Malgré l’absence d’un personnage-clé, la dernière saison de la comédie douce-amère The Kominsky method avec Michael Douglas s’achève en beauté.
C’est quoi, The Kominsky method (saison 3) ? Après la mort de son meilleur ami Norman (Alan Arkin), Sandy Kominsky (Michael Douglas) essaye de reprendre le cours de sa vie. En tant qu’exécuteur testamentaire, il doit supporter Phoebe (Lisa Edelstein) et Robbie (Haley Joel Osment), la fille et le petit-fils de Norman qui cherchent à mettre la main sur l’héritage ; il est aussi confronté aux problèmes de couple de sa fille Mindy (Sarah Baker) avec son compagnon Martin (Paul Reiser), ainsi qu’aux ennuis de santé de son ex-femme Roz (Kathleen Turner). Et tandis qu’il continue de dispenser des cours d’art dramatique à ses élèves, Sandy se voit enfin offrir ce qui pourrait être le chance de sa vie…
On savait depuis un moment que la troisième saison de The Kominsky method serait la dernière, et que Alan Arkin n’en ferait pas partie. Or, rappelons que la série créée par Chuck Lorre (The big bang theory, Mon oncle Charlie) raconte l’histoire de Sandy Kominsky (le grand Michael Douglas) et de Norman Newlander – incarné précisément par Arkin. Le premier est un acteur qui faute de succès est devenu professeur d’art dramatique, le second son agent et surtout son meilleur ami. Deux hommes qui, à 70 ans bien sonnés, ont fait au cours des deux saisons précédentes le bilan de leurs vies en évoquant leurs regrets, leurs joies, leurs familles, leurs amours, leurs problèmes de santé et la vieillesse. Cette comédie dramatique – où le drame l’emporte souvent sur la comédie – reposait essentiellement sur les interactions et la dynamique époustouflante entre les deux personnages, et on se demandait comment les scénaristes allaient gérer cette absence.
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Disons-le tout de suite : cette ultime saison est une réussite. Pleine d’émotions, de moments drôles et dramatiques, elle reste fidèle à son ton doux-amer et à son humour noir tout en nous offrant une excellente conclusion. Comme on pouvait s’y attendre et comme le confirmait la bande-annonce, le premier épisode commence après la mort de Norman. Sa disparition subite s’intègre parfaitement à l’histoire, d’une part parce qu’elle est cohérente avec les thèmes et le ton de la série mais aussi parce que cette perte, dévastatrice pour Sandy, donne l’impulsion nécessaire pour que les six épisodes soient pleins de moments forts et significatifs qui pèsent sur tout le déroulement du récit.
Certes, l’absence de Norman (hormis quelques flash-back dans le premier épisode) se fait sentir. Ce personnage, son humour noir et ses réparties hilarantes nous manquent presque autant qu’à Sandy. Celui-ci se retrouve seul face à la douleur, à la solitude et à un sentiment de vide lorsqu’il se rend compte qu’il ne vieillira pas aux côtés de son meilleur ami. Son âge est toujours une source de préoccupation (il n’est pas exactement au sommet de sa forme et sa prostate l’oblige à se lever cinq ou six fois par nuit) et d’autres désagréments viennent s’ajouter au naufrage de la vieillesse. Exécuteur testamentaire de Norman, il doit constamment négocier avec Phoebe et Robbie, fille et petit-fils du défunt, prêts à tout pour s’accaparer l’héritage ; il ne sait que penser du projet de mariage de sa fille Mindy avec son compagnon Martin qui a vingt ans de plus qu’elle ; la première de ses quatre ex-femmes revient dans sa vie.
Les sujets abordés sont lourds puisqu’on parle de maladie, de vieillesse, de deuil, de solitude et de regrets. Pourtant, The Kominsky method n’est pas pessimiste. Bon, elle n’est pas optimiste non plus… Elle est entre les deux, entre douleur et joie, nostalgie et espoir, drame et comédie. Il y a des scènes bouleversantes, d’autres vraiment drôles lorsque la série ironise ou distille les petites phrases sarcastiques qui désamorcent le côté dramatique de certaines situations, certaines séquences sont les deux à la fois.
Sandy reste le cœur et l’âme de The Kominsky method, ne serait-ce que parce que Michael Douglas délivre une performance époustouflante autant dans la dimension comique que dans les aspects les plus sensibles de son personnage. Mais la disparition de Norman oblige la série à resserrer les rangs autour des autres protagonistes que nous connaissons déjà. Si cette saison nous fait un joli cadeau avec deux guest stars de prestige dont l’un dans un rôle réjouissant, elle consacre ses intrigues secondaires à la relation entre Mindy et Martin, aux manigances de Phoebe et Robbie ou encore à l’ex-femme de Sandy qui renoue avec lui. Interprétée par Kathleen Turner (qui recrée avec Douglas un couple mythique du cinéma), elle endosse une partie du rôle que jouait Norman auprès de notre héros – elle devient sa confidente, celle avec qui il évoque les peurs et les doutes en grande partie liés à leur âge.
Cependant, la série est consciente que tenter de remplacer Norman aurait été une erreur grossière, et elle laisse donc planer son ombre sur toute la saison. Absent ou non, il est même directement responsable de la conclusion de la série : dans des circonstances que nous tairons, il donne à Sandy une seconde chance, une possibilité inattendue pour lui comme pour les spectateurs. Après un léger saut temporel, sans rebondissements fantaisistes mais avec logique et sensibilité,le dernier épisode offre à Sandy une fin douce-amère mais magnifique, qui nous assure au passage qu’il n’est jamais trop tard pour réaliser ses rêves.
Peu importe que vous ayez 20 ans, 40 ans ou que vous ayez dépassé l’âge de la retraite : The Kominsky method est une petite série remarquable. Simple dans sa narration mais intense dans son propos, avec un équilibre délicat entre humour et drama, elle est capable de vous faire sourire et de vous émouvoir dans la même scène. La série s’achève sur une troisième saison dans la lignée des deux saisons précédentes, avec un dénouement surprenant mais aussi satisfaisant et bien amené. La fin dont, sans le savoir, on rêvait pour Sandy Kominsky. Coupez !
The Kominsky method
Saison 3 – 6 épisodes de 30′ environ.
Disponible sur Netflix.