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On a vu pour vous… dans Dr Death, Joshua Jackson est un monstre avec un scalpel

Tirée d’une histoire vraie, la série Dr Death retrace le parcours sanglant d’un neurochirurgien qui a mutilé et tué des dizaines de patients pendant des années.

C’est quoi, Dr Death ? Le docteur Christopher Duntsch (Joshua Jackson) est un neurochirurgien charismatique, réputé et brillant, qui s’est fait un nom dans la recherche médicale. Mais quelques semaines seulement après son arrivée dans un hôpital privé de Dallas, plusieurs de ses patients sont mal en point après des interventions pourtant classiques : l’un d’eux est sous assistance respiratoire et un autre sort du bloc paralysé.  Alertés, les chirurgiens Robert Henderson (Alec Baldwin) et Randall Kirby (Christian Slater) se penchent sur la carrière de leur collègue et découvrent d’autres victimes, mutilées ou mortes sur la table d’opération. Les deux médecins s’interrogent : s’agit-il vraiment de « simples » erreurs médicales ?  Et comment Duntsch peut-il encore avoir le droit d’exercer ? 

Le docteur Christopher Duntsch ? C’est un jeune médecin charmant et rassurant, un neurochirurgien brillant qui se soucie de ses patients, un professionnel à la pointe de la recherche dans son domaine ; il exerce dans son cabinet et dans une prestigieuse clinique de Dallas. Oh, et c’est aussi un type complètement perturbé et instable mentalement qui a fait plusieurs victimes au bloc opératoire. Précision importante :  la série Dr Death, disponible en France sur Starzplay le 12 Septembre et présentée lors du festival Séries Mania, est tirée d’une histoire vraie. Parfois légèrement romancée mais globalement fidèle à la réalité, elle retrace le parcours terrifiant de ce chirurgien qui a mutilé ou tué une trentaine de patients en quelques années. 

A lire aussi : Dr. Death sur Starzplay : qui était le vrai docteur Christopher Duntsch ?

Pourtant, au départ, Duntsch est un chirurgien spécialiste des opérations de la colonne vertébrale qui jouit d’une excellente réputation auprès des patients et de toute la communauté médicale. Mais avec un titre pareil, Dr Death ne laisse évidemment aucun doute quant à ce qui peut arriver lorsque Duntsch a un scalpel entre les mains : le premier épisode débute peu de temps après son arrivée au Dallas Medical Center, alors que plusieurs de ses patients sont sortis du bloc sous assistance respiratoire ou paralysés suite à des opérations apparemment banales. Les chirurgiens Henderson et Kirby examinent alors la carrière de leur collègue, découvrent d’autres procédures ratées, d’autres patients aux séquelles irréversibles voire des morts. Ils alertent leurs supérieurs sur  celui qu’ils surnomment désormais Dr Death ; à leur grande stupeur, les systèmes administratif et médical s’allient pour protéger ce médecin incompétent… ou criminel.

Les docteurs Kirby et Henderson, alliés contre Duntsch

A partir de là, la série alterne entre passé, présent et futur. C’est sans doute sa principale faiblesse, cette structure narrative complètement éclatée étant parfois confuse et difficile à suivre malgré les dates indiquées en insert. De flash back en flash forward, on découvre  diverses périodes de la vie personnelle ou professionnelle de Duntsch, des moments les plus difficiles (sa relation avec son père, son procès) aux plus heureux (ses succès dans la recherche médicale, l’ouverture de son cabinet). Dans le même temps, on suit ces deux médecins déterminés à mettre un terme à l’hécatombe qu’il laisse derrière lui, mais qui se heurtent à des obstacles inattendus. Sans oublier l’insertion de scènes d’opération dignes d’un film d’horreur avec des vis enfoncées dans la colonne vertébrale, des os arrachés et des muscles lacérés. Et on est terrifié lorsque Duntsch s’apprête à opérer son meilleur ami parce qu’on sait désormais de quoi il est capable…

Aux côtés de l’excellente Grace Gummer et des grands Alec Baldwin et Christian Slater, c’est Joshua Jackson (Dawson, Fringe, The affair) qui enfile la blouse ensanglantée du Dr Death. La transformation physique en fonction des époques est ratée (Jackson n’est pas crédible une seconde en adolescent, le fat suit des années de procès est ridicule) mais l’acteur, lui, est formidable dans le rôle. Il sait se montrer à la fois charmant et effrayant, avec son sourire avenant que dément un regard glacial. 

Dans une interview, Jackson confiait qu’il voyait au départ son personnage comme un psychopathe avant de comprendre que « c’était beaucoup plus effrayant que ça. Ce n’était pas un psychopathe, (…), il pensait qu’il était un chirurgien brillant, un génie, et il croyait que le problème, c’était les autres ». Or justement, le plus troublant, c’est que la série ne pose aucun mot ou diagnostic sur l’état du médecin : est-il un égocentrique incapable qui a utilisé sa profession prestigieuse pour gravir l’échelle sociale, un psychopathe insensible qui prenait du plaisir à détruire le corps et la vie de ses patients, un médecin mal formé qui se prenait pour Dieu ? Tout ce qu’on ait, en tant que spectateur, c’est qu’il a laissé derrière lui des patients atrocement mutilés et des morts – peut-être par incompétence, peut-être par sadisme, peut-être par inconscience. 

Joshua Jackson, parfait en Dr. Duntsch et Mr. Death

Autre question non moins dérangeante : comment ce type a-t-il pu opérer pendant des années, faire une trentaine de victimes sans qu’aucun mécanisme de contrôle ne donne l’alerte ? Dans Dr Death, la réponse se dessine progressivement : dans un système de santé privatisé, basé sur la rentabilité plutôt que sur le bien-être et la sécurité des patients, les décideurs et responsables se protègent et se couvrent mutuellement. C’est un système perverti et donc défaillant : les erreurs médicales sont la troisième cause de décès aux États-Unis.

Dr. Death plonge le spectateur dans un tourbillon de violence et d’horreur – à la fois physique et psychologique. Malgré quelques défauts, la série mérite d’être vue. D’abord, pour les performances remarquables de l’ensemble des acteurs, au premier rang desquels Joshua Jackson ; ensuite parce qu’elle instaure un malaise insaisissable entre incrédulité et effroi grandissant ; enfin parce qu’elle donne à connaître l’histoire hallucinante mais vraie de ce Docteur La Mort, et qu’elle éclaire le fait divers en dénonçant un système de santé américain partiellement régi par des questions financières et politiques. Au détriment de millions de patients.

Dr Death.
8 épisodes de 45′ à 63′ minutes. 
Le 12 Septembre sur StarzPlay. 

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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