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On a vu pour vous … Waco, la fin sanglante de la secte de David Koresh

La mini-série retrace le siège tragique de Waco, et porte un regard édifiant – mais partial – sur cet événement qui a traumatisé l’Amérique au début des années 1990.

C’est quoi, Waco ? David Koresh (Taylor Kitsch) , ancien Adventiste persuadé d’être un prophète, est le leader charismatique d’une communauté installée dans un ranch près de Waco, au Texas. Il y dispense son enseignement à ses fidèles, les Davidiens. Mais plusieurs agences gouvernementales soupçonnent Koresh et ses adeptes  de détention illégale d’armes et de maltraitance sur enfants. Le 28 Février 1993, un raid déclenché conjointement par le FBI et l’ATF dégénère : plusieurs agents sont tués et les Davidiens se retranchent dans leur ranch. Débute alors un siège de 51 jours qui se conclura dans un bain de sang.

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Les Américains n’ont pas oublié les événements survenus à Waco en 1993 : le siège puis l’assaut menés par les fédéraux contre la secte des Davidiens retranchés dans leur ranch du Texas a traumatisé la population, qui l’a suivi en direct à la télévision. C’est cette tragédie que retrace en 6 épisodes la mini-série Waco. Pour se faire, les scénaristes se sont appuyés sur deux livres, respectivement écrits par Gary Noesner, médiateur du FBI (incarné par l’impeccable Michael Shannon) et David Thibodeau (Rory Culkin), rescapé du massacre. Un choix qui permet d’appréhender la situation selon deux points de vue, que l’on suit en parallèle tout au long de la série : celui des Davidiens à l’intérieur du ranch, et celui d’un représentant des forces de l’ordre, depuis le poste de commandement.

Après un flash-foward montrant le dénouement dramatique, la série remonte neuf mois auparavant. Non sans quelques longueurs, les deux premiers épisodes détaillent alors la situation de départ. Par le biais du personnage de Thibodeau, jeune homme perdu hébergé par Koresh et qui finit par tomber sous sa coupe, on pénètre à l’intérieur de la secte et on découvre les membres de la communauté, dont Rachel la femme légitime de Koresh (Melissa Benoit), ses autres épouses ou son bras droit Steve Schneider (Paul Sparks). A travers tous les personnages, certains fervents adeptes et d’autres traversés par des moments de doute, Waco illustre aussi la dynamique complexe qui unit tous les protagonistes, derrière l’image de la petite communauté paisible.

Taylor Kitsch, méconnaissable dans la peau de David Koresh

 

Et puis, il y a Koresh, leader spirituel et prophète auto-proclamé, adepte d’une interprétation apocalyptique de la Bible. Un illuminé égocentrique et charismatique qui, pourtant, apparaît comme un homme sincère et même parfois sympathique. Sans jamais provoquer l’empathie, ce portrait controversé mais nuancé permet de comprendre l’emprise que l’homme pouvait avoir sur ses fidèles. Dans le rôle, Taylor Kitsch est magnifique, incarnant à la perfection un homme tour à tour pathétique et magnétique, attirant et effrayant.  

A l’extérieur, l’opération des forces fédérales se met en place dès le premier épisode. Un agent infiltré au sein de la secte n’a découvert aucune preuve tangible, mais une perquisition est néanmoins lancée contre les Davidiens. On entre alors dans le vif du sujet : l’opération déclenchée par l’ATF et le FBI dégénère, des coups de feu sont échangés, plusieurs personnes sont tuées et Koresh, grièvement blessé, se retranche à l’intérieur du ranch avec les siens. Immédiatement, des dissensions se font jour entre le négociateur du FBI, Noesner, qui cherche à parlementer pour aboutir à une résolution pacifique et  le chef de l’ATF, Mitch Decker (Shea Wigham) partisan de l’intervention militaire.

Noesner (Michael Shannon), négociateur de l’impossible

Bien sûr, on connaît d’emblée le dénouement : désavoué et impuissant, Noesner assistera à l’assaut sanglant mené par ses collègues. Et pourtant, Waco maintient un suspense constant. Plongé au cœur du ranch, le spectateur a la sensation étrange d’une course vertigineuse et désespérée vers la tragédie. Tandis qu’un Koresh toujours plus délirant  s’engage dans un bras de fer insensé et s’oppose à Schneider qui pense préférable de négocier, les assiégés tentent de soigner leur blessés, font face à des pénuries alimentaires, au stress et à la frustration, aux pressions psychologiques auxquelles les soumet l’ATF (coupures d’électricité, privation de sommeil, déploiement de chars d’assaut).   

Édifiant, le récit est toutefois largement sujet à caution, notamment en raison du choix de sources  partiales puisqu’elles émanent d’un proche de Koresh très complaisant envers les Davidiens, et d’un agent fédéral qui éreinte ses collègues. En outre, Waco passe sous silence plusieurs éléments, notamment en se contentant d’évoquer subrepticement l’arsenal accumulé par Koresh. On pourrait donc débattre de la crédibilité de la série, de la justesse de la représentation des Davidiens, du caractère pacifique de Koresh ou de la description de la stratégie des fédéraux. Bien qu’essentielles, ces questions n’ont pourtant qu’un intérêt secondaire dans Waco.

Pas de surprise : tout ça va mal finir

 

Au fil des épisodes s’instaure un va-et-vient incessant entre le dialogue pondéré de Noesner et Schneider d’une part, et les positions extrêmes de Koresh et Decker de l’autre. Entre le pragmatisme des uns et l’obstination des autres. Entre le désir de sortir d’une impasse et l’attachement insensé à des convictions inconciliables. Entre la raison et le fanatisme.Ce que l’on comprend, c’est que ce massacre aurait pu être évité – si seulement la première l’avait emporté sur le second. Elle est là, la seule vérité incontestable de Waco : la victoire de l’extrémisme sur la modération conduit toujours à la tragédie.  Dans le contexte actuel, plus encore au vue des récentes fusillades qui ont choqué l’Amérique, le message est essentiel ; il fait de Waco une série digne d’intérêt, au-delà des controverses.

Retraçant la tragédie de Waco, la série éponyme est un peu longue à  se mettre en place, mais elle devient captivante lorsqu’elle entre dans le vif du sujet. Avec des acteurs remarquables et une mise en scène immersive, Waco est indéniablement réussie sur le plan technique. Si l’on peut mettre en doute la version des faits présentée, le message sous-jacent donne tout son sens à la série. En ce sens, et en dépit de ce défaut majeur, Waco reste d’une pertinence et d’une actualité brûlantes.

Waco (Paramount Network)
6 épisodes de 50′ environ.
Inédite en France.

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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