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On a vu pour vous … Loch Ness (ITV / 13ème Rue)

13ème Rue nous emmène au Loch Ness pour une intrigue policière complexe, où le monstre n’est pas (seulement) au fond du lac.

C’est quoi, Loch Ness ? Sur les bords du célèbre lac, le petit village de Lochnafoy est bouleversé lorsqu’on retrouve le professeur de piano local, assassiné au pied d’une falaise. L’enquête est confiée à l’inspectrice Annie Redford (Laura Fraser), mais elle se complique lorsque surgit une seconde affaire… Sur la rive, la police découvre un cœur humain, parmi des restes d’animaux disposés par un groupe d’adolescents s’amusant à simuler la carcasse de Nessie. Contre toute attente, les analyses révèlent un lien entre les deux crimes. Dépêchés depuis Édimbourg pour élucider le mystère, l’inspectrice Lauren Quigley (Shiobhan Finneran) et le psychologue Blake Albrighton (Don Gilet) ignorent dans quoi ils s’engagent : en révélant les secrets les plus sombres de la communauté, leur enquête va engendrer une escalade de violence et une succession de meurtres.

Le titre annonce d’emblée la couleur : bienvenue au Loch Ness, rendu célèbre par l’hypothétique présence dans ses eaux du légendaire Nessie. Mais ne vous attendez pas à une série fantastique, et encore moins à apercevoir la fameuse créature en chair et en os. Si elle est omniprésente, c’est davantage en ombre planant sur la région, en tant que célébrité locale, piège à touristes et ressort économique. Pas de confusion possible, nous sommes bien dans une série policière, et le générique, très réussi, l’indique habilement en jouant avec le spectateur : il s’achève au fond du loch, zoomant sur une silhouette d’abord indistincte et suggérant celle du monstre, mais qui s’avère être celle d’un cadavre lesté… et dépouillé de son cœur.

Le monstre tapi au fond du lac n’est pas celui qu’on croit

 

L’idée de départ est séduisante : un cadre mythique, un mystère mondialement connu comme toile de fond,  des paysages à couper le souffle, un petit village de campagne en apparence tranquille mais dont les habitants cachent tous quelque chose… et des crimes épouvantables, aussi violents que spectaculaires.  Évidemment, le tout n’est pas sans rappeler d’autres séries britanniques récentes, et notamment Broadchurch ou Happy Valley. Loch Ness s’inscrit dans le même schéma, en reprenant des éléments similaires. Encore faut-il proposer quelque chose de nouveau à des spectateurs désormais habitués à ce genre de séries – et c’est là que Loch Ness s’égare quelque peu.

On dit souvent que c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes (ou les meilleurs haggis). Ici, la marmite est la même, mais pour varier la recette, les scénaristes ont décidé d’ajouter des ingrédients, au risque d’alourdir le plat… La métaphore culinaire ayant ses limites, disons que Loch Ness tente de se démarquer des séries dont elle exploite les ressorts en complexifiant inutilement ses intrigues, dans une surenchère maladroite et peu crédible.  

Un canular qui tourne court, un organe humain découvert sur les rives du loch, la fille de l’enquêtrice impliquée dans la mauvaise blague, un cadavre au pied d’une falaise et un autre au fond du lac, les relations troubles d’un prof avec ses élèves, un ex-taulard dont le complice refait surface, un jeune homme bipolaire, un adolescent catatonique… Le tout, en seulement six épisodes ! (Et on ne spoile même pas, tous les éléments étant introduits quasiment au départ.)

Entre deux cadavres, on admire le paysage

 

C’est beaucoup, c’est même un peu trop. D’autant que les incessants rebondissements ne sont pas toujours cohérents… Contentons-nous d’un exemple (toujours sans spoiler puisque le coup de théâtre survient dès le premier épisode)  : non seulement le prof de piano a été précipité du haut d’une falaise, mais on a également dissimulé les fragments de son crâne dans un sac plastique, caché sous un amas de pierres, et le sang autour du cadavre n’est pas le sien. Des complications excessives qui, au final, n’apportent pas grand-chose à l’histoire – si ce n’est de plonger dans la confusion la police et le spectateur.

Pour autant, Loch Ness n’est pas déplaisante. Elle bénéficie d’abord d’un casting séduisant, avec dans les rôles principaux Shiobhan Finneran et Lauren Fraser, respectivement vues dans Happy Valley et Breaking Bad, sans oublier la délicieuse Simone Lahbib (La Fureur dans le sang). Malgré les défauts d’un scénario confus, la trame principale est intrigante et si l’on parvient à faire abstraction de l’outrance, on peut facilement se prendre au jeu. Au moins, on ne s’ennuie pas ! D’un secret à l’autre, de mystère en mystère, l’intrigue avance rapidement et on se surprend à tenter de deviner qui est le tueur, parmi la multitude de coupables potentiels. On connaît les ficelles et on sait bien que celui que tout semble accuser sera innocent, et qu’il faut au contraire se méfier du suspect le moins évident…  Mais cela fonctionne : en dépit d’un dénouement assez extravagant et  d’un coupable dont l’identité est facile à anticiper, la conclusion est satisfaisante. Sans ces circonvolutions inutiles, Loch Ness aurait toutefois été beaucoup plus convaincante.

Sur le papier, Loch Ness était alléchante : on pouvait espérer que la région du célèbre lac, imprégnée de la légende de la créature qui a fait son renommée, créerait à elle seule une ambiance, une atmosphère qui suffirait à en faire une série à part. Finalement anecdotiques dans le scénario, ces éléments s’effacent, laissant place à plusieurs intrigues un peu trop alambiquées pour convaincre. Et quand on découvre les turpitudes qui agitent les riverains du loch, on comprend mieux pourquoi Nessie préfère rester planqué depuis des siècles…  

Loch Ness (ITV)

6 épisodes de 45′

13ème rue, à partir du 24 Septembre

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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