Samedi 12 septembre. C’est dans un stade Pierre-Mauroy plein à craquer que les huitièmes de finales n°3 et 4 de l’Euro de basket se disputaient. Au programme, Espagne-Pologne et France-Turquie. Retour sur ces deux matchs.
Aux alentours du terminus de la ligne jaune du métro lillois se hisse l’un des stades les plus modernes d’Europe. C’est dans cette enceinte que du 12 au 20 septembre prochain se déroulent les phases finale de l’EuroBasket 2015.
Après un trajet d’une trentaine de minutes durant lequel plusieurs supporters polonais paraissaient un peu perdus, nous voila enfin arrivés devant le grand stade. Fait à noter, une queue de plusieurs mètres nous attends encore avant de pouvoir rentrer. C’est seulement sous les coups de 18 heures que je peux enfin voir au loin mon siège (E06, rangée 35, place 95) et m’asseoir paisiblement. C’est également le moment que choisit le speaker pour annoncer l’entrée des deux équipes. Comme à son habitude en France, l’Espagne est fortement huée tandis que la Pologne, elle, est soutenue à la fois par les Polonais ayant fait le déplacement mais également par quelques supporters français qui voient en cette sélection la possibilité d’éviter l’Espagne en demi-finale.
Un match déjà joué d’avance ?
C’est effectivement ce que l’on pouvait penser avant le début du match et même de la compétition. La Pologne, 42e au dernier classement établi par la Fédération Internationale de Basket-ball Amateur (FIBA) pouvait-elle réellement faire le poids face à l’ogre espagnol, 2e de ce même classement ? Malgré les absences de Marc Gasol, d’Ibaka, de Rubio ou encore de Rudy Fernandez côté espagnol, le match paraissait joué d’avance. En effet, on pouvait penser cela avant que cette toute petite nation du basket européen ne bouscule l’équipe de France en poule perdant de trois points seulement dans les derniers instants. D’autant plus qu’en y regardant de plus près sur le papier, cette sélection est tout de même plus forte qu’elle n’en a l’air. Emmenée par le pivot des Washington Wizards Marcin Gortat, la Pologne peut également s’appuyer sur la puissance du franco-polonais Aaron Cel évoluant à l’AS Monaco Basket.
Vous l’aurez compris, c’était donc un match un peu piège pour l’Espagne auquel j’allais avoir le plaisir d’assister. Cela se ressentit dès le début du match et de la fin du premier quart avec une avance du côté espagnol de seulement 5 points (25-20).
Sous l’impulsion de Przemyslaw Karnowski, la Pologne s’offre même le luxe d’infliger un 9-3 en tout début de deuxième quart-temps (28-29). La réaction ne se fait pas attendre côté espagnol par l’intermédiaire de l’emblématique Pau Gasol adroit derrière la ligne des trois points. À la mi-temps, l’écart est minime (41-39).
Au retour des vestiaires, on pouvait penser que la Pologne marquerait le pas ; c’était sans compter sur la vitesse du meneur AJ Slaughter (9 points au total). La sélection polonaise tient tête et à la fin du 3e quart, les deux équipes n’arrivent toujours pas à se départager (55-55).
Gasol trop fort dans le dernier quart-temps
Redoutant une queue monstre à la fin du match, je profite de la fin du troisième quart-temps pour aller en vitesse me procurer un sandwich. Malheur pour moi, cela prend plus de temps que prévu. A mon retour, l’Espagne a quelque peu pris le large (62-55).
Après avoir tenu un peu plus de 30 minutes face à l’Espagne, les Polonais subissent. Malgré l’absence de son frère, Pau Gasol prend tout de même feu et permet à son équipe de se détacher. Très adroit derrière la ligne des trois points, le joueur des Chicago Bulls inflige un 8-0 à la Pologne à lui tout seul à 4’30 de la fin (77-59). C’est alors que le match prend une tout autre tournure, les Polonais sont gênés par le pressing espagnol et multiplient les échecs face au panier (27 sur 62 soit 43,5% de réussite). Ils pourront également regretter leur excès d’agressivité, se retrouvant deux quart-temps de suite à plus de 5 fautes, permettant à leurs adversaires d’aller derrière la ligne des lancers francs à de nombreuses reprises. Comme un symbole, leur leader Marcin Gortat sortira pour 5 fautes à trois minutes de la fin laissant ses coéquipiers s’incliner sur le score de 80 à 66.
Ovationné à sa sortie, Pau Gasol confirme également son excellente compétition jusqu’à présent, il termine avec 30 points. Coté Polonais, c’est Damian Kulig qui termine meilleur marqueur avec 10 points.
