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On a vu pour vous… The Rookie (ABC), la nouvelle série de Nathan Fillion

En suivant le parcours d’une nouvelle recrue un peu particulière, The Rookie nous offre une série policière efficace et divertissante. 

C’est quoi, The Rookie ? Entrepreneur dans une petite ville de Pennsylvanie, le quadragénaire John Nolan (Nathan Fillion) vient de divorcer et son fils est parti pour l’université. Lorsqu’il sort indemne d’un braquage de banque, l’incident agit comme un électrochoc et il décide de tout quitter pour réaliser son rêve : devenir policier. Sa formation à l’académie de police achevée, il intègre un commissariat de Los Angeles aux côtés de deux autres bleus, Jackson West (Titus Makin) et Lucy Chen (Melissa O’Neil). Chacun accompagné d’un instructeur chargé de leur enseigner le métier, ils découvrent  la réalité du terrain. Avec une difficulté supplémentaire pour Nolan : son âge, qui lui donne l’avantage de l’expérience mais lui attire les moqueries voire l’hostilité de ses collègues et de ses supérieurs. 

Après Castle, dont il a été le scénariste puis le showrunner, Alexi Hawley (frère de Noah, créateur des séries Fargo et Legion) est en quête d’un nouveau projet lorsqu’il rencontre un policier ayant rejoint les forces de l’ordre à plus de 40 ans, et c’est de cette histoire vraie qu’il s’inspire pour créer The Rookie. Il propose le rôle à son ami Nathan Fillion, ce qui convainc ABC de commander une première saison, que s’apprête à diffuser M6 sous le titre Le flic de Los Angeles. En attendant la suite, puisque la série a été renouvelée. 

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The Rookie, c’est d’abord un procédural policier, chaque épisode suivant les agents en binômes lors de leurs interventions sur le terrain. Plusieurs petites histoires s’enchaînent, au cours desquelles les bleus et leurs instructeurs réagissent lors de flagrants délits ou répondent aux appels du central. Il n’y a pas de travail d’enquête, les investigations étant confiées à un inspecteur tandis que nos héros retournent patrouiller dans les rues. Rythmées (avec notamment l’utilisation ponctuelle de la caméra embarquée qui immerge le spectateur dans l’action), ces scènes sont brèves, expédiées en une ou deux minutes et en général légères voire insolites – un peu à la manière des interventions de l’équipe de 911. Si le ton humoristique reste présent, d’autres péripéties évoluent vers des arcs plus importants et plus dramatiques ; The Rookie accentue cette dimension au fil de la saison, allant même jusqu’à sortir ses protagonistes (et son public) de leur zone de confort en éliminant un personnage récurrent de façon brutale. 

Intervention musclée pour Nolan et Bishop

En marge du quotidien des bleus sur le terrain, la série approfondit patiemment ses personnages et développe une suite d’intrigues plus personnelles, au fil desquelles ils évoluent de manière rapide mais convaincante.  Si on ne se focalise pas uniquement sur Nolan, son changement de vie sert de point de départ à l’histoire et il en reste le personnage central et la principale originalité. Cet homme, qui décide à plus de 40 ans de devenir policier, est intéressant parce que toujours en porte-à-faux, en décalage avec les autres recrues car plus expérimenté  mais aussi avec ses supérieurs car il à tout à apprendre du métier. Malgré ses efforts, ses supérieurs se méfient de lui (du moins, au début), voient sa reconversion comme le caprice d’un quadra en pleine crise et craignent que son âge ne soit un handicap voire un danger pour les autres agents. Avec habilité, les scénaristes jouent sur le contraste entre son expérience de la vie et son inexpérience en tant que policier, sans pour autant l’y enfermer. Nolan finit par trouver sa place pour affronter d’autres difficultés comme ses relations familiales et amoureuses,  des problèmes financiers, des dilemmes éthiques et les interrogations existentielles que suppose sa reconversion tardive. 

Certes, il y a Nolan ; mais The Rookie prend dès le début des allures de série chorale et on suit à parts égales les trois nouvelles recrues et leurs  instructeurs. Tous bénéficient d’axes narratifs propres et leurs interactions enrichissent leurs portraits respectifs. Par exemple, Lucie Chen entretient une relation amoureuse secrète car contraire au règlement avec Nolan ; son instructeur exigeant et coriace, Tom Bradford (Eric Winter), fait face à la toxicomanie de son épouse ; fils du chef des affaires internes, West s’efforce de se montrer à la hauteur des ambitions d’un père intransigeant ; l’instructrice de Nolan, Talia Bishop (Afton Williamson), affrontera en fin de saison les conséquences d’une décision prise dans le passé. 

Les bleus de The Rookie, premiers pas dans la police

Récit choral, petites histoires anecdotiques mélangées à des intrigues plus prégnantes et plus continues, apprentissage de la réalité du terrain par des jeunes bleus inexpérimentés, tensions avec la hiérarchie… sans oublier l’incontournable briefing matinal du sergent Grey (Richard T. Jones) : il faut reconnaître que The Rookie ne fait finalement rien de neuf – mais elle le fait bien. Rythmée et dynamique, avec des scènes d’action réussies et un bon équilibre entre humour et drama, elle compte en outre un casting convaincant, emmené par un Nathan Fillion éminemment sympathique et parfait dans un rôle qu’on croirait taillé sur mesure. L’un dans l’autre, The Rookie est une série facile et agréable ; parfois, il n’en faut pas plus. 

En matière de séries policières, on n’a que l’embarras du choix. Indéniablement, il en existe de plus denses,  plus riches et plus ambitieuses que The Rookie, qui reste classique voire convenue. Mais simplicité ne veut pas dire absence de qualité, et la série tient ses promesses. Soit un récit léger, bien exécuté et bien interprété, où se mélangent parfaitement humour et drama d’une part, petites histoires policières succinctes et trame de fond dédiée aux personnages d’autre part. The Rookie est une série divertissante, et c’est déjà pas mal.  

The Rookie – Le flic de Los Angeles (ABC)
20 épisodes de 40′ environ.
Diffusion sur M6 à partir du 5 Juillet

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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