Présentée lors du festival Séries Mania, Starstruck est une petite comédie romantique légère, drôle et plaisante.
C’est quoi, Starstruck ? Jesse (Rose Matafeo) est une Néo-Zélandaise qui vit à Londres, où elle partage un appartement avec son amie Kate (Emma Sidi) tout en multipliant les petits boulots pour joindre les deux bouts. Lors d’une soirée, elle fait la connaissance de Tom Kapoor (Nikesh Patel) : la complicité et l’attirance entre eux sont immédiates. Au lendemain d’une nuit torride, Jesse réalise que son amant d’un soir est en fait un acteur mondialement connu ; elle prend peur et rompt toute relation. Pourtant, tous les deux ne vont cesser de se croiser, de se retrouver et de se séparer, la jeune femme étant à la fois séduite par Tom et réticente à l’idée de sortir avec une star.
Pour écrire et interpréter l’héroïne de Starstruck, Rose Matafeo s’est appuyée sur son expérience personnelle. Humoriste néo-zélandaise vivant à Londres, elle s’est notamment inspirée pour sa série de sa rencontre fortuite avec une grande star de cinéma… Diffusée au Royaume-Uni sur la BBC3, présentée dans le cadre du festival Séries Mania, Starstruck est une petite comédie légère et très plaisante ; elle n’a pas d’autre ambition que de raconter une histoire romantique à la fois amusante et tendre, et elle le fait très bien.
Starstruck joue ainsi la carte de la comédie romantique, du conte de fées moderne à l’heure des réseaux sociaux, des vidéos virales et des sites people. La rencontre initiale entre les deux protagonistes, la situation de départ restent incongrues mais crédibles. Imaginez, mesdemoiselles : vous vous réveillez un beau matin aux cotés de … (à compléter avec le nom de la superstar qui vous fait fantasmer). C’est ce qui arrive à notre héroïne. Jesse a fait la connaissance de Tom lors d’un réveillon du Nouvel an un peu trop arrosé, elle passe la nuit avec lui mais ne le reconnaît que le lendemain matin quand elle a dessaoulé : son amant est LA méga-star de cinéma du moment, l’acteur sexy aux abdos en béton qui affole le public féminin. D’accord, ça dépend de qui est la méga-star – mais avouez qu’il y a quand même pire façon de commencer l’année.
Le récit n’évite pas certains clichés : la colocataire / meilleure amie à qui l’héroïne se confie (Kate, jouée par Emma Sidi, la vraie colocataire à la ville de Rose Matafeo), le groupe de copains stupéfaits de rencontrer Tom, l’ex petite amie top model de l’acteur, les embrouilles avec les paparazzi… Cette histoire nous est toutefois racontée avec beaucoup de naturel et d’humour, et une structure certes déjà vue ailleurs (un épisode correspond à une saison de l’année ) mais qui permet des ellipses et évite les baisses de rythme. Et surtout, on s’attache vite à ce duo improbable mais charmant.
Or de toute évidence, le succès de ce type de fictions dépend en grande partie de la sympathie que l’on éprouve pour les héros et de notre envie de les voir finir ensemble. De ce point de vue, la série réussit très bien son coup. Rose Matafeo et Nikesh Patel sont excellents, l’alchimie entre eux fonctionne parfaitement et leurs personnages respectifs sont à la fois plaisants et plus complexes qu’il n’y paraît. Tom, cet acteur de renommée mondiale, n’a pas pris la grosse tête et garde un certain détachement vis à vis de la célébrité ; il profite toutefois des avantages de sa notoriété et souffre de ses conséquences (paparazzi au pied de son immeuble, rumeurs sur sa vie privée, etc.).
Face à lui, Jesse : une jeune femme à la forte personnalité, pourtant pleine de doutes. A l’approche de ses 30 ans, elle se retrouve perdue à Londres où elle s’est installée pour retrouver un petit ami qui est désormais son ex ; sans relation amoureuse et sans emploi fixe, elle peine à trouver sa place. Et si elle craque pour Tom, elle se montre surtout réticente à se lancer dans une relation avec lui, principalement parce qu’elle n’est, selon elle, qu’une femme lambda parmi tant d’autres ( voire désespérément ordinaire, toujours de son point de vue, en ce qui concerne son apparence physique).
Il y un côté très Bridget Jones dans Starstruck, avec ce personnage de Jesse qui n’est pas l’héroïne typique de la romance hollywoodienne ou britannique. C’est la girl next door mignonne mais que l’on pourrait s’attendre à croiser dans la rue, et elle est typiquementattachiante : drôle, sympathique, extravertie mais aussi fragile, complexée et (très) compliquée à suivre… Cela dit, en lisant le pitch de cette comédie romantique et probablement tout au long de cet article, il y a fort à parier que vous avez moins pensé à Bridget Jones qu’au film Coup de foudre à Notting Hill.
La comparaison s’impose effectivement tant de nombreux éléments renvoient inévitablement à la romance entre Julia Roberts et Hugh Grant sur le grand écran. Le contraste entre l’immense renommée de l’un des personnages et l’anonymat total de l’autre ; les incompréhensions et conflits engendrés par la différence de statut ; certains rebondissements et personnages secondaires classiques et même le lieu (Londres, même si l’on est dans le quartier populaire et hétéroclite de Hackney) … Starstruck s’empare finalement du même mécanisme mais inverse les rôles : c’est lui la superstar internationale qui tombe fou amoureux d’elle, tandis qu’elle semble avoir tiré un trait sur leur éventuelle relation. L’exercice est réussi, puisqu’il fait de Starstruck une série très classique… mais qui ne nous donne pas l’impression qu’on l’a déjà vue cent fois.
Comédie romantique simple et efficace, Starstruck ajoute sa petite touche d’originalité et séduit rapidement avec ses deux héros attachants, son ton humoristique léger, sa narration au rythme des saisons et son ambiance londonienne branchée. Une jolie petite histoire par laquelle on se laisse facilement emporter – et qui aura droit à une suite, puisqu’une deuxième saison a d’ores et déjà été commandée.
Starstruck
6 épisodes de 25′ environ.