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On débriefe pour vous… The Crown (saison 5), une couronne qui vacille

Retour à Buckingham Palace dans cette nouvelle saison de The Crown qui plonge au cœur des scandales des années 1990.

C’est quoi, The Crown (saison 5) ? Nous sommes en 1991. John Major (Jonny Lee Miller) est désormais premier ministre et à 65 ans, Elizabeth II (Imelda Staunton) règne depuis presque quarante ans. Mais sa popularité est en berne. Une partie de l’opinion publique voit la famille royale comme une institution obsolète et coûteuse, et Charles (Dominic West) lui-même prône une modernisation, quitte à s’opposer à sa mère.. En outre, son mariage avec Diana (Elizabeth Debicki) est sur le point de s’effondrer et les rumeurs de séparation se propagent. La publication d’un livre sur Diana, la diffusion de conversations intimes de Charles avec sa maîtresse Camilla ou encore une interview-choc donnée par la Princesse vont précipiter le couple – et la monarchie – au bord du gouffre. 

Si les saisons de The Crown sont toujours attendues, la cinquième survient dans un contexte particulier. Repoussée de quelques semaines, disponible depuis le 9 Novembre sur Netflix, la série de Peter Morgan arrive en effet peu de temps après le décès de la Reine Elizabeth II. Cette saison couvre également une période sensible dans l’histoire de la famille royale, à savoir les années 1990 notamment marquées par l’effondrement du mariage de Charles et Diana. 

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Pour ces deux raisons, cette saison a suscité encore plus de réactions et de critiques, en particulier concernant la véracité des faits. John Major a qualifié de « tonneaux d’absurdité » l’idée selon laquelle Charles lui aurait suggéré d’inciter sa mère à abdiquer, Tony Blair a déclaré que cette saison était « un déchet absolu » , et Judi Dench, amie proche de Camilla, a affirmé que la série était « injustement cruelle envers les gens et préjudiciable à l’institution qu’ils représentent ». Des levées de boucliers qui ont poussé Netflix à inclure un avertissement expliquant que la série était « inspirée » de faits réels. 

Reste que d’un point de vue strictement critique, cette saison est une réussite. Peut-être un peu moins que les précédentes, la série étant moins encline à lier l’intimité de la famille royale à l’Histoire, ou moins subtiles dans ses métaphores (comme celle du navire Britannia). On retrouve néanmoins une réalisation élégante aux plans étudiés, un soin accordé à la reconstitution et notamment aux costumes, les événements sociopolitiques de la décennie (l’élection de Boris Eltsine ou la rétrocession de Hong-Kong à la Chine.) Et puisque le casting de la série change régulièrement, de nouveaux acteurs apparaissent à l’écran, dont Jonny Lee Miller en John Major, Jonathan Pryce dans le rôle de Philippe ou une Elizabeth Debicki stupéfiante dans la peau de Diana. En dépit des réserves émises par certains spectateurs, notamment sur la ressemblance de Dominic West avec Charles, tous les interprètes sont excellents. 

Nouvelle saison, nouvelle reine : Imelda Staunton porte la couronne

Cette saison explore notamment le débat fondamental entre institutions enkystées dans la tradition et ouverture vers la modernité. Qu’il s’agisse du démantèlement de Britannia, du sort de la BBC ou de la question du divorce, tout concourt à montrer une monarchie dont le fonctionnement est remis en question dans la sphère politique et médiatique. Et même au sein de la famille royale, la situation virant au bras de fer entre une Elizabeth fière des valeurs héritées de ses ancêtres auxquelles elle s’accroche, et un Charles qui ne cesse de remettre en question ces mêmes valeurs et semble déterminé à faire évoluer l’institution.

D’autres épisodes, très réussis, se focalisent sur le passé de Mohammed Al Fayed ou sur une ancienne relation amoureuse de Margaret. Mais évidemment, l’autre sujet central concerne le mariage de Charles et Diana. Ou plutôt l’effondrement spectaculaire de celui-ci, au gré des révélations scabreuses et des scandales à la une des tabloïds. Quitte à faire quasiment l’impasse sur le divorce au moins aussi sulfureux de Andrew et Sarah Ferguson, ces épisodes couvrent tout le déclin de la relation du Prince et de la Princesse de Galles. Des tentatives de sauver les apparences en public jusqu’au divorce amer en 1996, en passant par la fameuse conversation téléphonique entre Charles et Camilla (le Tampongate), le livre paru sur Diana, son interview pour la BBC ou sa relation avec un chirurgien pakistanais. 

Charles et Diana, a marriage (and a divorce) story

C’est certainement cet aspect qui suscite le plus la curiosité et l’intérêt de la plupart des spectateurs… mais c’est aussi le principal écueil auquel finit par se heurter The Crown. Il est clair que Peter Morgan a conscience que Diana est une figure tragique et immensément populaire, qui suscite la sympathie et emporte l’adhésion d’une écrasante majorité du public prompt à prendre son parti ; la série s’efforce donc de compenser cet état de fait en montrant aussi la situation du point de vue de Charles et de Camilla. Mais malgré tout, The Crown est désormais nécessairement victime de la perception que le public a des événements qu’elle relate. 

Peu d’entre nous sont en mesure de se souvenir du couronnement d’Elizabeth II ou de la guerre des Malouines ; en revanche,  nous sommes nombreux à nous rappeler de l’échec du mariage de Charles et Diana, parce que nous l’avons vécu en direct. Et en raison de l’hyper médiatisation de cette relation sur laquelle tout a été dit ou écrit, nous avons nos propres idées préconçues sur ce qui s’est passé. De sorte qu’il est difficile de ne pas basculer dans une subjectivité qui a plus à voir avec notre opinion sur les protagonistes de l’histoire qu’avec la série elle-même. 

Si elle reste constante dans ses qualités (et dans ses défauts),  The Crown est une série devant laquelle se pose désormais la question de la perception qu’on en a. Alors que la cinquième saison s’achève sur le divorce de Charles et Diana et avec une monarchie fragilisée, la prochaine (et dernière) devrait aborder la mort de Diana et les conséquences sur la famille royale et sur l’ensemble de la société britannique. Un événement encore plus délicat, qui devrait encore une fois susciter l’intérêt… et la polémique.

The Crown
Saison 5 – 10 épisodes de 50′ environ.
Disponible sur Netflix. 

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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