C’est l’un des spectacles événement de ces dernières années : Les souliers rouges à la Salle Pleyel, puis en tournée, avec notamment une nouvelle héroïne.
« Une comédie ballet » tragique
C’est en 2016 que l’on découvre pour la première fois Les souliers rouges, spectacle de Marc Lavoine et Fabrice Aboulker, inspiré par le conte de Hans Andersen. Comme ce fut le cas pour Le soldat rose, une distribution à base de visages connus lance le show et quelle distribution : Arthur H, Marc Lavoine et la voix délicieuse de Cœur de Pirate. Le livret est superbe mais laisse présager un spectacle bien plus sombre que ceux que l’on voit d’ordinaire à Paris, à base de pacte avec le diable.
Huit ans plus tard, le spectacle était de retour à la Salle Pleyel (après être passé en 2020 juste avant le confinement par Les Folies bergères) avec une nouvelle héroïne, Céleste Hauser (Isabelle), et toujours Guilhem Valayé (Victor), et Benjamin Siksou (Ben).
Les Souliers Rouges raconte l’histoire d’Isabelle, une jeune fille au cœur pur, qui monte à Paris pour tenter d’accomplir son rêve : devenir danseuse à l’Opéra. Une nuit d’insomnie, Victor, le chorégraphe de l’Opéra, décide de se lancer dans un projet insensé́ : monter le ballet maudit Les Souliers Rouges. La légende dit que le diable hante depuis toujours les couloirs de l’Opéra et qu’il y aurait caché́ une paire de ballerines rouges. Ces chaussons magiques portent en eux un piège : celle qui les chaussera connaitra la renommée mais devra renoncer à l’amour. Isabelle devra choisir entre l’amour et la danse… sans quoi la malédiction s’abattra sur elle et sur Victor.
Les souliers rouges : bouleversant spectacle et ses belles harmonies
Difficile d’imaginer passer après la distribution originale et pourtant chacun des 3 artistes remplient sa mission haut la main. On conviendra seulement que leur identité vocale est sans doute moins marquée que celle de la distribution de 2016. Mais ils parviennent tous à s’emparer de leur partition et de leur rôle avec un talent qui force l’admiration, notamment l’incroyable révélation de ce spectacle qu’est Céleste Hauser dont la voix cristalline et puissante s’empare de nous et nous touche plus que de raison. Mais sa prouesse réside aussi dans le fait de danser en même temps que le ballet préparé pour l’occasion. Nous ne sommes pas seulement dans de la chorégraphie typique des comédies musicales mais bien d’une danse classique qui impose une composition très complexe quand elle est mêlée au chant. L’harmonie des deux chez la jeune femme est de toute beauté. A ses côtés, on (re)découvre Guilhem Valayé, révélé par The Voice saison 4 et l’excellent Benjamin Siksou et son timbre si reconnaissable. Le mariage de ces 3 talents contribue à faire du spectacle un moment inoubliable.
Un livret merveilleux pour Les souliers rouges
Ce qui rend un spectacle musical réussi c’est avant tout son livret, la puissance de ses chansons et leur cohérence avec le show global. Marc Lavoine et Fabrice Aboulker se connaissent parfaitement, lui qui composé les grands tubes de Marc Lavoine, depuis le premier « Pour une biguine avec toi« . Ils signent ici un livret puissant, poignant qui montent crescendo avec de nombreux temps forts et de nombreux titres qui ont la force de pouvoir rester, y compris hors du spectacle.
Depuis le premier album de 2016, le livret a été étoffé et contient aujourd’hui bien plus de titres. Difficile de tous les retenir mais on notera notamment le sublime « Nijinsky et Ivanovna« , mais aussi le très réussi et efficace « Pygmalion« , et bien sur « Vivre ou ne pas vivre » ou « Le ballet diabolique« . Le tout emporté par une mise en scène étourdissante qui ne laisse pas indifférent.