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On débriefe pour vous… Les tribulations de Georges et Fernand, web-série fantasque

Cette web-série atypique et minimaliste suit deux amis, Georges et Fernand, dans de courts épisodes pleins d’humour.

C’est quoi, Les tribulations de Georges et Fernand ?  Georges (Olivier Riche), c’est le gars sûr de lui et impétueux, le séducteur patenté, le mec vantard qui se la raconte. Fernand (David Merlin-Dufey), lui, c’est un type naïf, timide, maladroit comme pas deux. Ce duo d’amis atypiques vit ensemble des aventures – ou plutôt des mésaventures – du quotidien, rencontrant immanquablement diverses situations a priori banales qui prennent pourtant toujours une tournure inattendue. Mais sachez-le : les histoires de Georges et Fernand finissent mal (en général).  

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« Tribulations : nom féminin, pluriel. Suite d’aventures plus ou moins désagréables, de revers, d’obstacles surmontés. » C’est ainsi que le dictionnaire définit le mot, parfaitement adapté à la succession de petites histoires que nous raconte cette web-série. Primée en 2021 lors du festival Séries Mania, Les tribulations de Georges et Fernand nous vient du duo formé par  Olivier Riche et David Merlin-Dufey – qui interprètent également les deux rôles-titres.  Avec une économie de moyen que compense largement un sens affûté de la comédie de situation, ils nous offrent huit petits épisodes (sept sont disponibles depuis cet été sur la plate-forme France.tv) drôles et surprenants, d’une durée allant de 6 à 11 minutes.

Nos deux héros s’appellent donc Georges et Fernand. Inséparables, ils arpentent avec leur look vintage et leurs moustaches improbables ces sept petites histoires. Comme autant de fables indépendantes ou de courts sketchs sans lien entre eux – si ce n’est leur implication dans les événements racontés et leur propension à systématiquement tout faire foirer. Il faut dire que ces deux-là, ce sont de sacrés numéros. D’un côté, Georges, le vantard prétentieux, séducteur et impulsif; de l’autre, Fernand, plus renfermé voire pusillanime, jaloux et qui n’a pas de chance avec les femmes (et avec rien, d’ailleurs). A priori, ils n’ont rien en commun. Pourtant, tous les deux sont des types un peu lunaires, des losers aussi avec une capacité innée à toujours faire les mauvais choix et / ou à accumuler les galères. 

A ma gauche, Georges ; à ma droite, Fernand.

Ce duo atypique… est moins atypique qu’on ne le croit : c’est finalement une déclinaison de personnages classiques de la comédie, qui rappellent Laurel et Hardy, De Funès et Bourvil ou encore les personnages des films de Francis Weber (La chèvre, notamment). Si on retrouve à l’écran Sophie de Fürst (Profilage) ou Nicolas Martinez ( Dérapages ), ce sont David Merlin-Dufey et Olivier Riche qui portent toute leur série en tant qu’auteurs, réalisateurs mais aussi comédiens pour l’occasion. Et ils sont excellents : en peu de temps, avec peu de dialogues et peu de scènes, même si le  portrait est forcément brossé à grands traits en raison de la courte durée des épisodes, Georges et Fernand prennent une vraie dimension. Et ils en deviennent même attachants. Oui, même si on a parfois envie de gifler un Georges insupportable avec sa tendance à se la péter ; même si on aimerait bien secouer les puces de Fernand pour qu’il s’impose et arrête de se laisser marcher sur les pieds. D’une certaine manière, ces deux-là, on les reconnaît : des Georges et des Fernand, on en a forcément croisés.

Des sept épisodes qui se regardent d’une traite, on appréciera davantage l’un ou l’autre en fonction de sa sensibilité.  Ce qui est particulièrement réussi, c’est qu’il se dégage une atmosphère, quelque chose de cohérent dans la web-série. A chaque fois, tout change ou presque : le contexte (un plateau de cinéma, une partie de chasse), le thème (les relations amoureuses, le désir d’être riche), même l’époque (le château d’une duchesse au XVIIIème siècle), et les personnages aussi puisqu’ils endossent des rôles différents (une star de cinéma ou un plombier pour Georges ; un prof de danse ou un amoureux transi pour Fernand, par exemple). 

Georges et Fernand savent comment faire plaisir à une duchesse…

Malgré tout, et à partir de décors minimalistes, de dialogues réduits à leur plus simple expression et de scénarios lapidaires (tout est contenu ou presque dans le titre des épisodes), la série construit rapidement un univers. Un peu comme dans Inside number 9, les codes restent les mêmes (gros plans sur le visage des personnages, humour burlesque voire absurde, ambiance désuète…) et Les Tribulations de Georges et Fernand a cette  capacité à mettre en scène nos deux héros dans des situations stricto sensu dramatiques mais avec un sens de l’humour souvent acide et un twist final inattendu qui provoquent immanquablement le sourire, voire un éclat de rire. Même quand la conclusion est cruelle. 

Et elle l’est toujours. Lorsque le duo décroche le jackpot dans un jeu à gratter, leur amitié est mise à rude épreuve ; si Fernand veut plaire à son futur beau-frère, il va devoir apprendre à chasser : quand Georges annonce qu’il va se marier, le happy end est légèrement amer ; Fernand séduit la jolie Françoise (Nouritza Emmanuelian) avec ses lettre enflammées, mais il n’avait pas prévu l’arrivée de Georges…  Georges et Fernand cherchent à réaliser leurs rêves, à accomplir leurs aspirations, à améliorer leur situation – sans jamais y parvenir. Ou alors, s’ils y parviennent, c’est au prix d’une cruelle désillusion. 

Une citation célèbre affirme que l’humour est la politesse du désespoir. Dans le cas de Georges et Fernand, c’est plutôt celle du désenchantement, aucun des deux ne renonçant à ses aspirations ou à l’espoir d’obtenir ce qu’ils désirent. C’est ce qui rend ce duo sympathique et même parfois touchant. Une jolie découverte, où l’on suit avec plaisir ces deux personnages singuliers au gré de ces sept petites aventures souvent cruelles, mais toujours amusantes et surprenantes.

Les tribulations de Georges et Fernand. 
7 épisodes de 6 à 11 minutes.
Disponible sur France.tv 

A lire aussi : On regarde ou pas ? Syndrome E (TF1 – Salto) (vl-media.fr)

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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