes.
Itinéraire politique d’une femme d’exception
Simone Veil pousse sa lutte humaine au plus loin qu’elle ne le peut. La marche de l’exposition permet de se rendre compte de l’immensité de son combat. Première femme premier ministre, première femme présidente de l’Assemblée européenne, Simone Veil a un parcours qui n’a plus besoin d’être rappelé. Cependant, on redécouvre à travers cette exposition les moments forts de sa carrière politique de façon plus intime, en ayant accès à des documents précieux.
Un des moments les plus forts de la visite est sans doute ce discours, qu’elle prononce à l’Assemblée Nationale pour porter la loi sur la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse. Une version manuscrite est aussi offerte aux yeux des spectateurs. Toute la tension d’un tel discours est visible dans les ratures, réécritures et notes que Simone Veil a laissées sur le papier. En lisant le texte, nous comprenons toute l’émotion qu’elle a dû avoir en parlant devant les députés.
« L’espoir » semble être le mot qui définit le mieux la vie de cette femme au destin extraordinaire. L’exposition le rappelle très bien, Simone Veil ce n’est pas que l’IVG. En tout, elle a œuvré pour la reconnaissance de la participation de la France à la Shoah, la lutte contre le tabagisme, l’accès à la contraception, les conditions des hôpitaux et des maisons de retraites, et tant d’autres sujets de société.
Ces simples mots, « Merci Simone », clôturent l’exposition. La balade dans cette salle Saint-Jean de l’Hôtel de Ville de Paris est forte en émotion, à la hauteur de la vie de Simone Veil. Celle-ci nous a donc montré les plusieurs visages de ce personnage emblématique de la France: l’enfance traumatisante, le regain de vitalité, la puissance d’une femme en politique ainsi que la fin de sa vie. La voix de celle qui repose désormais au Panthéon avec son mari Antoine n’a pas fini de résonner.
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