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On a vu pour vous… le pilote de Shades of Blue avec Jennifer Lopez

Pour succéder à Castle, France 2 fait le pari de Shades of Blue, avec Jennifer Lopez en vedette.

C’est quoi, Shades of Blue ? Mère célibataire, Harlee Santos (Jennifer Lopez) est inspectrice de la police de New York. Flic sexy et dure à cuire, c’est une femme d’action habituée du travail sur le terrain, qui n’hésite pas à couvrir ses partenaires en cas de bavure. Proche de son supérieur Bill Wozniak (Ray Liotta), elle fait partie d’une équipe soudée mais corrompue : aux côtés de ses collègues, elle rackette les petits dealers et s’allie avec les chefs de gang, autant pour maintenir un semblant d’ordre dans les rues que pour arrondir ses fins de mois et augmenter un salaire qui ne lui permet pas d’élever correctement sa fille adolescente. Piégée par l’agent du FBI Robert Staal (Warren Kole), elle est alors confrontée à un dilemme : pour éviter la prison, les fédéraux lui proposent de collaborer afin de faire tomber sa brigade…

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Scène d’ouverture : les traits tirés, le visage défait marqué par les hématomes, Harlee Santos enregistre une confession : « Je me suis toujours dit que la fin justifiait les moyens. Mais maintenant que j’arrive à la fin, je ne peux rien justifier » avoue-t-elle, face caméra. Un flashback nous ramène alors deux semaines plus tôt, avant les évènements qui ont conduit Harlee au point de non-retour. Le procédé est classique : on songe aux récentes Quantico ou How to get away with murder, qui poussent cependant l’effet plus loin en développant deux lignes temporelles. Shades of Blue se contente d’une simple anticipation, pour poser d’emblée la question centrale qui tient lieu de fil conducteur : comment en est-on arrivé là ?

C’est très malin de la part des scénaristes, qui posent  en introduction un regard aux antipodes de celui que l’on porte sur Harlee tout au long du pilote puisque celle-ci nous est dépeinte comme une femme forte et indépendante, sûre d’elle et resplendissante. En tant qu’inspectrice, c’est un bulldozer, elle prend les choses en main et rien ne peut la déstabiliser : l’une des premières séquences la montre falsifiant une scène de crime, après que son équipier novice ait commis une bavure en abattant un suspect désarmé. Boucles en cascade, maquillage impeccable, vêtements sexy mettant en valeur une plastique de rêve, Harlee Santos est toujours parfaite – qu’elle course un malfaiteur, subisse un interrogatoire des affaires internes, ou s’envoie en l’air avec son coach de boxe. Mais sur le plan personnel, elle laisse entrevoir une certaine fragilité… Cette dichotomie aurait pu être intéressante si Shades of Blue l’avait exploitée pour adopter un point de vue féminin, quand le policier véreux et plus largement l’anti-héros restent en général l’apanage des hommes dans la fiction. Mais l’écriture est résolument masculine et transforme Harlee en une sorte de fantasme masculin, entre la bad girl sexy qui colle son mec au mur, la figure maternelle protectrice  et la demoiselle en détresse.

L’autre problème vient du fait que le scénario semble tourner exclusivement autour du personnage incarné par Jennifer Lopez, qui accapare l’écran au point que l’on compte sur les doigts d’une main les scènes dont elle est absente. Sur le long terme, cela pourrait être un handicap dans la mesure où cette omniprésence empêche Shades of Blue d’étendre son récit aux autres protagonistes, alors qu’ils restent au second plan. Encore Ray Liotta profite-t-il de quelques séquences illustrant la complexité du personnage. Mais le reste du casting est sous-exploité, réduit à jouer les utilités – par exemple Drea DeMatteo (Les Soprano, Sons of anarchy) ou Santino Fontana (Crazy Ex-Girlfriend).

En revanche, il y de l’action dans Shades of Blue : courses poursuites, portes défoncées pour faire irruption chez les suspects, plaquage au sol des criminels. On est dans du classique, tout comme pour la mise en scène et, avouons-le, le point de départ du scénario…  La conciliation de la vie de femme-flic et du rôle de mère a déjà été traitée dans The mysteries of Laura et surtout, la brigade de flics ripoux renvoie instantanément à celle de The Shield, série dont Shades of Blue s’inspire sans vergogne. Encore que ce soit un The Shield light et politiquement correct, sans la violence, le réalisme sordide et la subversion qui en faisaient en grande partie l’intérêt. Qu’on se le dise : Harlee Santos n’est pas Vic Mackey.

Shades of Blue a quelques belles cartes à jouer, à commencer par un scénario solide à défaut d’être innovant, et la présence de Jennifer Lopez, sublime et formidable dans le rôle qu’elle endosse. Elle s’annonce donc au minimum comme une série policière très correcte, plaisante à regarder. Pourtant, on ne peut s’empêcher de penser que le résultat pourrait être nettement supérieur. En attendant, Jenny from the block fait quand même le job.

Shades of Blue – NBC / France 2.

A partir du 13 Mars à 20H50.

12 épisodes de 45 minutes environ

A lire aussi : Bosch, de l’écrit à l’écran

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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