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Un nouveau départ pour l’Europe et l’Iran

Le président iranien Hassan Rohani effectue depuis hier une visite de cinq jours en France et en Italie. Des accords commerciaux sont à la clef de cette visite. Mais ce n’est pas le seul but, Hassan Rohani souhaite également accélerer le retour des entreprises européennes en Iran et devenir un partenaire crédible dans la lutte contre le terrorisme. En bref, il veut normaliser ses relations avec l’Europe. 

  • De nouveaux objectifs économiques

Avec les accords sur le nucléaire du 14 Juillet 2015, l’Iran a une véritable occasion de relancer son économie. Avec cet accord l’Iran renonce de fait au nucléaire (uniquement militaire) et obtient la levée des sanctions économiques, mesures effectives depuis maintenant 9 jours, qui avaient été imposées par l’ONU, les Etats-Unis et l’Union Européenne.

C’est à la tête d’une délégation de 120 ministres, secrétaires d’Etats et hommes d’affaires qu’est parti le président iranien à la conquête du marché européen. La dernière fois qu’un président iranien s’était rendu en Europe remonte à 2000.  Des contrats ont été signés entre des compagnies italiennes et iraniennes pour une valeur totale de 18 milliards de dollars, parmi elles des entreprises du secteur énergétique, de la construction navale ou encore la compagnie italienne d’acier Danieli. De plus il a rencontré à Rome le Président Sergio Mattarella et le Premier ministre Matteo Renzi ainsi que le pape François.

pape

L’Italie entretient l’ambition de redevenir le premier partenaire économique de l’Iran. Elle l’était avant que l’Iran soit touché par des sanctions de la part de l’ONU et de l’Union Européenne. Les échanges commerciaux s’élevaient alors à une valeur de 7 milliards de dollars par an et sont maintenant à 1,7 milliard. Le chef d’Etat iranien souhaite également un retour à cette situation et a déclaré à Rome lundi : « nous sommes prêts à accueillir les investissements, la technologie et créer un nouveau marché d’investissement ». 

En France (la visite était prévue au départ pour le 16 novembre mais fut annulée suite aux attentats) la délégation iranienne devrait finaliser le contrat d’achat de 114 Airbus, afin de renouveler la flotte civile iranienne  Iran Air, extrêmement vieillissante dans un pays de 79 millions d’habitants. Cependant, le fabriquant européen n’est pas la seule option, Boeing semblerait même être en mesure de répondre à la demande iranienne.  Hassan Rohani devrait également rencontrer le PDG de Total Patrick Pouyanne face à face lors de sa visite en France.

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Le fait que les Etats-Unis n’aient plus de relations diplomatiques avec l’Iran est bien entendu un atout majeur pour les européens, permettant ainsi de limiter le nombre de partenaires économiques et donc de se garantir une certaine exclusivité du marché iranien. Cependant, il ne faut pas oublier la Chine. Celle-ci a pu signer un accord énergétique avec l’Iran d’une valeur de 600 milliards de dollars samedi 23, lors de la visite du chef d’Etat chinois à Téhéran.

  • Une opportunité pour les investisseurs ?

Si la Chine se porte mal en ce moment, l’Iran se présente comme un nouveau marché potentiel pour les entrepreneurs européens. Avec une population de 79 millions d’habitants, dont une grande partie est urbaine avec une classe moyenne conséquente, l’Iran possède un marché intérieur important qui n’attend que d’être exploité. Cependant, le marché iranien est très loin d’être parfait. Il est classé 130ème sur 150 sur dans le classement Doing Business de la Banque Mondiale et ce pour de nombreuses raisons :

– L’Etat occupe une place extrêmement importante sur le marché, il contrôle près de 80% de l’économie du pays.

– Le système bancaire est fragile : la banque d’Etat, la BCI est surendettée et des systèmes parallèles sont apparus, donnant lieux à de régulières faillites.

