Lancée depuis quelques jours, Anthracite est la nouvelle série des créateurs de Profilage, mais cette fois-ci sur Netflix.
Anthracite, une histoire bien sombre
Après les succès de Profilage sur TF1, et de L’homme que j’ai condamné sur M6, Fanny Robert retrouve sa complice Sophie Lebarbier, et le scénariste Maxime Berthémy (il convient d’ajouter Medhi Ouahab) pour créer le nouveau polar « page turner » de Netflix, Anthracite, une mini série qui rappellera les histoires que des auteurs comme Jean-Christophe Grangé savent écrire.
En 1994, le suicide collectif d’une secte installée dans un petit village des Alpes défraye la chronique… 30 ans plus tard, le meurtre d’une femme assassinée selon les rituels de l’étrange communauté met à feu et à sang l’équilibre précaire retrouvé par les habitants. Bouc émissaire idéal, Jaro Gatsi, un jeune délinquant venu à la montagne pour remettre sa vie sur les rails, se retrouve rapidement accusé du meurtre. Déterminé à prouver son innocence, il reçoit l’aide inattendue d’Ida, une geek excentrique et ultra-connectée qui est à la recherche de son père disparu…Ils vont rapidement comprendre que leur implication dans cette affaire ne doit rien au hasard, et que les réponses qu’ils cherchent prennent racine dans les secrets de leur propre passé…
Comme une 2ème couche d’anthracite à l’intérieur
Il est bien difficile de dire ce que l’on pense de la série Anthracite, tant elle renferme des couches et des sous-couches qui complexifie sa narration. Tout au plus peut-on déjà dire que la série est tellement bien construite en ne reculant devant aucun effet de surprise (sans doute trop) pour surprendre le spectateur qu’elle se révèle être un divertissement particulièrement réussi même s’il est parfois « artificiellement » rendu compliqué.
On présente à tord Noémie Schmidt comme l’héroïne de la série (elle est toute de même ahurissante dans la série) – un personnage particulièrement réussi – mais ils sont en réalité deux avec Hatik, la série se payant le luxe de changer de point de vue de personnage central en cours de narration.
Ce qui rend la série complexe à juger c’est qu’elle est construite comme une grande série « mythologique » (autour de la mine d’anthracite et de la légende de la Vierge Noire) à laquelle on a greffé plusieurs histoires annexes connectées au fil rouge. Le tout en seulement 6 épisodes ce qui donne parfois à la série cet air de trop plein. Il faudrait donc quasiment juger chaque intrigue séparément avant de jeter un regard sur le « grand tout ».
Cette construction se ressent d’ailleurs dès le titre « Anthracite : Le mystère de la secte des Ecrins« , qui nous expose dès le début que « la secte des écrins » n’est qu’une partie de l’histoire. Un élément confirmé lui aussi dès l’épisode 6 quand on découvre le passé de Caleb et sa rencontre (encore inconnue aujourd’hui) avec « quelque chose » dans la grotte, et source de son culte à venir. A date, l’histoire ne nous a pas encore dit ce que c’est.
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Reste que Anthracite est présentée comme une mini série par Netflix, les auteurs sont donc très malins et ont construit leur histoire pour que les questions principales aient une réponse sans s’empêcher de continuer de développer la mythologie en cas de renouvellement. La scène « post générique » est d’ailleurs très explicite !
Des références multiples
Pour nourrir sa mythologie, Anthracite a convoqué de nombreuses références. Les auteurs de la série ont digéré toutes ces séries américaines qu’ils ont visionné et auxquelles ils rendent hommage dans la série. C’est une série faite par des gens qui aiment le format « série » et qui savent parfaitement comment on l’orchestre. Même si mises bout à bout, ces nombreuses références peuvent parfois donner ce sentiment de « trop » que l’on mentionnait plus haut.
S’il l’on met la grotte et son secret accolée à l’entreprise qui veut l’exploiter, on peut penser à Dark (Netflix aimant surfer sur les recommandations de son algorithme), mais aussi à Lost et la Dharma Initiative. Le personnage central – que l’on a injustement comparé à Morgane dans HPI – a plutôt des airs de petite sœur de Chloé St Laurent dans Profilage (créée aussi par Fanny Robert et Sophie Lebarbier), on retrouve d’ailleurs dans la série l’excellent Raphael Ferret (présent aussi dans la série de TF1).
La série convoque aussi des univers comme The Following (et son étrange secte), mais aussi tous les codes du « polar en famille » que l’on connaît bien.
Enfin, la résolution finale, sans trop en dire, rappelle le crime originel de Twin Peaks. Comme le disait Fanny Robert dans un point presse mentionné par nos confrères d’Allo Ciné, “Il y a un folklore avec des monstres qui ont des têtes de boucs, mais en réalité, c’est un drame intime et familial qui est à l’origine de tout. C’est ça que nous voulions raconter.”
Un drame familial à l’origine de tout et qui fait sens quand on reprend l’ensemble de la narration éclatée. L’écriture est maîtrisée, la réalisation enlevée et parfaitement soignée de Julius Berg (qui apparaît dans la scène post-générique), associées à un casting parfois inégal, font de Anthracite une mini série réussie et efficace … même si le ventre de la bête a été trop nourri pour une seule mini série de 6 épisodes.