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On a vu pour vous … le pilote de Hanna, une bonne entrée en matière

Efficace, ce premier épisode de Hanna dit l’essentiel et suscite l’intérêt ; bien que prometteur, il ne permet sans doute pas de se faire une idée d’ensemble.

C’est quoi, Hanna ? Erik (Joel Kinnaman) et Joanna (Joanna Kulig) s’enfuient avec le bébé qu’ils viennent d’enlever dans une maternité en Roumanie et tentent d’échapper à de mystérieux poursuivants. Quinze ans plus tard, Erik s’est réfugié en Pologne avec sa fille Hanna (Esme Creed-Miles), qu’il élève seul dans l’isolement le plus total. En pleine forêt, loin de toute civilisation, il soumet l’adolescente à un rude entraînement, la prépare à se battre et à affronter toutes les situations. Hanna en ignore la raison mais lorsque des agents de la CIA emmenés par Marissa Wiegler (Mireille Enos) retrouvent leur trace, elle va mettre en pratique ses compétences hors-normes.

Amazon attend apparemment beaucoup de sa nouvelle série, Hanna, dont la première saison comporte huit épisodes écrits et produits par David Farr (The Night Manager), co-auteur du film éponyme de 2011 dont elle est l’adaptation. Présentée en clôture du festival Séries Mania, elle sera officiellement lancée le 29 Mars, mais la plate-forme lui a assuré une exposition maximale grâce à la diffusion d’une bande-annonce spectaculaire lors du dernier Super Bowl et en mettant le pilote à la disposition de ses spectateurs dans la foulée.

Qui a vu le film original sait à peu près à quoi s’attendre, et connaît déjà les grandes lignes du scénario et la tournure que vont (très probablement) prendre les événements. Pour qui plonge dans la série sans savoir de quoi il retourne, ce pilote est un épisode introductif efficace. Globalement bien mené, il immerge directement le spectateur dans l’histoire,  met en place la situation et les personnages de manière convaincante et intrigante. L’action se déroule presque exclusivement dans la forêt où se cachent Hanna et son père, montre leur isolement et la manière dont la jeune fille apprend à se défendre contre une menace inconnue, jusqu’au moment où leur vie solitaire est bouleversée. Il est clair qu’après ce basculement, le reste de la saison sera bien différent, et on entrevoit déjà les enjeux et mystères qui seront révélés peu à peu (l’histoire d’Erik, les motivations de Wiegler et de la traque orchestrée par la CIA, les origines d’Hanna), à mesure que l’héroïne découvrira les secrets entourant sa vie.

Amazon présente d’ailleurs l’histoire comme un mélange de thriller et de récit initiatique, et l’on retrouve ces deux aspects dans ce premier épisode. La scène d’ouverture, efficace et musclée, est accrocheuse ; les séquences suivantes, qui montrent Hanna et son père reclus dans une cabane au fond des bois et la manière dont il entraîne notre héroïne en mode commando, a quelque chose du thriller survivaliste en pleine nature ;avec l’irruption des agents de la CIA, la série vire à l’affrontement pur et dur. En arrière-plan, une Hanna en pleine adolescence commence à s’interroger sur elle-même, sur son père, sur leur mode de vie mais aussi sur le monde qui existe au-delà de l’univers étriqué dans lequel elle est cantonnée depuis sa naissance, sans en connaître la raison.

Ne vous fiez pas à son air angélique…

En marge de l’intrigue elle-même, de la conspiration que l’on devine et de la lutte de Hanna pour échapper à ses ennemis, il sera certainement  intéressant de voir de quelle manière la série compte aborder sa confrontation avec la société, lorsqu’elle sera immergée dans un contexte auquel elle n’est pas habituée, elle qui a grandi dans un environnement clos où elle a appris à se méfier de tout et de tous.  On en a déjà un avant-goût, lorsque sa rencontre fortuite avec une famille de vacanciers la plonge dans la confusion.

Dans le rôle de Hanna, Esme Creed-Miles semble du reste excellente, aussi bien dans les scènes d’action qui la voient mettre à terre à mains nues un homme deux fois plus grand qu’elle, que dans les séquences plus intimistes, où elle laisse affleurer la naïveté et la sensibilité du personnage. C’est aussi un plaisir de voir se reformer le duo de The Killing, bien qu’il soit encore un peu tôt pour juger de la performance de Mireille Enos, peu présente dans cet épisode. Et si pour le moment, Joel Kinnaman prend le parti de jouer Erik avec sa froideur habituelle un peu monotone, il laisse quand même entrevoir quelques facettes de ce rôle complexe, en particulier sa peur, son amour pour sa fille, les sacrifices qu’il est prêt à faire pour la sauver, mais aussi sa dureté et les raisons de son comportement.

Hanna et son père, en mode survivaliste

Réalisé par Sarah Adina Smith (Legion), cet épisode est également très esthétique, en particulier dans la manière dont sont mis à profit les paysages : les forêts majestueuses et denses ou l’immensité immaculée avec la neige à perte de vue renforcent la sensation d’isolement et d’autarcie, rendent palpables la tension et la menace qui pèsent sur les héros. Toutefois, la mise en œuvre du récit demeure pour l’instant assez classique ; du moins plus convenu que celle du film, au parti pris visuel et sonore (Ah ! La musique des Chemical Brothers!) nettement plus audacieux. Et ce, quoi qu’on en pense au final… Si le reste de la saison s’inscrit dans la même ligne, on peut s’attendre à une série d’action rythmée et attrayante. Pas forcément exceptionnelle, mais que l’on suivra avec intérêt.

Le premier épisode de Hanna fait ce qu’on attend d’un pilote : soit une mise en place prenante de l’histoire, avec suffisamment d’informations sur la situation et les personnages pour éveiller la curiosité sans trop en dévoiler. Solide sur le plan narratif, il semble donc surtout tenir lieu d’introduction et ne permet pas forcément de se faire une idée de la série dans son ensemble. Mais le destin de Hanna nous intrigue déjà et on a bien envie d’en découvrir davantage. N’est-ce pas l’essentiel ?


Hanna (Amazon Prime Video)
8 épisodes de 50′ environ.
Disponible à partir du 29 Mars.

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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