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On a revu pour vous… The Shield, la loi selon Vic Mackey

Brute, sale et violente, The Shield dresse un panorama sans concession d’un groupe de flics corrompus emmenés par un anti-héros magnétique. 

C’est quoi, The Shield ?  Dans le quartier de Farringdon à Los Angeles, la Strike team est une équipe d’intervention de la police qui a pour mission de neutraliser les gangs et de juguler la criminalité dans les rues. Shane (Walton Goggins), « Lem » (Kenny Johnson) et Ronnie (David Rees Snell) sont sous les ordres de Vic Mackey (Michael Chiklis), chef de ce groupe d’assaut aux méthodes expéditives. Corrompu et violent, Mackey extorque et torture les criminels, il est prêt à liquider tous ceux qui se mettent en travers de son chemin. Des actions de plus en plus violentes et immorales vont précipiter l’équipe dans une irrépressible descente aux enfers, dont personne ne sortira indemne.

Dans les listes récurrentes des « meilleures séries de l’histoire », on retrouve systématiquement The wire, Oz, Les Soprano ou Breaking Bad.  Il y en est une généralement et injustement absente du classement : The Shield (l’insigne, en Français), créée sur FX en 2002 par Shawn Ryan. Avec entre autres scénaristes Kurt Sutter (Sons of Anarchy), James Manos Jr (Dexter) ou Glen Mazzara (The Walking Dead), la série  dépeint le quotidien d’un groupe de policiers en s’inspirant librement d’un événement réel de la fin des années 1990 : le scandale Rampart, dans lequel plus de 70 policiers de Los Angeles ont été accusés de corruption, de violence et de multiples crimes. 

Une équipe d’intervention de la police de Los Angeles, la « Strike team », opère dans les rues du quartier fictif de Farmington gangrené par la violence des gangs.  Elle compte trois membres principaux : Shane, complètement incontrôlable, Ronnie le plus posé du groupe et Lem, en permanence tenaillé par des dilemmes moraux. Quant à leur chef, Vic Mackey, il obtient des résultats parce qu’il ne s’embarrasse d’aucun scrupule : extorsion, menaces, dissimulations de preuves, corruption, torture…   

Pas un gramme de cocaïne ne circule sans l’accord de Vic, qui s’entend avec les gangs pour limiter la violence au « minimum acceptable ». Il ne recule devant rien : la série commence d’ailleurs lorsqu’il abat un de ses hommes, Terry, infiltré dans l’équipe pour fournir des preuves de leurs exactions. Cette scène choc est l’un des deux événements qui va influer sur toute  la série, l’autre étant le braquage – par la strike team – de l’argent de la mafia arménienne. Deux crimes qui vont entraîner Mackey et ses hommes dans une spirale sans retour vers l’enfer le plus absolu, jusqu’à un final époustouflant sept saisons plus tard.

La strike team en action

The Shield est une série sordide, violente et éprouvante qui ne relâche jamais la pression. C’est une succession frénétique d’action et de tension, d’intrigues brutes et des scènes-choc. D’abord, toute l’action se déroule soit dans le commissariat délabré installé dans une vieille église désaffectée, soit dans les quartiers les plus pauvres et sordides de Los Angeles. Ensuite, The Shield montre tout : viols, meurtres, torture, éventration d’une femme enceinte, membres coupés. Enfin, la réalisation accentue le sentiment d’urgence : brute et dynamique, elle multiplie les zooms, les mouvements de caméra rapides à l’épaule, avec une dimension immersive presque digne d’un documentaire.  

Chaque épisode suit généralement trois intrigues. En parallèle des (ex)actions de la Strike team, le duo formé par les inspecteurs Claudette (CCH Pounder) et Dutch (Jay Karnes) enquête sur un meurtre, tandis que Danny (Catherine Dent) et Julien (Michael Jace) patrouillent dans les rues. Citons aussi la présence du capitaine Aceveda (Benito Martinez), opportuniste ambitieux qui veut se lancer en politique. Il est forcément en porte-à-faux vis-à-vis de la Strike team, leurs résultats étant aussi bons pour sa réputation que leurs méthodes potentiellement dévastatrices pour sa carrière.

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Une partie des acteurs de The Shield

En terme de casting, The Shield est une pépite. De Walton Goggins à Jay Karnes en passant par CCH Pounder, Kenny Johnson ou Benito Martínez, ils sont parfaits – il n’y a pas d’autre mot. Y compris face à deux immenses interprètes qui ont joué des rôles essentiels : la magnifique Glenn Close (la capitaine Monica Rowling en saison 4) et le grand Forest Whitaker (le lieutenant des affaires internes Jon Kavanaugh en saison 5).

Mais la star de The Shield, c’est indéniablement Michael Chiklis, dont la performance incroyable a stupéfié tout le monde – à commencer par Shawn Ryan. Métamorphosé physiquement, il est exceptionnel d’intensité et d’ambiguïté du début à la fin. Et précisément, l’ambiguïté du personnage est au cœur de The Shield. Mackey est de la même trempe que le Andy Sipowicz de NYPD Blue  – en pire. Un flic corrompu jusqu’à la moelle qui protège une jeune prostituée sans aucune arrière-pensée, un père affectueux et aimant capable de brûler le visage d’un suspect sur une plaque de cuisson, un type qui abat froidement un collègue et qui pleure quand un enfant meurt dans ses bras. Cette complexité et cette dualité permanentes mettent en difficulté le spectateur, incapable de sympathiser avec le personnage et incapable de le détester. Il le dit lui-même : lorsqu’on lui demande s’il est le gentil flic ou le méchant flic, il répond qu’il est un « flic d’un autre genre ». Mais quand même, l’un des pires fils de… qu’on n’ait jamais vu dans une série.

Bourrée d’action, de scènes-chocs et de violence, The Shield est une grande série. Mais une série dure, où rien ne finit bien et dont personne ne sort indemne. Pas mêmes les États-Unis, Dans The Shield, des quartiers entiers s’effondrent sous le poids des gangs et de la criminalité ; pour les combattre, il faut des flics implacables qui passent outre la loi, l’ordre et la morale. Mais quand tout est permis, quand  la distinction entre Bien et Mal est abolie, que reste-t-il de l’État de droit ?  Que reste-t-il de la justice ? Que reste-t-il de l’insigne de police et de ce qu’il représente ? C’est une des questions que pose The Shield, avec sa noirceur, son pessimisme et son amertume terrifiante.

The Shield
7 saisons – 88 épisodes de 45′ environ.
En intégralité sur Amazon Prime Video.

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About author

Rédacteur en chef du pôle séries, animateur de La loi des séries et spécialiste de la fiction française
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