Soupçons ouvrira la saison 2019 / 2020 de France 3. Un thriller sentimental qui n’est pas sans rappeler The Affair ou le film Gone Girl.
C’est quoi Soupçons ? Victoire déménage dans le sud-est de la France avec sa famille. Elle retrouve dans ce petit village Florent, son amour de jeunesse. Malgré les années, l’attirance n’a pas disparu et très vite, ils succombent à leur passion. Tous les deux mariés avec enfants, cette situation devient rapidement ingérable. Ils prennent alors la décision de quitter leurs conjoints quand, subitement, l’épouse de Florent disparaît.
Soupçons : des jeux d’amour et de hasard
Présentée à Séries Mania en compétition française, la série Soupçons avait plutôt convaincu par sa thématique et son ambiance pesante. 6 épisodes plus tard, elle se révèle globalement une vraie réussite.
Le trio amoureux entre Julie Gayet et les deux hommes de sa vie Thomas Jouannet – Bruno Debrandt constitue la première grande réussite de la série. Ça joue bien et les nombreux faces à faces entre eux deux sont vraiment agréables et jouissifs. On y ajoutera l’excellente Marie Dompnier qui, même si elle est moins présente à l’image, se révèle toujours touchante et bouleversante.
L’intrigue est plutôt bien ficelée, les auteurs n’hésitent jamais à jouer avec le spectateur, l’égarer dans ses certitudes et lui réserver des twists savoureux difficilement prévisibles. L’art du bon twist est si rare dans nos séries pour le souligner quand il est réussi. La série prend au début un peu (trop ?) son temps pour dévoiler son enjeu mais une fois lancée, la narration s’accélère pour ne plus nous lâcher jusqu’à la dernière minute du dernier épisode.
Sans jamais avoir recours à du grand spectacle, Soupçons privilégie toujours une atmosphère singulière et en parfaite adéquation avec le sujet de la série. Même si la communication autour de la série s’est maladroitement décalquée sur celle de The Affair, il est indéniable qu’une proximité existe entre les séries, même si The Affair n’oublie jamais son histoire d’amour là où Soupçons lorgne plus, évidemment, sur du polar.
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Un déséquilibre dans la narration dans la série
Malgré ses très nombreuses qualités, Soupçons n’échappe pas aux travers assez récurrents des séries françaises. Même si la série soigne son rythme, ménageant de très bons effets de surprises dans la mise en place de ses personnages, on sent un profond déséquilibre dans l’ensemble.
La réussite de Soupçons (comme The Affair), c’est d’osciller entre histoire d’amour et drame policier (comme élément de tension de l’ensemble). Le problème ici est que Soupçons bascule trop vite définitivement de l’un à l’autre. Et pour cause, il n’y a que 6 épisodes donc pas le temps de s’étendre. Si on croit sans problème à l’amour qui lie Julie Gayet à Bruno Debrandt, on peine à croire qu’elle dure depuis plusieurs mois quand on aborde le second épisode.
De la même manière, la série se tend ensuite entre les épisodes 2 à 5 pour ensuite effectuer un petit bon dans le temps dans l’épisode 6 pour conclure la série. Mais pour que l’ensemble fonctionne réellement à fond, il aurait fallu développer l’histoire sur 2 ou 3 saisons et ne pas rester coller au modèle de la mini série.
Objectivement, Soupçons possède tout dans ces 6 épisodes pour constituer une série au long court : l’amour, le polar, les questions sur la maternité, les changements de perspectives et de temporalité, …
Détail parmi tant d’autres : l’épisode 5 est construit et se termine comme un épisode de fin de saison, et l’épisode 6 possède toutes les thématiques d’une saison entière mais réduit à 1 seul épisode. Résultat : ça va très (trop) vite dans ce final, la résolution est trop abrégée (un peu trop mielleuse même) et le dernier rebondissement n’est pas assez soigné à l’image. C’est vraiment dommage car ce n’est pas un soucis de talent dans l’histoire mais plus une question de format qui ne colle pas à l’histoire.