La deuxième saison se penche sur les conséquences du projet Homecoming, sans se réinventer totalement mais en restant convaincante.
C’est quoi, Homecoming (Saison 2) ? Une femme (Janelle Monáe) reprend conscience dans une barque à la dérive au milieu d’un lac. Elle aperçoit une silhouette sur la berge et appelle à l’aide ; en vain. Elle ne se souvient de rien : ni qui elle est, ni comment elle est arrivée là. Les seuls indices en sa possession sont une plaque d’identité militaire et une fiole de l’entreprise Geist. En tentant de recouvrer la mémoire, la jeune femme va remonter jusqu’à Homecoming, un programme de réadaptation pour militaires atteints de stress post-traumatique.
Il y a presque deux ans, Sam Esmail (Mr Robot) adaptait en série le podcast Homecoming de Micah Bloomberg et Eli Horowitz. Pour ceux qui – comme plusieurs personnages de cette histoire – souffrent de problèmes de mémoire, résumons brièvement la première saison : en 2018, Heidi Bergman (Julia Roberts) travaille comme thérapeute pour une entreprise privée dans le cadre du programme Homecoming, prétendument destiné à aider les soldats à surmonter leur troubles psychologiques. En réalité, il s’agit d’un traitement médicamenteux expérimental, qui supprime leurs souvenirs traumatiques pour qu’ils puissent être renvoyés au front. Quatre ans plus tard, Heidi est amnésique et a oublié tout ce qui se rapporte à Homecoming ; interrogée dans le cadre d’une enquête menée par un agent du département de la Défense, elle tente de se souvenir.
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On ne savait pas trop à quoi s’attendre, avec cette deuxième saison de Homecoming : peut-être une suite, peut-être une nouvelle histoire sous forme d’anthologie. Finalement, ce n’est ni tout à fait l’un, ni tout à fait l’autre. Une nouvelle héroïne, une nouvelle énigme, de nouveaux protagonistes (notamment Francine Bunda, responsable militaire interprétée par Joan Cusack) ; et aussi des personnages que nous connaissons déjà (comme Walter, un soldat ayant pris part au projet et qui va jouer un rôle déterminant), des ramifications avec la saison précédente et une intrigue qui s’appuie sur les conséquences des événements qui y ont été relatés.
Cette fois, l’héroïne est interprétée par Janelle Monáe. Nous la rencontrons dès la première scène lorsqu’elle se réveille au milieu d’un lac sur un bateau à la dérive, sans savoir comment elle s’appelle, qui elle est, comment elle est arrivée là. Seuls indices : des papiers d’identité au nom de Jackie Calico, un tatouage militaire et une fiole portant le logo d’une entreprise appelée Geist. A partir de là, notre inconnue va tenter de revenir sur ses pas pour découvrir ce qui s’est passé.
Il y a de très bonnes idées, dans cette nouvelle saison… et des choses moins réussies. Du côté des points faibles, cette introduction est un choix un peu facile : en reprenant le subterfuge de la femme amnésique à la recherche de son identité, l’introduction perd de sa force et a un air de déjà-vu. Ensuite, la mise en scène est loin d’être aussi inspirée. Sam Esmail, réalisateur de tous les épisodes de la saison précédente, a cédé la place à Kyle Patrick Alvarez derrière la caméra et celui-ci semble tenter de copier ce qu’avait fait Esmail – avec les longs plans séquence ou l’écran partagé par exemple – mais sans la même audace ni la même pertinence.
En revanche, on retrouve la même ambiance élégante et mystérieuse, très hitchcock-ienne et renforcée par la musique ; un rythme plus enlevé avec davantage d’action ; une importance accordée au moindre détail qui fait que tout ou presque est essentiel, dans Homecoming. Et si l’histoire joue encore avec la chronologie, elle le fait différemment, les deux premiers épisodes faisant office de flash foward avant que le récit ne devienne linéaire à partir du troisième, pour nous ramener progressivement jusqu’à la séquence d’ouverture. L’intrigue s’avère aussi plus riche que ce qu’on pouvait craindre au départ, elle prend vite une dimension plus complexe non pas grâce à son héroïne, mais grâce à un personnage secondaire…
Vous l’avez peut-être oublié : à la fin de la première saison, une scène post-générique montrait la confrontation entre Audrey (Hong Chau), la réceptionniste de Geist, et Colin (Bobby Cannavale) le responsable du projet Homecoming. Or, cette nouvelle saison revient sur cet échange entre ces deux personnages, explicite la nature des recherches menées par Geist, le lien avec Homecoming et les substances utilisées, et on découvre surtout comment la petite standardiste a réussi à prendre la tête de l’entreprise, en se révélant impitoyable.
Évidemment, il existe un lien entre Audrey et Jackie, et les scènes que partagent les deux actrices sont extrêmement réussies. D’abord, en raison de la complexité de leurs personnages respectifs, mais aussi grâce au talent des deux femmes : Chau avec ce personnage très ambigu dont on voit l’évolution rapide, et Monaé dans le rôle de cette jeune femme dont on ne sait jamais si elle est l’héroïne, la victime ou la méchante de cette histoire. A travers elle, la série continue de manipuler le spectateur : on est dans le même bateau (pardon, c’était trop tentant) que Jackie, à mesure qu’elle tente de recouvrer la mémoire, se perd dans de mauvaises interprétations de ses souvenirs, découvre qui elle est vraiment. A ses risques et périls.
Homecoming poursuit son récit en confrontant une nouvelle héroïne aux conséquences des événements relatés dans les épisodes précédents. Du point de vue narratif, on peut penser que ce n’était pas indispensable : la première saison se suffisait à elle-même, y compris en gardant des zones d’ombre et certains mystères. Ces sept nouveaux épisodes apportent toutefois une conclusion satisfaisante, une connexion convaincante entre les deux saisons, et ils sont suffisamment prenants et intrigants pour qu’on les enchaîne. En résumé, un thriller psychologique peut-être pas inoubliable, mais tout de même efficace.