La série Le code est la nouvelle pépite que nous propose le service public. Créée par l’équipe derrière Chérif, c’est une série à ne pas manquer !
C’est quoi Le Code ? Un éclat de balle inopérable peut être fatal à tout moment à Idriss Toma, brillant avocat parisien, jusqu’alors allié incontournable des riches et des puissants. Conscient que la vie lui a offert une seconde chance, il retourne à Lille et s’associe à Nadia Ayad, avocate engagée et Jeanne Vanhoven, une ex-gloire du barreau. Avec l’aide de deux jeunes collaborateurs, ils mettent leur talent au service de celles et ceux que la machine judiciaire menace d’écraser.
La série judiciaire : le parent pauvre de la fiction française
On le dit souvent mais la fiction française aime à se nourrir de polars. Elle en mange à tous les repas, matin midi et soir. Quelques séries ont su tirer leur épingle du jeu, mais il est vrai que l’on a l’impression que beaucoup se ressemblent. Le pendant de « l’ordre » (donc la police), c’est « la loi » (la justice) comme le rappelle semaine après semaine, la franchise de Dick Wolf, Law and Order. Si les exemples existent à la télévision française, ils n’ont pas brillé pour la plupart par leur longue exposition. On oubliera Tribunal ou Cas de divorce, pour retenir Avocats et associés et bien sûr Engrenages qui, comme Law and Order, a su présenter les deux versants de la justice. On pourrait aussi citer On va s’aimer un peu beaucoup mais la série fut trop tôt sacrifiée par la chaîne. Pourtant, comme on l’a vu avec les deux exemples cités plus haut, la justice est un formidable miroir de notre société (comme la série médicale l’est tout autant). La télévision américaine ne s’y est d’ailleurs pas trompée. Outre Dick Wolf, deux immenses auteurs en ont fait leur spécialité.
D’un côté Steven Bochco avec LA Law ou Murder One ; de l’autre David E. Kelley avec la sublime The Practice, mais aussi Boston Legal, ou encore Picket Fences même.
Ces deux auteurs sont des incontournables dont il convient de connaître le travail quand on est un auteur et qu’on entend se pencher sur le genre de la série judiciaire « à l’américaine ». Ca tombe bien, France 2 a choisi de confier à un amoureux des séries télévisées américaines, et de ces deux auteurs en particulier, le soin de créer une nouvelle série judiciaire pour la chaîne. Lionel Olenga, créateur de Cherif (déclaration d’amour à une certaine idée de la télévision) arrive donc avec son Code et rend le plus beau des hommages à ses pères américains.
Le Code : un bel hommage à la fiction judiciaire que l’on aime
Après Empreintes Criminelles et Chérif, on connaît l’amour profond que Lionel Olenga entretient pour une certaine fiction américaine. Cette fiction a nourrit son imaginaire et son travail lui permet, épisode après épisode, de l’adapter à notre fiction par le truchement de l’hommage direct ou indirect. Il a pu trouver avec Making Prod le parfait allié pour mettre en images ses envies. Tout comme dans ses partenaires d’écriture où l’on retrouve notamment Nicolas Robert, ancien journaliste séries, et grand amoureux de la même fiction américaine. On oubliera pas Cécile Even qui complète ce trio de redoutables auteurs.
Le code renoue avec le meilleur de cette fiction : une écriture efficace, sans temps morts, enlevée dès les premières minutes ; des personnages parfaitement caractérisés et charismatiques – à l’image de Daniel Lobé (Idriss) qui bouffe littéralement l’image, mais également l’excellente Christiane Millet qui n’est pas sans rappeler le personnage de John Cage dans Ally McBeal, ou Barbara Probst dont la ressemblance avec Kelli Williams (The Practice) est saisissante et qui nous saisit par la très grande sensibilité qui transparaît de son personnage et qu’elle porte merveilleusement bien ; des seconds rôles comme les juges ou les procureurs qui ne sont pas sans rappeler les personnages délicieusement savoureux de David Kelley (à certains moments, on ne peut que penser par exemple à Picket Fences).
Côté intrigues, si on peut regretter le recours systématique à des guests dans chaque épisode, on se laisse totalement happer par chaque cas développé au sein des épisodes. A la manière des séries américaines, certains cas occupe un épisode, d’autres s’étendent sur plusieurs. D’ailleurs, à la manière de Hill Street Blues ou LA Law, chaque épisode s’ouvre sur un brief du cabinet sur les cas à venir. A la différence des séries américaines, plus fournies en nombre des épisodes par saison ce qui leur permet de s’intéresser à des cas très précis, Le Code traite davantage des « archétypes » d’affaires, assez proches du polar. En revanche, l’écriture prend bien soin de montrer, un peu à la manière de Law and Order, que derrière une affaire en apparence simple, les rouages de la justice peuvent la rendre complexe.
Dans la mise en forme de la série, le plus grand soin a été apporté à l’ensemble, qu’il s’agisse de la mise en scène, de la musique excellente, ou de la photographie très léchée en passant par les décors, classes au possible. Le décor du cabinet, associé à la très belle lumière, n’est pas sans rappeler celui du cabinet Donnell et Associés dans The Practice.
Le code a déjà tout d’une grande et on lui souhaite la plus belle des réussites. Avec des cas plus « originaux » comme les américains savent le faire, et un peu plus de « décalé » encore dans les situations et les personnages, la série pourra encore s’améliorer. Mais on ne peut que se dire que certains auteurs seraient très fiers et heureux que l’on rende aussi bien hommage à leur travail.
Ce que l’on retient de cette saison 1 du Code