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On débriefe pour vous … la série espagnole de Netflix, Las Chicas del cable

Première série espagnole originale de Netflix, Las Chicas del Cable suit le chemin tracé par Velvet ou Gran Hotel. On s’en contente – ou pas.

C’est quoi, Las Chicas del Cable ? Jeune femme libérée et audacieuse, Alba (Blanca Suarez) vit de petites arnaques et de petits larcins. Impliquée dans une sombre histoire de meurtre, la voilà poursuivie par les autorités. Pour éviter la pendaison, elle accepte le marché que lui  propose un policier corrompu : piller le coffre-fort d’une entreprise de téléphone.  Sous une fausse identité, elle se fait engager en tant qu’opératrice et fait la connaissance du fils du patron, très attiré par elle, et surtout de ses collègues, des femmes venues d’horizon différents mais toutes en quête d’indépendance. A sa grande surprise, Alba retrouve également une vieille connaissance : Francisco (Yon González), le directeur du personnel, qui n’est autre que son amour de jeunesse…

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C’est la société de production Bambù qui s’est chargée de la première série originale espagnole commandée par Netflix: Las chicas del cable. Déjà derrière Gran Hotel et Velvet, séries phénomènes dans leur pays et joli succès à l’international (notamment grâce à leur présence au catalogue Netflix), Bambù n’a pas eu à chercher bien loin la recette : autant reprendre les mêmes ingrédients ! A savoir romance, mystères et coups de théâtre, dans le décor délicieusement suranné des décennies passées.

Nous voici donc à Madrid, à la fin des années 1920. Quatre femmes venues d’horizons divers cherchent à acquérir une certaine indépendance : opératrices dans la première compagnie de téléphone du pays, elles voient dans ce travail un moyen d’échapper aux contraintes sociales et à la pression familiale à laquelle elles sont soumises,  sous la tutelle d’un père ou d’un mari.  Angeles (Maggie Civantos) souhaite continuer à travailler malgré les réticences d’un mari adultère et violent ; Carlota (Ana Fernández) aspire à se libérer d’un père autoritaire ; la naïve Marga (Nadia de Santiago), fraîchement débarquée de sa province, cherche ses marques dans la grande ville ; l’héroïne Alba tente de payer sa dette et d’échapper à un passé troublé.

Dès le premier épisode, les choses sont claires : nous sommes devant une série romanesque, comme Bambù sait si bien les faire. Avec tous les clichés attendus –  histoires d’amour impossibles, querelles familiales, triangle amoureux, fausses identités, secrets et  morts mystérieuses. C’est très efficace :  les rebondissements s’enchaînent avec rythme et fluidité, sans laisser de répit au spectateur adepte du genre, et donc immédiatement accroché. Et il est d’autant plus facile de se prendre au jeu que la série bénéficie d’une esthétique soignée : la mise en scène élégante, la photographie raffinée, la reconstitution minutieuse de l’époque ont un effet immersif indéniable. Notons également que Las Chicas del cable fait l’effort d’aborder le contexte historique et politique (le coup d’état contre Alphonse XIII), au contraire de Velvet, largement critiquée pour avoir passé sous silence la question du franquisme.

A lire aussi : Velvet, amour et haute couture

Alba et Francisco : l’amour au temps du téléphone

Globalement, Las Chicas del Cable est donc une bonne série romanesque, émouvante et enlevée. L’impression d’ensemble est toutefois légèrement gâchée par quelques maladresses. Un prologue un peu lourd par exemple, ou la voix off d’Alba, dont les réflexions alambiquées s’intègrent mal au récit et ne font qu’illustrer les actions des personnages, déjà suffisamment éloquentes. Et puis il y a le choix douteux voire déstabilisant d’une bande-son moderne et anachronique – comme dans Peaky Blinders, la pertinence et la cohérence en moins. Le casting, enfin, est assez inégal. Ce n’est pas un mystère : Yon Gonzales n’a jamais concouru au titre d’acteur de l’année, et Blanca Suarez ne convainc pas davantage… En revanche, les seconds rôles sont bien meilleurs.

En dépit de ces réserves, nul doute que la série séduira le public auquel elle est destinée et Netflix y croit suffisamment pour avoir commandé deux saisons supplémentaires (prévues en Décembre 2017 et en 2018). Fans de romances et de mystère, ne cherchez pas plus loin ! Mais n’attendez pas grand-chose de plus… Car c’est un peu le problème avec Las Chicas del cable : on était en droit d’en espérer davantage. De toute évidence, l’idée centrale réside dans la difficile émancipation des femmes à cette époque – le profil des héroïnes et les écueils auxquels elles sont confrontées ne laissent guère de doute à ce sujet. Sur le papier, c’est très bien ; devant leur écran, les féministes vont frôler la crise d’apoplexie. Outre des héroïnes assez caricaturales, le moteur de l’action réside essentiellement dans les relations romantiques et leur rapport aux hommes. Cette obsession amoureuse et cette dépendance affective, omniprésentes, créent un contre-sens absolu avec le thème de la libération des femmes et de leur émancipation par le monde du travail. On sent bien qu’il y a une tentation de traiter du sujet dans une perspective plus ambitieuse… Mais au final, la série se contente d’esquisser quelques pistes sans aller au bout de son idée, préférant retomber dans une succession de rencontres amoureuses dignes d’une télénovela…

Bien écrite et bien réalisée, Las Chicas del cable est une série romantique divertissante, pleine de suspense et conforme à tout ce que l’on pouvait attendre de la part des maîtres d’œuvre de Velvet ou Gran Hotel. Deux séries excellentes dans leur genre, avec leur récit romanesque et leurs rebondissements rocambolesques. Mais en se plaçant a priori dans un autre registre, plus sociétal et ambitieux, Las Chicas del cable semblait promettre autre chose qu’une énième déclinaison.  Las chicas del Cable, c’est Velvet sans la couture. Avec les mêmes qualités mais aussi les mêmes limites, quand le contexte du récit aurait justement permis de les dépasser. De deux choses l’une : si cela suffit à votre bonheur, vous allez adorer Las Chicas del Cable ; si vous espériez une intrigue plus  profonde, vous risquez d’être déçu.  A vous de décider si vous restez en ligne ou si vous raccrochez…

Las Chicas del cable – Netflix.

13 épisodes de 55’ environ

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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