Les espagnols retrouveront les Grecs quart de Finale dès demain, vainqueurs des Belges (75-54). Un match qui s’annonce encore difficile pour eux.
Je profitais de la pause pour terminer mon sandwich et me plonger dans les statistiques du match. Pendant ce temps-là, le speaker chauffait peu à peu le stade et nous annonçait un chiffre record : 26135. C’est le nombre de spectateurs présents au stade, ce qui en fait la plus grande salle de basket européen. A mesure que l’échéance approchait, les supporters s’égosillaient à coup de « Qui ne saute pas n’est pas français ! » et de « Allez les bleus ! ». Soudain plongés dans le noir, nous ne pouvions qu’apercevoir les drapeaux tricolores lorsque l’Équipe de France fit son entrée. Comment décrire cette sensation ? C’est comme si vous viviez quelque chose que vous attendiez impatiemment pour la première fois, l’émotion était au rendez-vous, les frissons aussi…
C’est à ce moment que bizarrement, j’eu un moment de stress pour notre équipe nationale. En effet, en me replongeant dans ma mémoire, je ne pouvais que penser à ce huitième de finale de Coupe du monde perdu cinq ans plus tôt à Istanbul sur le score de 95 à 77.
Je fus stoppé net dans mes pensées quand fut venu le temps des hymnes et celui de la Marseillaise. Une fois de plus, les frissons m’envahissaient devant cette cohésion de plus de 26000 personnes.
Le match pouvait enfin commencer, Rudy Gobert surclassa Semih Erden sur l’entre-deux. Après un bon début de match, les Français mettaient les Turcs à distance (17-10). Moment choisi par Ali Muhammed, le meneur turc pour faire parler sa vitesse devant Tony Parker et permettre à son équipe de repasser devant (19-23) en début de deuxième quart-temps. Ce sera seulement au quart d’heure de jeu que les Français se détacheront peu à peu par l’intermédiaire de Nando De Colo notamment. À la mi-temps, le score est de 36-26.
Parker transparent, De Colo présent
En début de troisième quart, le joueur de Milwaukee Bucks Ersan Iliyasova, bien aidé par son coéquipier Sinan Guler, permet à la Turquie de rester au contact (43-36). C’est à ce moment que l’entraîneur turc Ergin Ataman se révolte. Après un nettoyage de la raquette de Rudy Gobert, il devient fou de rage. Faute technique. À six minutes de la fin du troisième quart-temps, Tony Parker, peu en réussite jusque-là, inscrit ses premiers points. Le public est magique, Ola, marseillaise, tout est mis en oeuvre pour que les Bleus aillent jusqu’au bout. Les joueurs de Vincent Collet s’échappent et mènent même de 28 points à un moment (72-44). L’entraîneur français fait donc tourner, Jaiteh et Westermann font leur entrée. Le premier terminera même avec quatre points à son compteur. Sur un dernier lay-up manqué par ce dernier à 17 secondes de la fin, la France s’impose 76-53 et rejoint en quart de Finale la Lettonie, vainqueur de la Slovénie (73-66).
Nando De Colo termine meilleur marqueur de la rencontre avec 15 unités, bien épaulés par le duo Lauvergne-Fournier (12 points chacun). À noter les cinq points de Tony Parker mis en difficulté par Ali Muhammed, sans gravité.
Le public est debout, les drapeaux coordonnés, c’est le moment que je choisis pour sortir de l’enceinte et rejoindre le métro. À ma surprise générale, ce dernier n’est pas dépourvu de places. Pour le match de mardi, pas de billet en ma possession mais je ferai le déplacement jusqu’au Palais des Beaux-Arts pour encourager cette équipe de France une fois de plus car oui, elle a le potentiel pour aller jusqu’au bout de cette compétition. Elle l’a en tout cas montré ce samedi soir.
La soirée en chiffres :
26135
Comme le nombre de spectateurs présents ce soir-là, ce qui fait du stade Pierre-Mauroy la plus grande enceinte du basket européen. Mais c’est encore loin de l’affluence du All Star Game 2010 qui s’était déroulé dans un stade de NFL.
118
Le nombre de décibels atteint à un moment donné de la soirée après un concours organisé par le speaker de la salle.
4
Le prix du sandwich merguez à l’unité.
9
Cela fait neuf fois de suite que les Bleus sont présents en quarts de finale d’un championnat européen, la série à débuté en 1999.
Reportage recueilli par Bastien Monbet pour Radio VL.