Pose s’achève au terme de sa troisième saison entre sourires et larmes, glam et tragédie, amertume et espoir.
C’est quoi, Pose (saison 3) ? Nous sommes en 1994. Blanca (Mj Rodriguez) vient en aide à des malades du Sida hospitalisés, au moment où le virus fait des ravages. Parmi ses victimes, Pray Tell (Billy Porter) voit son état se dégrader rapidement, au désespoir de son compagnon Ricky (Dyllon Burnside). De son côté, Elektra (Dominique Jackson) assure sa sécurité financière grâce à une association inattendue ; Angel (Indya Moore) et Papi (Angel Bismark Curiel) doivent surmonter des difficultés dans leur relation ; Lulu (Hailie Sahar) envisage son avenir maintenant qu’elle ne touche plus à la drogue. Et tandis que chacun est confronté à la maladie, revit les blessures de son passé et / ou nourrit l’espoir d’un futur qui reste à inventer, une nouvelle génération émerge et défie les vétérans sur la scène des Balls new-yorkais.
« Les fins heureuses n’arrivent que dans les films. Nous avons trop souffert pour prétendre que toutes les mauvaises choses appartiennent au passé, mais je crois aux moments heureux. Certains durent une minute, d’autres un an ; quand ils arrivent il faut savoir les reconnaître et en profiter.». Ces mots, prononcés par Blanca, résument bien cette ultime saison de Pose. Une série qui restera dans le cœur de ses spectateurs avec certaines scènes extraordinaires (la scène d’ouverture, le road trip des filles, les scènes de ball, le « contenu » du placard de Elektra ou l’événement tant attendu de l’avant-dernier épisode), mais aussi dans l’Histoire de la télévision pour la diversité du casting et de l’équipe technique, à l’image des actrices noires transgenres Indya Moore, Dominique Jackson et MJ Rodriguez à qui elle a offert une visibilité unique mais largement méritée.
Pour conclure l’histoire et quitter celles et ceux qui ont porté la voix de la communauté trans pendant les 25 épisodes de sa série, Ryan Murphy et ses collaborateurs ont joué sur le drama et l’émotion, mais aussi sur la joie et l’espoir. En sept épisodes seulement, chaque personnage a droit à une conclusion, une fin (heureuse ou pas) digne de ce nom, et on suit nos héroïnes et héros (et même brièvement les personnages secondaires comme Lulu et Ricky) dans des arcs narratifs successifs, qui s’entrecroisent et surtout se répondent.
Les deux premiers épisodes se concentrent principalement sur Blanca et Pray. Nous sommes en 1994, le sida a déjà fait plus de deux millions de victimes aux États-Unis, et ce décompte macabre rythme douloureusement la vie de Blanca, auxiliaire à l’hôpital où elle s’occupe des patients touchés par le virus alors qu’elle-même est positive au VIH, et surtout de celle de Pray dont l’état se détériore et qui sombre dans l’amertume , la tristesse et l’alcool à mesure qu’il voit mourir autour de lui ceux qu’il aime ou a aimés.
Les deux épisodes suivants s’attachent à la flamboyante Elektra et encore à Pray, dans leur voyage respectif vers le passé. Un voyage symbolique pour Elektra à travers des flash-back qui racontent son vécu douloureux, un voyage littéral pour Pray (l’un des meilleurs épisodes de la série) qui revient dans la petite ville de son enfance auprès de sa famille. Bien que différentes, leurs histoires sont douces-amères et se rapprochent car elles illustrent deux facettes de l’incompréhension et du rejet que peuvent subir les personnes LGTBQIA+ de la part de leurs proches et dans leur environnement. Et dans les deux cas, nos personnages accèdent à une sorte de paix vis-à-vis de leur passé, peuvent commencer à laisser cicatriser des plaies qui étaient restées à vif.
C’est ensuite au tour de Angel et Papi d’occuper le devant de la scène dans les épisodes 5 et 6. Ils ont décidé de se marier mais le parcours est semé d’embûches : Angel est toujours un homme pour l’administration et les unions entre personnes de même sexe sont illégales, la jeune femme a des contentieux à régler avec son père, et Papi découvre qu’il est père d’un petit garçon. Autant de déconvenues qui menacent leur union et même leur relation.
Enfin, nous resterons volontairement évasifs sur le dernier épisode , plus long, qui clôture la série. On peut néanmoins affirmer qu’il est dans la lignée de ce qu’a toujours fait Pose, et que l’on passe par toute une gamme d’émotions : la peur, l’enthousiasme, la douleur et l’espoir. On y parle de mort, du deuil, des mouvements tels que Act Up, des difficultés d’accès aux traitements innovants pour les minorités (notamment raciales) ; on parle aussi d’amour, de futur, de voguing et de joie. Il y a des scènes déchirantes, d’autres irrésistibles (dont un clin d’œil ironique à Sex and the City…), et d’autres qui vous donnent à la fois le sourire aux lèvres et les larmes aux yeux (la sublime séquence au son de Ain’t no mountain high enough ou la toute dernière scène en écho au premier épisode.)
Et nous quittons la scène des Balls, emblématique de la culture afro-américaine queer new yorkaise , main dans la main avec Blanca. Sacrée Mère Légendaire, elle est désormais un modèle pour la nouvelle génération et le message qu’elle leur délivre est clair : peu importe les difficultés et les obstacles de la vie, on peut tout surmonter avec l’amour de la famille qu’on s’est choisie.
Ryan Murphy offre à la plupart de ses personnages une fin heureuse et optimiste. On sait bien que toutes les personnes LGBTQIA+ n’ont pas cette chance, mais le showrunner invente pour Blanca, Angel et Elektra un avenir plein de promesses et c’est ce que l’on voulait voir. Ainsi s’achève cette histoire aussi drôle et flamboyante : celle de membres de la communauté LGTBQIA+ afro-américaine dans les années 1980 / 1990, entre douleur et espoir, discrimination sociale et désir d’être soi-même, rivalité et amitié dans le glam et la liberté des ballrooms. Jusqu’au bout, un seul mot d’ordre : Live, twerk, pose !
Pose (Saison 3)
7 épisodes de 40 à 89 minutes.
Disponible sur MyCanal.