Un rapport de l’OCDE (Organisation de Coopération et Développement Economique) publié ce jeudi montre que les inégalités entre les riches et les pauvres n’ont jamais été aussi élevées depuis 30 ans, en terme de revenu comme de patrimoine.
Dans les 34 pays les plus développés au monde, les 10% les plus riches de la population qui touchaient un revenu 7,1 fois supérieur à celui des 10% plus pauvres, touchent aujourd’hui un revenu 10 fois supérieur au décile le plus pauvre. En 2000, ce multiplicateur était de 9,1.
Les inégalités en terme de patrimoine ont particulièrement augmenté : « Nous avons atteint un point critique. Les inégalités dans les pays de l’OCDE n’ont jamais été aussi élevées depuis que nous les mesurons« , a déclaré le Secrétaire général de l’organisation, Angel Gurría.Lorsque l’on étudie 18 pays, dont les données sont comparables, nous voyons que les 10% plus riches ont en leur possession la moitié du patrimoine total, alors que les 40% les moins riches n’en possèdent que 3%. Le problème n’est donc pas seulement que les riches s’enrichissent, mais que parallèlement les pauvres s’appauvrissent.
Ces inégalités ont un effet sur la croissance à long terme : le rapport estime qu’elles ont couté à l’économie des 19 pays les plus riches de l’OCDE 4,7 points de croissance cumulée entre 1985 et 2005.
Les pays les moins inégalitaires sont le Danemark, la Slovénie, La République Slovaque et la Norvège, tandis que le Chili, le Mexique, la Turquie et les USA sont les plus inégalitaires. Les inégalités sont plus importantes dans les grandes économies émergentes, mais ont tendance à décroitre, notamment au Brésil.
Quelles sont les préconisations du rapport ?
Tout d’abord, le rapport, mis en ligne pour plus d’informations, préconise de favoriser la participation des femmes dans la vie économique. On estime que du progrès dans le domaine de l’égalité hommes-femmes aurait permis de freiner les inégalités d’un point. Le rapport prouve que, plus le taux d’emplois est élevé, moins le taux de pauvreté des enfants sera élevé. Ainsi, en Espagne, où le taux d’emploi des mères est de 50%, le taux de pauvreté des enfants sera de 16%, tandis qu’il sera de 3% en Norvège, là où 77% des mères travaillent. Or, la probabilité pour les femmes d’occuper un emploi rémunéré est de 16% inférieure à celle des hommes, et le salaire des femmes à poste égales est 15% inférieur à celui des hommes. Des progrès sont donc à faire dans ce domaine.
Ensuite, le rapport recommande de promouvoir des emplois durables, car la stabilité de l’emploi réduit les inégalités sur le long terme. Or, dans les pays de l’OCDE, plus de la moitié des emplois créés étaient à temps partiels, à durée déterminée ou relevait de travailleurs indépendants entre 1995 et 2013.
Il faudrait aussi accroitre les efforts faits dans l’éducation, et cela passe par plus de moyens et la démocratisation scolaire : il faut promouvoir l’égalité des chances.
Enfin, le rapport souligne l’importance d’un système de taxation pour redistribuer efficacement la richesse. L’OCDE insiste sur le rôle que doivent jouer les multinationales.
Et en France ?
En France, la crise a un impact sur l’inégalité, qui a plus augmenté dans l’Hexagone que dans les autres pays de l’Ocde. Entre 2007 et 2011, l’indice Gini (qui à 0 correspond à l’inégalité parfaite, et à 1 une inégalité parfaite, soit une personne possédant toutes les richesses, et les autre rien du tout) de la France est passé de 0.293 à 0.309, alors que les inégalités avaient tendance à se stabiliser depuis les années 80. En 2013, l’indice a reculé, passant à 0.306, ce qui prouve une légère amélioration.
L’impôt et les prestations sociales ont augmenté de 2.9% pendant la crise, ce qui a permis d’atténué ses effets. Malgré cela, les inégalités ont augmenté de 1.6%, ce qui place la France parmi les 5 plus hautes hausses d’Europe. Le revenu des 10% les plus pauvres de la population a baissé de 1% par an en moyenne, tandis que les revenus les plus élevé ont augmenté de 2% en moyenne entre 2007 et 2011.
Cela s’explique par l’augmentation des emplois instables depuis la crise. Or, un travailleur temporaire gagne en moyenne 40% de moins qu’un travailleur temps pleins en CDI. De plus, quand 20% des employés en intérim ou CDD en 2008 ont évolué en CDI en 2011 en France, ce taux atteint 30% en Autriche ou 48% en Grande Bretagne. Cette situation touche surtout les femmes : elles sont 63% dans ce domaine, et les jeunes entre 15 et 29 ans constituent 46% de ces travailleurs. Les politiques français ont donc des progrès à faire pour améliorer cette situation.
Et vous, où vous situez-vous sur l’échelle sociale ? Le Figaro et l’OCDE ont mis en place un test disponible ici.