– La corruption est de notoriété publique, contribuant ainsi au mécontentement des classes populaires et au renforcement des inégalités.

la raffinerie pétrolière de Kangan en Iran

la raffinerie pétrolière de Kangan en Iran

Cependant, les fortes réserves de pétrole (4ème rang mondial) et de gaz (1er rang mondial) rendent le pays extrêmement attractif malgré tous ses handicaps. De plus le marché de l’automobile a également un fort potentiel. Les véhicules étaient auparavant soumis à l’embargo ; désormais, c’est l’occasion de renouveler un parc automobile en fin de vie pour une majorité des usagers. Celui-ci contribue d’ailleurs à faire de Téhéran la ville la plus polluée du monde en 2015. Afin de lutter contre la pollution et de relancer la croissance, le secteur de l’automobile bénéficie maintenant de subventions conséquentes.

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  • L’Iran, un pays sinistré par 35 ans de fermeture économique 

Depuis 1979, le pays n’a  fait que prendre du retard sur le plan économique (notamment) et c’est un Etat au bord de la faillite qui ouvre ses portes à l’économie de marché. En effet, la monnaie iranienne c’est effondrée en 2010, entrainant  une inflation annuelle de 45% de 2010 à 2013 et une chute du P.I.B de 6,9%.  En 2015, l’inflation s’était ralentie et était estimée à 11,7% et le P.I.B s’était stabilisé avec une croissance très faible de 0,5%. Cependant, c’est un chômage massif d’environ 21% qui touche l’ensemble de la population iranienne.

Ainsi, le régime conserve de grands espoirs de relance économique courant 2016 grâce à la fin de l’embargo et aux premiers contrats fructueux avec les européens. Le FMI attend une croissance de l’ordre de 4% pour l’année 2016. Pour Hassan Rohan,i sortir son pays de la crise est bien plus qu’une nécessité. Il est maintenant lancé dans une course contre la montre, les élections législatives iranienne auront lieu le 26 février. Il doit donc relancer la croissance le plus rapidement possible afin d’éviter une éventuelle défaite, mais également de nouveaux mouvement contestataires comme le pays les a connus auparavant.

  • S’engager dans la lutte contre le terrorisme

L’Iran est au premier rang dans le cadre de la lutte contre Daesh, Hassan Rohani a d’ailleurs évoqué le sujet lors de son déplacement à Rome se matin : « ce n’est qu’un début. Il y a certains domaines où nous devons travailler ensemble plus étroitement ». Matteo Renzi a ensuite ajouté : « Je  suis certain que notre visite occupera une place fondamentale dans notre capacité à vaincre ensemble le terrorisme, un mal et une atrocité auxquels nous devons nous confronter ensemble ».  Le président iranien a continué : « nous avons toujours été en première  ligne pour lutter contre le terrorisme {…} nous devons continuer (à coopérer avec l’Italie) pour sécuriser une véritable paix en Afghanistan, Syrie, Liban, Libye ». 

Il est vrai que l’Iran est en première ligne en Syrie et en Irak. Cependant on reproche encore aujourd’hui à l’Iran de financer des groupes considérés comme terroristes, comme par exemple le Hezbollah, et de contribuer à l’instabilité de certaines régions (le Yemen pour n’en citer qu’une).

l'armée iranienne est notamment impliqué en Syrie auprès des forces loyales à Bachar Al-Assad et en Irak, en soutient aux milices chiites

l’armée iranienne est notamment impliquée en Syrie auprès des forces loyales à Bachar Al-Assad et en Irak, en soutient aux milices chiites

Dans le cadre des rencontres à Rome, Hassan Rohani  a également  effectué un parallèle entre croissance économique et lutte contre le terrorisme :« booster l’économie au Moyen-Orient est un moyen de vaincre l’extrémisme ». 

« Si nous voulons combattre l’extrémisme dans le monde, si nous voulons combattre la terreur, nous devons donner de la croissance et de l’emploi. Le manque de croissance donne de la force au terrorisme. Le chômage créé des soldats pour les terroristes », a dit Rohani.

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