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On regarde ou pas ? Le Code saison 2 (France 2)

Lancée le 4 janvier sur France 2, Le Code saison 2 se révèle plus puissante et supérieure en bien des points à la première. Pourquoi il ne faut pas la rater ?

C’est quoi Le Code saison 2 ? Le secret de l’avocat Idriss Toma a vécu : alors que l’état de santé de l’associé devient de plus en plus préoccupant, chacun des membres du cabinet Ayad, Toma et Vanhoven s’efforce de faire face à sa façon.Pour tous, l’heure est venue de faire des choix, mais ils resteront fidèles à leur serment :  défendre leurs clients jusqu’au bout, quels que soient la difficulté du dossier et les dilemmes intimes auxquels ils sont confrontés. 

L’essentiel

Avec sa saison 1, Le Code entendait marquer le retour en France de la série judiciaire comme les Américains savent le faire : à la fois populaire et exigeante dans ce qu’elle dit de la société dans laquelle on vit. Comme le font si bien des auteurs de la trempe de David Kelley, Steven Bochco ou Dick Wolf.
Le Code saison 1 devait aussi installer en très peu d’épisodes une choralité dans le casting et ainsi proposer des personnages que l’on aimera suivre. Si à bien des égards, la série y est parvenue au delà de nos espérances, elle semblait aussi par moment un peu prisonnière de « la chaîne » qui la retient dans une formule visant à rassurer le public.
Le Code saison 2 se devait donc de pousser un peu plus les limites et avancer dans sa structure mais aussi dans ses personnages. Lors de la saison 2 de Chérif, Lionel Olenga, créateur des deux séries, nous disait : « La saison 1 sert toujours à installer un univers et à efflorer ce que l’on voudrait faire. Ce n’est qu’en saison 2 que l’on peut davantage repousser les limites« . Est-ce vrai pour la saison 2 du Code ?

On aime

Brillante ! On pourrait tourner autour du pot mais il convient d’entrée de le dire : Le Code saison 2 est absolument brillante et le score réalisé par la première soirée est d’une injustice folle. Si on retrouve ici ou là quelques scories de la première saison, la saison 2 effectue une montée en puissance qu’on ne constate pas aussi tôt dans la vie d’une série, spécialement quand les auteurs ont aussi si peu de temps pour « se faire la main ». Si on regrettait que les affaires de la saison 1 ne soient trop souvent des archétypes d’affaires judiciaires (même si elles étaient parfaitement bien traitées), celles de la saison 2 vont puiser dans le meilleur des séries américaines : elles interrogent notre société, et mieux, notre actualité (avec des sujets forts comme le droit de mourir dans la dignité ou les violences policières) en n’offrant pas nécessairement le dénouement « attendu » (à l’image de cette première soirée). Comme pour mieux montrer que les avocats que l’on suit ne sont pas des « héros ». Les partitions données dans les tribunaux sont fortes, puissantes, et nous questionnent, nous bouleversent même parfois. Le point culminant de cette saison est le remarquable épisode 4 « Dérapages« , structuré comme le meilleur de Law and Order, mentionnant même l’actuel Président de la République (détail apparaissant anecdotique mais que l’on constate comme très rare en l’entendant) pour chacune des parties. Très fort ! Un épisode qui nous rappelle la puissance politique de l’épisode 4 de Empreintes Criminelles (autre série de Lionel Olenga), « L’affaire Saint-Brice » où de nouveau le cadre de la série est explosé pour traiter des crimes durant la guerre de 14.

A lire aussi : Culte | On a redécouvert … The Practice la série judiciaire de David E. Kelley (vl-media.fr)

Brillante ! La série l’est tout autant du coté de ces personnages centraux. C’est en voyant leur évolution que l’on comprend mieux pourquoi cette saison est si réussie : à tous les niveaux (écriture – réalisation – production – jeu) on a la sensation que les vannes ont été ouvertes et que chacun a fait voler en éclat ce qui l’étreignait. La série n’est plus prisonnière de sa formule et peut ainsi donner le meilleur. Si en saison 1 on pouvait parfois être frustré par la place laissée à certains personnages (qui semblaient ne pas en avoir assez de place), la saison 2 écrit au couteau des partitions pour chaque personnage et les acteurs se montrent tous réellement bluffant, atteignant même des fulgurances assez bouleversantes. A commencer par la remarquable Christiane Millet (Jeanne Vanhoven) dont on sent encore plus cette année combien les auteurs prennent du plaisir à écrire pour elle. Impressionnante dans l’épisode avec Claire Borotra, elle navigue sur une ligne de crète qui sont l’apanage des très grandes actrices. Il en est de même pour Barbara Probst qui fait cette année sortir Claire de sa chrysalide, la mue s’opérant à tous les niveaux, s’affirmant de plus en plus, faisant entendre sa voix … jusque dans son physique et son look, très travaillé pour l’occasion. Et comment ne pas être touché par la très belle saison de Wendy Nieto (Chloé Barbier), qui appartenait à ses personnages qu’on aurait aimé voir plus et autrement en saison 1 et qui trouve ici sa pleine mesure dans une relation paternelle bouleversante. Et puisqu’on parle de « paternel », il nous faut mentionner celui qui fut sacré au Festival Séries Mania pour la saison 1 et qui confirme en saison 2 sa position de colosse au pied d’argile, Daniel Njo Lobé (Idriss Toma), véritable socle du cabinet et qui vacille cette saison jusqu’à un final tout en sobriété et en même temps en puissante émotionnelle.

On aime enfin toujours ces pettes apparitions de visages connus des séries de Lionel Olenga, à l’image de Greg Germain, commissaire de la série Chérif qui trouve ici un rôle de juge qui lui va si bien. Plus anecdotiques, les apparitions des auteurs eux-mêmes de la série, mais qui finalement ne seront indentifiables que par celles et ceux qui les connaissent (on distingue ainsi Lionel Olenga lui même ou Nicolas Robert retrouvant pour l’occasion son métier de journaliste).

On aime moins

Ce n’est pas tant à l’équipe de la série que l’on s’adresse qu’à la chaîne tant l’on devine que c’est une demande de placer à ce point à chaque épisode un visage connu des programmes maison. Quand les séries américaines usent avec parcimonie de l’art du guest au détour de quelques épisodes, on pense chez France Télévisions (et depuis longtemps d’ailleurs) que ça entre dans le schéma de chaque série. Peu importe si en réalité un visage « connu » casse la mécanique du propos énoncé en instaurant une distance. Quand on voit l’épisode de Claire Borotra, on a du mal à ne pas voir la comédienne très connue derrière ce personnage de SDF. Si l’écriture assure l’émotion, le guest lui casse le possible processus d’identification car le spectateur n’oublie alors jamais « qu’il est dans une série ». Et c’est d’autant plus dommage que les épisodes les plus forts de cette saison sont précisément ceux où l’on ne trouve pas de méga stars dans le rôle des accusés, à l’image du 5 et du 6 où l’on peut directement se plonger dans l’émotion. Ou bien sûr le 4 avec l’excellent Cyril Lecomte, visage certes familier, mais dont la popularité n’efface jamais le personnage de flic qu’il incarne. Certes ce reproche apparaît comme une manière de pinailler mais c’est paradoxale de demander autant de visages connus dans une série qui a pris soin de ne pas caster dans les rôles principaux des acteurs très familiers afin que leur notoriété ne nuise pas au personnage.

Le Code saison 2
6×52 minutes
A partir du 4 janvier 2023

About author

Rédacteur en chef du pôle séries, animateur de La loi des séries et spécialiste de la fiction française
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